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«Nous avons besoin de davantage de ressources pour le faire, davantage d'avions et de pompiers», a dit M. Poilievre en ouverture d'une mêlée de presse au foyer de la Chambre des communes.
Le chef conservateur Pierre Poilievre a annoncé jeudi qu'il réclame un «plan d'action national» pour renforcer la capacité du Canada face aux incendies de forêt, après que certains eurent souligné son choix de ne pas prendre la parole, la veille, sur cet enjeu criant d'actualité.
«Nous avons besoin de davantage de ressources pour le faire, davantage d'avions et de pompiers», a dit M. Poilievre en ouverture d'une mêlée de presse au foyer de la Chambre des communes.
Il a affirmé, du même souffle, que «les syndicats des pilotes avaient déjà averti les gouvernements de tous niveaux de la nécessité d'avoir davantage de pilotes».
Lui succédant au micro quelques minutes plus tard, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a réfuté l'idée d'un plan d'action pancanadien en soulignant que le Québec a déjà un système en place.
«On a (...) la SOPFEU, on a des pompiers, on a les gens, on a les institutions. C'est l'argent qu'on n'a pas. Pourquoi? Parce que l'argent des Québécois reste à Ottawa puis Ottawa utilise l'argent des Québécois pour centraliser», a-t-il tranché.
Le ministre de l'Environnement, Steven Guilbeault, a pour sa part affirmé en entrevue avec La Presse Canadienne qu'Ottawa a «déjà un plan d'action», déplorant que M. Poilievre «arrive quand même un peu tard dans la parade».
«Ça fait longtemps qu'on travaille là-dessus. On a présenté un plan (fédéral) d'adaptation aux changements climatiques en décembre dernier. Le gouvernement a déjà investi plus de six milliards de dollars», a-t-il énuméré tout en ajoutant qu'Ottawa devait en faire plus.
Le Bloc québécois a utilisé sa journée d'opposition de jeudi pour forcer la tenue d'un débat parlementaire sur les effets des changements climatiques, comme les incendies de forêt, mais aussi sur la cessation de tout investissement dans les énergies fossiles.
«Il est (...) nécessaire non seulement de faire le constat, mais de poser des gestes. Et le geste le plus incohérent qu'on puisse poser comme État est de soutenir la principale cause connue au Canada - et parmi les principales causes à l'échelle mondiale du réchauffement climatique - c'est l'exploitation obsessive des hydrocarbures», a insisté M. Blancheten détaillant la motion mise de l'avant par son parti.
Les libéraux de Justin Trudeau promettent de réduire les subventions à l'industrie des énergies fossiles jusqu'à les éliminer depuis la campagne électorale de 2015 qui a permis de les faire élire pour le premier de leurs trois mandats consécutifs.
Cet engagement, aussi pris par le Canada au G20, n'a pas été complété depuis. Avec leur plateforme de la plus récente campagne électorale, en 2021, les libéraux ont promis que ce sera chose faite d'ici la fin de 2023.
Conséquemment, le gouvernement appuiera «absolument» la motion bloquiste qui doit être mise aux voix lundi,a dit M. Guilbeault. Le Bloc québécois pourra aussi compter sur l'appui du Nouveau Parti démocratique (NPD), a fait savoir un porte-parole de la formation politique.
«On a éliminé l'an passé les subventions internationales aux combustibles fossiles. (…) (Au niveau) domestique, ça fait partie de notre entente avec le NPD (de le faire d'ici la fin de l'année). Nous allons respecter cet engagement», a assuré M. Guilbeault.
Il a affirmé que le gouvernement en est à «ses derniers milles» pour avoir pleinement rempli sa promesse.
Tous ne s'entendent pas sur ce qui constitue, ou non, une subvention à l'industrie pétrolière. Le ministre convient que des contributions fédérales présentées comme une aide à la décarbonation de joueurs pétroliers sont vues comme un financement indirect du secteur qui doit être aboli.
«Par exemple les subventions à la capture et stockage de carbone, il y en a qui disent (que) c'est une subvention aux combustibles fossiles», a-t-il relevé. Le Bloc québécois est notamment de cet avis qui diverge de celui des libéraux.
«Dans la mesure où on aide le secteur de l'aluminium, les cimenteries, l'acier, le secteur forestier à décarboner, d'un point de vue éthique, le gouvernement ne peut pas dire "Eh bien, vous on vous aide, mais vous on ne vous aide pas"», s'est défendu M. Guilbeault. «Et je comprends que là-dessus tout le monde n'est pas d'accord.»
Quoi qu'il en soit, la motion bloquiste est assurée d'être adoptée, peu importe comment voteront les conservateurs.
M. Poilievre a signalé, en avant-midi, qu'il voulait examiner davantage la propositionbloquiste avant de prendre une décisionsur le vote de ses troupes. Il est toutefois très probable que son parti s'y opposera.
«Je suis entièrement pour notre secteur pétrolier dans l'Ouest canadien, a mentionné le chef conservateur. C'est un très bon secteur qui finance nos services sociaux.»
Il a toutefois ajouté qu'«en même temps», il n'est pas «le type de politicien qui favorise des subventions», toutes industries confondues.
À la période des questions de mercredi, le premier ministre Justin Trudeau a accusé M. Poilievre de refuser de constater que de nombreux incendies de forêt font rage un peu partout au pays. Il a, du même souffle, affirmé que les conservateurs se positionnent en porte-à-faux de la lutte aux changements climatiques.
M. Trudeau a formulé ces commentaires alors que M. Poilievre utilisait tout son temps de parole pour taper sur le clou des politiques instaurées par les libéraux qu'il juge inflationnistes.
Depuis l'attaque en règle du premier ministre envers le chef de l'opposition officielle, des observateurs de la scène fédérale ont aussi relevé que M. Poilievre n'avait pas abordé les incendies de forêt durant la journée de mercredi, malgré plusieurs moments distincts de prise de parole.