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Selon un recensement effectué pendant une seule nuit en avril 2024.
Le nombre de personnes en situation d'itinérance continue d'augmenter au Québec. Selon un recensement effectué pendant une seule nuit en 2024, on observe une hausse de 15 % de l'itinérance hébergée depuis un an et demi.
Selon le rapport du ministère de la Santé sur l'exercice d'énumération de l'itinérance hébergée, réalisé dans la nuit du 23 avril 2024, on observe une hausse annuelle moyenne de 42 % de l'itinérance hébergée entre 2018 et 2022, ce qui représente une augmentation de 8 % sur une base annuelle.
Entre les exercices de 2022 et 2024, une hausse de 15 % a été constatée, ce qui équivaut à une augmentation annuelle moyenne de 10 %.
L'Abitibi-Témiscamingue est la région avec le pourcentage de variation le plus élevé, soit une croissance de 72 % par rapport aux données de 2022. La Côte-Nord est la deuxième région avec la plus grande hausse (52 %), suivie de la région de Laval (40 %) et de la Montérégie (27 %).
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Le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, a exprimé que les données représentent la situation sur le terrain. «Ce n'est pas une situation qui me réjouit, mais je ne suis pas surpris», a-t-il mentionné dans une déclaration écrite.
Ce type de recensement ne comprend pas les personnes en situation d'itinérance qui trouvent refuge dans les stations de métro, les restaurants ouverts 24h, qui dorment dans la rue, dans leur voiture ou dans une tente. Cela n'inclut pas non plus l'itinérance cachée, par exemple une personne sans domicile qui dort quelques nuits chez une connaissance.
Le rapport du ministère publié vendredi fait état de 9307 personnes en situation d'itinérance hébergées dans la nuit du 23 avril 2024. Près de 42 % du nombre estimé de personnes sans-abri hébergées se retrouvent à Montréal.
Pour arriver à ce total, une recension de l’ensemble des points de service pouvant offrir de l’hébergement et du logement aux personnes en situation d’itinérance a été effectuée le soir du 23 avril. Toutes les régions du Québec ont participé à l'exception du Nunavik et des Terres-cries-de-la-Baie-James.
Le rapport a calculé qu'il y avait 623 points de service à travers la province qui offraient de l'hébergement et des logements de transition aux personnes en situation d'itinérance pour un total de 12 451 places. Les taux d'occupation moyens étaient de 85 % pour les hébergements destinés uniquement aux personnes sans-abri.
Un exercice similaire a été mené pour les haltes-chaleur ouvertes en période hivernale. Il y avait 55 haltes-chaleur ouvertes lors de la période hivernale 2023-2024, dont 17 ouvertes la nuit du 23 avril. Ces ressources sont comptabilisées sur une base volontaire. Le ministère indique dans son rapport que des ajustements ont été faits pour les ressources non participantes.
Le taux d’occupation moyen des haltes-chaleur s’élevait à 106 % la nuit du 23 avril. À Montréal, la température nocturne était d'environ 4 degrés Celsius cette nuit-là.
M. Carmant a souligné que l'énumération démontre les efforts qui sont faits par son gouvernement pour développer des services. «En 2023-2024, en collaboration avec le milieu communautaire et les municipalités, nous avons réussi à sortir 3144 personnes de la rue et à les stabiliser en logement», a fait valoir le ministre.
Il a ajouté que 24 000 unités sont présentement en construction. «Il faut continuer dans cette voie. Je le dis et je le répète, les refuges ne sont pas une solution à long terme», a réitéré M. Carmant.
Le Parti québécois a réagi aux nouvelles données publiées vendredi. «Le gouvernement doit se réveiller puisque malgré les 3000 personnes qu'il a sorties de l'itinérance, les chiffres continuent d'augmenter. C'est inacceptable pour une société riche comme le Québec qu'autant de personnes soient dans la rue», a déploré par écrit la députée de Terrebonne, Catherine Gentilcore, porte-parole du PQ en matière d'itinérance.
Le ministère rappelle dans son rapport que le nombre total de personnes itinérantes estimées n’inclut pas les personnes en situation d’itinérance cachée, celles dans les lieux extérieurs et celles abritées, par exemple dans les campements. «Des ajustements statistiques doivent être faits pour pouvoir comparer ce nombre aux résultats des exercices de dénombrement antérieurs», peut-on lire dans le rapport.
Le prochain dénombrement de l'itinérance visible aura lieu le 15 avril. Des centaines de bénévoles participent à cette activité qui permet d'estimer le nombre de personnes en situation d’itinérance visible au cours d’une nuit. Au dernier dénombrement le 11 octobre 2022, on avait recensé pas moins de 10 000 personnes en situation d'itinérance, un bond de 44 % en cinq ans.