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«L'intégration au Québec, nous savons tout à ce sujet... mais avec ce projet de loi, nous ne nous y reconnaissons pas.»
Des groupes représentant les communautés anglophones et immigrantes ont exprimé leurs préoccupations au sujet du nouveau projet de loi sur l'intégration de la province qui obligerait les nouveaux arrivants à adopter les valeurs québécoises.
Le projet de loi, également connu sous le nom de projet de loi 84 ou Loi concernant l'intégration nationale, vise à consacrer ce que le gouvernement Legault appelle un «contrat social» qui met fin au multiculturalisme et adopte un modèle interculturel. Il appelle les nouveaux arrivants et les minorités culturelles à adhérer aux valeurs d'égalité entre les hommes et les femmes, de laïcité et de tradition de droit civil, entre autres.
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Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
Lors des audiences publiques sur le projet de loi mardi à Québec, le Quebec Community Groups Network (QCGN), qui défend les droits des anglophones, a affirmé que le projet de loi ne faisait qu'une mention «éphémère» de la communauté anglophone et qu'il mettait une pression inquiétante sur les groupes qui dépendent du financement provincial.
«Quelle est la place de notre communauté, quel est notre rôle dans la société québécoise, en tant que Québécois qui parlent anglais, en plus de parler français?» a demandé Sylvia Martin-Laforge, directrice générale du QCGN, devant la Commission des relations avec les citoyens.
Selon elle, le projet de loi 84 «réduit la définition du patrimoine et de la culture du Québec à une définition exclusivement française», tout en ignorant les contributions des Premières Nations, des anglophones et d'autres communautés minoritaires.
«Nous avons l’impression qu’on nous efface de l’histoire.»
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Le jour du dépôt du projet de loi, le ministre responsable de la Langue française et également parrain du projet de loi 84, Jean-François Roberge, a expliqué que les subventions accordées aux événements culturels, tels que les festivals, pourraient ne pas être renouvelées s'ils ne respectaient pas l'esprit du projet de loi, mais a nié que la loi proposée était enracinée dans un sentiment anti-immigrant.
«L'intention exprimée dans le projet de loi d'utiliser le bâton financier de l'État pour encourager la conformité nous préoccupe», a avancé Mme Martin-Laforge lors de l'audience de mardi.
Louis Lemieux, député de la CAQ pour Saint-Jean et adjoint parlementaire du ministre de la Langue française, a rejeté ces critiques.
«Vous faites partie de notre histoire commune, vous faites partie de notre présent commun et vous faites partie de notre avenir commun», a-t-il dit. Il a ensuite fait référence à une chronique du National Post du 11 février intitulée Le projet de loi sur l'intégration culturelle du Québec est un modèle pour le reste du Canada et a demandé à Mme Martin-Laforge si elle était pour ou contre le multiculturalisme.
«Nous sommes les enfants modèles de l'intégration au Québec», a-t-elle répondu, ajoutant que les anglophones ont une longue histoire d'apprentissage, de pratique et de travail en français.
«L'intégration au Québec, nous savons tout à ce sujet... mais avec ce projet de loi, nous ne nous y reconnaissons pas», a-t-elle poursuivi.
Avant l'audience, M. Lemieux a mentionné aux journalistes que le français n'est pas seulement la langue officielle et commune, mais qu'il est la «langue de l'intégration».
«Le projet de loi stipule que les nouveaux arrivants ont des devoirs, mais le gouvernement en a aussi, et tous les Québécois devraient y participer si nous voulons réussir. Alors, améliorons le projet de loi et travaillons tous ensemble», a-t-il ajouté.
Le QCGN n'était pas le seul groupe à exprimer son opposition au projet de loi. La Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI), qui représente plus de 150 organisations travaillant avec les nouveaux arrivants, a déclaré que le projet de loi 84 représentait une « approche "assimilationniste"».
Dans un document de «remarques préliminaires» soumises à l'Assemblée nationale, le groupe a critiqué le projet de loi pour ne pas considérer «la pleine participation des immigrants comme une fin en soi, mais plutôt comme un moyen de s'assurer qu'ils adhèrent à la culture commune et y contribuent», et pour ne proposer aucune mesure «pour s'attaquer aux structures qui produisent des inégalités, telles que le racisme systémique ou la discrimination».
Le sociologue Gérard Bouchard a également pris la parole mardi. Il s'est dit «heureux» de voir que le concept d'interculturalisme — dont il est l'un des pères intellectuels — a inspiré le projet de loi de la ministre.
«Il est grand temps que le Québec se dote d'un modèle de gestion de la diversité qui s'éloigne à la fois du multiculturalisme canadien et de tous les modèles assimilationnistes ou à tendance assimilationniste», a-t-il écrit dans son mémoire déposé à l'Assemblée nationale.
Avec les informations de La Presse Canadienne