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Le chef conservateur n'a pris aucun engagement électoral en ce domaine.
Il est difficile de dire quel sort serait réservé aux femmes et aux dossiers de condition féminine avec un gouvernement conservateur dirigé par Éric Duhaime pour une raison bien simple: il n'a pris aucun engagement électoral en ce domaine.
La plateforme de son parti est muette sur ces enjeux, tout comme son programme.
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On sait par contre quelles étaient ses positions quand il était animateur de radio, pendant des années, et qu'il se prononçait sur ces questions, des positions qu'il maintient.
Éric Duhaime estimait et estime toujours que la cause des femmes est une affaire classée, que l'égalité est acquise au Québec, les revendications féministes étant reléguées au rang de «vieille cassette des années 70», comme il se plaisait à dire quand il était animateur de radio.
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Le chef du Parti conservateur du Québec (PCQ) n'est pas féministe et ne l'a jamais été. Quantité de ses déclarations passées, du temps où il était animateur de radio reconnu pour son ton provocateur et polémiste, en témoignent.
Aujourd'hui, il aspire à devenir premier ministre du Québec et ne renie pas ses positions passées sur les femmes, ni aucune déclaration en ondes ou sur les réseaux sociaux de cette époque, alors qu'il n'hésitait pas à alimenter les préjugés sexistes et ridiculiser le mouvement féministe.
«Je ne pense pas que cela me discrédite d'être premier ministre parce que j'ai occupé ce rôle-là pendant quelques années», a-t-il estimé récemment, au cours d'une entrevue à La Presse Canadienne, dans son autobus de campagne.
Les revendications féministes «elles ont été atteintes à tous les égards», soutient M. Duhaime, estimant que la société québécoise, les jeunes en particulier, est rendue «ailleurs».
Il croit le temps venu pour les femmes de «célébrer le fait qu'on a une des sociétés les plus égalitaires au monde, plutôt que de chercher à créer un conflit entre les genres».
Dans le passé, l'aspirant premier ministre ne donnait pas sa place pour alimenter «le conflit entre les genres», comme il dit. Notamment, il a accusé les féministes de vouloir contrôler la façon dont les hommes se soulagent quand ils vont aux toilettes.
Sur Twitter, en décembre 2016, il constatait que «les hommes pissent de plus en plus assis au Québec», avant de s'interroger à savoir s'il s'agissait là d'«une autre victoire des féministes?»
Il rigole quand on lui demande de s'expliquer sur la pertinence d'un tel débat, en affirmant qu'il fallait prendre le tout au «deuxième degré», que tout cela était fait sur «le ton de l'humour».
M. Duhaime ajoute que lorsqu'il était animateur de radio, il aimait traiter «des affaires banales de la vie». Il admet qu'il aimait bien prendre le contrepied de sa co-animatrice, lorsqu'elle prenait la défense des femmes, «comme une chicane de couple».
Une de ses bêtes noires pendant des années était la journée internationale des femmes, le 8 mars. En ondes, il faisait la leçon aux auditrices: «En cette journée des femmes, je vous souhaite mesdames d'avoir le courage de réclamer l'abolition d'une telle journée, de même que le Conseil du statut de la femme ou le ministère de la Condition féminine ou tous les autres organismes et événements discriminatoires.»
«Moi, je t'abolirais tout ça», a-t-il dit, et pas sur le ton de l'humour, le 18 mai 2016.
Un an plus tôt, sur Twitter, toujours en marge de la journée internationale des femmes, il s'en prenait aux «féministes gauchistes anti-pétrole et anti-austérité».
S'il devient premier ministre, il maintient qu'il abolira le poste de ministre de la Condition féminine pour le remplacer par un ou une ministre de l'Égalité, au mandat «plus large», dit-il, englobant la défense des droits de toute personne susceptible de vivre de la discrimination: gais, transgenres, etc.
Statistique Canada nous rappelle chaque année que l'écart salarial entre les hommes et les femmes demeure important. Le plus récent relevé fixait l'écart à 11%, en 2021, pour les employés à temps plein ou partiel. Mais M. Duhaime estime que le rattrapage salarial est chose du passé. Il en donne pour preuve que désormais les filles sont «hyper-surreprésentées» dans les facultés de médecine et de droit.
Il y a «plein, plein d'indicateurs en emplois qui nous démontrent que les femmes ne sont pas en position d'être désavantagées» sur le marché du travail, fait-il valoir.
Il a aussi fait une sortie en ondes contre les femmes au volant, «qui dépassent à 101 une personne qui roule à 99», attisant la colère des automobilistes masculins qui les suivent et se retrouvent bloqués dans le trafic.
M. Duhaime a aussi déjà comparé en ondes le fait qu'une femme, qui n'avait pas verrouillé sa porte, avait subi une agression sexuelle, avec le cas d'un automobiliste qui s'était fait voler sa voiture après avoir oublié de verrouiller les portières.
Des cinq principaux partis, le PCQ, qui n'a pris aucun engagement en faveur de la parité, un objectif que son chef a déjà comparé à une «parure», est celui qui présente la plus faible proportion de candidates, soit 37%.
M. Duhaime, dont la popularité ne cesse de croître, attire un électorat très majoritairement masculin, dans une proportion d'environ deux hommes pour une femme, selon les sondages. Il dit ignorer la raison de ce fossé: «C'est sûr qu'on est plus populaires chez les hommes. Ce n'est pas un secret. Je suis habitué. Quand j'étais à la radio, j'avais à peu près le même ratio aussi. Je ne sais pas pourquoi.»