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Et le mois d'avril risque d'éclipser les totaux des mois précédents.
Le nombre de demandeurs d’asile reçus au poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle a explosé au cours des derniers jours, d’après les récentes données de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC).
Dans un courriel transmis à Noovo Info, l’ASFC indique que le nombre de demandes est passé de 560 en janvier à 755 en février et 1356 en mars. Avec une semaine d’écoulée en avril, le nombre était de 557 et était en passe de surpasser les totaux des mois précédents.
Il faut préciser que ces données concernent des demandes d’asile effectuées légalement aux postes frontaliers terrestres et non des entrées illégales à la frontière.
«En cas d'afflux de demandeurs d'asile nécessitant un espace supplémentaire, l'ASFC met en place des plans d'urgence en matière d'infrastructure», précise l’agence. À Saint-Bernard-de-Lacolle, par exemple, celle-ci collabore avec Services publics et marchés publics Canada (SPAC) pour louer des locaux supplémentaires. «L'espace loué serait utilisé comme centre de traitement des demandeurs d'asile.»
L’ASFC indique aussi avoir augmenté ses ressources à la frontière canado-américaine.
Entre le 1er janvier et le 5 mars 2025, l’ASFC précise avoir renvoyé 580 demandeurs d’asile aux États-Unis en raison de leur inadmissibilité à l’Accord sur les tiers pays sûrs (ETPS).
«L'ASFC a augmenté le nombre de renvois de personnes inadmissibles du Canada, soit le plus élevé en une décennie. Le nombre de renvois exécutés a plus que doublé en 2023-2024 (16 336) par rapport à l'exercice 2021-2022 (7 539).»
Si l’agence fédérale s’attend à maintenir les niveaux actuels de renvois pour cette année, elle s’engage à augmenter le nombre de renvois de 16 000 à 20 000 pour 2025-2026 et pour 2026-2027.
Cet engagement est en lien avec le Plan frontalier du Canada, une entente cruciale au maintien des relations avec les États-Unis puisque la sécurité à la frontière canado-américaine est à l’origine des droits de douane imposés par le président américain Donald Trump.
Pour l’ensemble du Québec, l’ASFC assure enregistrer une diminution de 53% des demandes d’asile comparativement à la même date l’an dernier. Celles-ci étaient au nombre de 11 118 pour cette période et étaient de 5246 en date du 6 janvier 2025.
Sollicitée par Noovo Info, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a affirmé que la situation à la frontière était stable.
Questionné sur l'afflux des demandeurs d'asile, le premier ministre sortant Mark Carney a indiqué qu'il n'était pas «acceptable que les États-Unis donnent leurs demandeurs d'asile». «Nous avons un accord sur les pays sûrs avec les États-Unis et nous pouvons les renvoyer aux États-Unis. Et ça reste approprié», a lancé le chef libéral.
Mark Carney sur les demandeurs d'asile:
— Étienne Fortin-Gauthier (@EtienneFG) April 8, 2025
"Ce n'est pas acceptable que les États-Unis nous donnent leurs demandeurs d'asile"
"Nous avons un accord sur les pays sûrs avec les États-Unis et nous pouvons les renvoyer aux États-Unis. Et ça reste approprié"@NoovoInfo #migrants pic.twitter.com/h96sZXrfcR
Frantz André, porte-parole d'un groupe montréalais qui aide les migrants sans papiers dans leurs demandes d'asile, affirme qu'il y a eu une augmentation du nombre de réfugiés potentiels arrivant au Canada depuis l'élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis en novembre. Le ministère de la Sécurité intérieure des États-Unis a annoncé le mois dernier la révocation du statut temporaire de 532 000 personnes originaires de Cuba, d'Haïti, du Nicaragua et du Venezuela, arrivées par avion à leurs frais grâce à un parrainage financier. Ce statut prend fin le 24 avril.
L'administration Trump a également annoncé la fin du statut de protection temporaire pour 600 000 Vénézuéliens et environ 500 000 Haïtiens, mais un juge fédéral a temporairement suspendu cette mesure.
M. André affirme que bon nombre des demandeurs d'asile au poste frontalier de Québec sont des Haïtiens fuyant les États-Unis avant que leur statut ne soit retiré.
«On voit une augmentation d'arrivées, de gens qui traversent à partir des États-Unis, a pointé le ministre de l'Immigration, Jean-François Roberge, mardi matin, en mêlée de presse. Les chefs, les formations politiques doivent en faire plus, doivent sécuriser la frontière, doivent répartir les demandeurs d'asile qui traversent.» Le ministre québécois a fait valoir que ces migrants peuvent être accueillis au Canada ou au Québec «dans certains cas», mais a insisté sur le fait que «notre capacité d'accueil est dépassée».
M. Roberge a rappelé qu'on ne peut demander l'asile au Canada en se présentant à la frontière, mais que des exceptions existent, comme dans le cas où une personne a de la famille vivant déjà dans le pays. Il a insisté sur la nécessité que le fédéral sécurise les frontières entre les postes frontaliers.
Mardi, le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon, a dit craindre que cette affluence à la frontière ne soit que «la pointe de l'iceberg d'un phénomène qui va être beaucoup plus grand et qui vise des millions de personnes».
Avec de l'information de La Presse canadienne.