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Une saine alimentation est l'habitude de vie qui a eu le plus grand impact sur la préservation de la mémoire.
Adopter de saines habitudes de vie peut ralentir le déclin de la mémoire qui accompagne le vieillissement, y compris chez les individus porteurs d'un gène qui augmente drastiquement le risque de souffrir de la maladie d'Alzheimer, démontre une nouvelle étude à laquelle a participé un chercheur de l'Université McGill.
Une saine alimentation est l'habitude de vie qui a eu le plus grand impact sur la préservation de la mémoire. Suivaient, dans l'ordre, la participation à des activités cognitives actives, une activité physique régulière, une vie sociale active, l'absence de tabagisme et le fait de n'avoir jamais consommé d'alcool.
De plus, a dit le docteur Serge Gauthier, l'effet bénéfique de ces bonnes habitudes est cumulatif: au lieu de se concentrer sur une seule (et de chambouler complètement, par exemple, son alimentation), il est préférable d'apporter des améliorations modestes à quatre d'entre elles.
«La combinaison de facteurs est plus importante que juste un facteur, alors ça ne sert à rien de faire de la gymnastique et de ne rien faire d'autre, a-t-il dit. Il faut quatre facteurs sur six pour avoir le maximum de protection.»
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Cette étude est publiée au moment où la réduction de la consommation d'alcool fait la manchette au Canada et où la diminution du tabagisme est déjà un «acquis», a poursuivi le docteur Gauthier. «Il faut juste avoir peut-être un petit peu plus d'action sur certains des autres facteurs de protection», a-t-il ajouté.
Les résultats découlent de l'étude, pendant dix ans, de près de 30 000 habitants du nord, du sud et l'ouest de la Chine. Les participants étaient tous âgés de 60 ans et plus et avaient une santé cognitive normale au début de l'enquête.
Les données ont montré que le déclin de la mémoire était moins prononcé chez les sujets dont le mode de vie était «favorable» ou même «moyen», comparativement à ceux dont le mode de vie était «défavorable». Pendant le suivi de dix ans, écrivent les chercheurs, un mode de vie favorable a aussi été associé à un risque plus faible de progression vers un trouble cognitif léger ou vers la démence.
Encore plus intéressant, les chercheurs ont constaté un effet protecteur même chez les sujets qui étaient porteurs du gène APOE ε4, dont on sait qu'il augmente de manière très marquée le risque de souffrir de la maladie d'Alzheimer. Le gène, qu'on retrouve chez environ 40 % des patients atteints d'Alzheimer, peut notamment intensifier l'impact d'autres facteurs de risque.
Cette étude souligne donc une nouvelle fois, a dit le docteur Gauthier, que la génétique, même si elle demeure très importante, ne décide pas de tout, ce qui est «très rassurant pour les gens qui ont une histoire familiale».
«La bonne nouvelle, c'est qu'on peut faire quelque chose de simple, a-t-il rappelé. Ce n'est pas chimique en plus, ce n'est pas dispendieux, c'est juste tenir compte de facteurs de protection. Psychologiquement, les Nord-Américains aiment mieux prendre une pilule que faire de l'exercice ― mais il n'y en a pas, de pilule. Et puis comme on vient de le démontrer, les solutions les plus simples sont les meilleures.»
D'autant plus que l'adoption de bonnes habitudes de vie ne sera pas bénéfique seulement pour le cerveau, mais aussi pour la santé cardiovasculaire, a-t-il ajouté.
La valeur ajoutée de l'interaction sociale qui peut se greffer à ces saines habitudes de vie n'est pas non plus à négliger.
«L'interaction sociale est aussi importante que l'activité, a dit le docteur Gauthier. Un club de lecture, c'est mieux que lire tout seul. Aller marcher avec des voisins, c'est mieux que marcher tout seul. Cuisiner avec un groupe communautaire, c'est mieux que cuisiner tout seul, même si c'est la même bouffe.»
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Les chercheurs ne comprennent pas exactement les mécanismes responsables de l'effet protecteur observé, mais une réduction du risque cérébrovasculaire, une augmentation des réserves cognitives et un déclin du stress oxydatif et de l'inflammation pourraient être en cause.
Les conclusions de cette étude ont été publiées par le prestigieux journal médical BMJ.