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«Ces propos se veulent incendiaires et ne font qu'encourager la panique morale auprès des Québécois.»
Un organisme qui s'estime visé par une motion de l'Assemblée nationale accuse le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon de tenir des propos «incendiaires», d'encourager la «panique morale», en plus de reproduire «les violences contre les personnes qui échangent des services sexuels».
Dans une lettre transmise à La Presse Canadienne, le Projet d'intervention auprès des mineurs prostitués (PIaMP) a tenu à répondre à la «mésinformation actuelle qui circule à notre sujet».
L'organisme a reçu 350 000 $ en financement public l'an dernier et une motion qu'a fait adopter le PQ pourrait compromettre son financement.
Dans la motion adoptée mercredi matin, l'Assemblée condamnait les organismes financés par des fonds publics qui font la promotion des formes d'exploitation des mineurs, et en mêlée de presse juste avant, M. St-Pierre Plamondon avait précisément fait référence au PIaMP et à ses documents sur ce qu'on appelle le «sugaring».
«L'organisme ne lutte pas contre la prostitution des mineurs, il propose plutôt un accompagnement où on présente cette histoire de 'sugar daddy' comme une espèce de plan d'affaires, ou de développement de soi, ou de façon de se sortir de la prostitution», avait-il déploré.
«Ces propos se veulent incendiaires et ne font qu'encourager la panique morale auprès des Québécois», s'est insurgée l'équipe composée des travailleurs du PlaMP et du conseil d'administration, qui signe la lettre.
Même si la motion ne mentionne pas nommément le PlaMP, l'organisme s'est senti visé.
Dans sa lettre, l'organisme soutient plutôt qu'il cherche à informer les jeunes sur les réalités de cette pratique et «promouvoir leur sécurité en leur donnant des outils concrets», alors que les «fausses informations» sur le «sugaring» peuvent peindre un «tableau très attrayant».
Le PlaMP dit adopter une «position pragmatique face aux échanges de services sexuels», peut-on lire.
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«Reconnaître que les jeunes peuvent retirer des choses positives des échanges de services sexuels, ce n'est pas une incitation à la prostitution», poursuit-on.
Le PIaMP trouve «inacceptable» qu'un parlementaire comme M. St-Pierre Plamondon, candidat au poste de premier ministre, ait pu faire de telles déclarations sans avoir pris connaissance de l'historique de l'organisme et de ses services.
«Cette prise de position reproduit plutôt les violences contre les personnes qui échangent des services sexuels et risque de vulnérabiliser davantage des personnes déjà en situation précaire», conclut-on.
Dans un document produit par le PIaMP sur le «sugaring», ou «sugar daddy», on peut lire que c'est une relation entre un adulte et un jeune qui «offre sa compagnie pour diverses activités».
Le «sugaring» est «présenté comme de l'exploitation sexuelle», mais «en réalité, il convient à certaines personnes, par exemple parce qu'iels (sic) y construisent des relations de confiance et se sentent respectés et supportés par leur SD (sugar daddy)».
La motion déposée par le PQ et votée par tous les parlementaires à l'exception d'une abstention appelait notamment le gouvernement à «cesser tout financement public d'organismes qui encouragent des formes d'exploitation sexuelle des mineurs».
Le ministère de la Santé et des Services sociaux a attribué près de 230 000 $ au PIAMP par l'entremise du Programme de soutien aux organismes communautaires.
Le ministère de la Sécurité publique a pour sa part accordé un total de 120 000 $ à l'organisme.