Début du contenu principal.
Les responsables de Kyiv ont exprimé leurs craintes que le spectre de la «fatigue de la guerre» puisse éroder la détermination de l'Occident à aider le pays à repousser l'agression de Moscou.
Alors que l'invasion de l'Ukraine par la Russie entre dans son quatrième mois, les responsables de Kyiv ont exprimé leurs craintes que le spectre de la «fatigue de la guerre» puisse éroder la détermination de l'Occident à aider le pays à repousser l'agression de Moscou.
Les États-Unis et leurs alliés ont donné des milliards de dollars en armement à l'Ukraine. L'Europe a accueilli des millions de personnes déplacées par la guerre. Et il y a eu une unité sans précédent dans l'Europe de l'après-Deuxième Guerre mondiale pour imposer des sanctions au président Vladimir Poutine et à son pays.
Pour les dernières nouvelles sur la guerre entre la Russie et l'Ukraine, voyez le dossier Noovo Info.
Mais alors que le choc de l'invasion du 24 février s'estompe, les analystes disent que le Kremlin pourrait exploiter un conflit prolongé et enraciné, et profiter d'un possible déclin de l'intérêt parmi les puissances occidentales qui pourraient faire pression sur l'Ukraine pour qu'elle trouve un règlement.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est déjà irrité des suggestions occidentales selon lesquelles il devrait accepter une sorte de compromis. L'Ukraine, a-t-il dit, déciderait de ses propres conditions de paix.
«La fatigue augmente, les gens veulent une sorte de résultat (qui est bénéfique) pour eux-mêmes, et nous voulons (un autre) résultat pour nous-mêmes», a-t-il déclaré.
Une proposition de paix italienne a été rejetée et le président français Emmanuel Macron a été accueilli avec colère après avoir été cité comme disant que bien que l'invasion de M. Poutine ait été une «erreur historique», les puissances mondiales ne devraient pas «humilier la Russie, alors quand les combats cesseront, nous pouvons construire une issue ensemble par des voies diplomatiques».
Un homme pleure sur le corps de sa petite amie tuée par un bombardement dans le district de Kalininsky à Donetsk, sur le territoire sous le contrôle du gouvernement de la République populaire de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine, le jeudi 9 juin 2022. (AP Photo/Alexei Alexandrov )
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a déclaré qu'un tel discours «ne peut qu'humilier la France et tous les autres pays qui l'exigeraient».
Même une remarque de l'ancien secrétaire d'État américain Henry Kissinger selon laquelle l'Ukraine devrait envisager des concessions territoriales a attiré une réplique de M. Zelensky selon laquelle cela équivalait aux puissances européennes qui, en 1938, ont laissé l'Allemagne nazie revendiquer des parties de la Tchécoslovaquie pour freiner l'agression d'Adolf Hitler.
Kyiv veut chasser la Russie des zones nouvellement capturées dans l'est et le sud de l'Ukraine, ainsi que reprendre la Crimée, que Moscou a annexée en 2014, et des parties du Donbass sous le contrôle des séparatistes soutenus par le Kremlin au cours des huit dernières années.
Chaque mois de guerre coûte à l'Ukraine 5 milliards $ US, a indiqué Volodymyr Fesenko, un analyste politique du groupe de réflexion Penta Center, et cela «rend Kyiv dépendant de la position consolidée des pays occidentaux».
L'Ukraine aura besoin d'armes encore plus avancées pour assurer la victoire, ainsi que de la détermination occidentale à maintenir la douleur économique de la Russie pour affaiblir Moscou.
«Il est évident que la Russie est déterminée à épuiser l'Occident et construit maintenant sa stratégie sur l'hypothèse que les pays occidentaux se fatigueront et commenceront progressivement à changer leur rhétorique militante en une rhétorique plus accommodante», a dit M. Fesenko lors d'un entretien avec l'Associated Press.
La guerre bénéficie toujours d'une couverture importante aux États-Unis et en Europe, qui ont été horrifiés par les images de la mort de civils ukrainiens lors des plus grands combats sur le continent depuis la Deuxième Guerre mondiale.
À lire également :
Les États-Unis continuent d'aider l'Ukraine, le président Joe Biden ayant déclaré la semaine dernière que Washington lui fournirait des systèmes de roquettes et des munitions avancés qui lui permettront de frapper plus précisément des cibles clés sur le champ de bataille.
Dans un essai publié dans le New York Times du 31 mai, M. Biden a assuré : «Je ne ferai pas pression sur le gouvernement ukrainien – en privé ou en public – pour qu'il fasse des concessions territoriales.»
L'Allemagne, qui avait fait l'objet de critiques de Kyiv et d'ailleurs pour son hésitation perçue, a promis ses systèmes de défense aérienne les plus modernes à ce jour.
«Il n'y a rien eu de tel, même pendant la guerre froide, lorsque l'Union soviétique semblait la plus menaçante», a estimé Nigel Gould-Davies, chercheur principal pour la Russie et l'Eurasie à l'Institut international d'études stratégiques.
Bien qu'il ne voit pas d'érosion significative du «soutien emphatique à l'Ukraine», M. Gould-Davies a déclaré «qu'il y a des indices de différentes tensions sur ce que devraient être les objectifs de l'Occident».
Les préoccupations intérieures de l'Europe se frayent un chemin dans le discours, d'autant plus que les prix de l'énergie et les pénuries de matières premières commencent à peser sur les citoyens ordinaires confrontés à des factures d'électricité, des coûts du carburant et des prix des produits alimentaires plus élevés.
Alors que les dirigeants européens ont salué la décision de bloquer 90 % des exportations de pétrole russe d'ici la fin de l'année comme «un succès complet», il a fallu quatre semaines de négociations et une concession permettant à la Hongrie, largement considérée comme l'allié le plus proche du Kremlin dans l'UE, de continuer les importations pour en arriver à un accord. Des semaines supplémentaires de peaufinage politique sont nécessaires.
Un char ukrainien roule dans la région de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine, le jeudi 9 juin 2022. (AP Photo/Bernat Armangue)
«Cela montre que l'unité en Europe décline un peu face à l'invasion russe, a expliqué Matteo Villa, analyste au groupe de réflexion ISPI à Milan. Il y a ce genre de fatigue qui s'installe parmi les États membres pour trouver de nouvelles façons de sanctionner la Russie, et il est clair qu'au sein de l'Union européenne, certains pays sont de moins en moins disposés à continuer avec des sanctions.»
Méfiante quant à l'impact économique de nouvelles sanctions énergétiques, la Commission européenne a indiqué qu'elle ne se précipiterait pas pour proposer de nouvelles mesures restrictives visant le gaz russe. Les législateurs de l'UE demandent également une aide financière pour les citoyens touchés par la hausse des prix du chauffage et du carburant afin de garantir que le soutien public à l'Ukraine ne diminue pas.
Le leader italien de droite Matteo Salvini, considéré comme proche de Moscou, a déclaré cette semaine aux journalistes étrangers que les Italiens étaient prêts à faire des sacrifices et que sa Ligue soutenait les sanctions contre la Russie.
Mais il a indiqué que le soutien n'est pas illimité, au milieu des signes que la balance commerciale a changé en faveur de Moscou, heurtant les propriétaires de petites entreprises du nord de l'Italie qui font partie de sa base.
«Les Italiens sont très disponibles pour faire des sacrifices économiques personnels pour soutenir la défense de l'Ukraine et parvenir à un cessez-le-feu, a dit M. Salvini.
«Ce que je n'aimerais pas, c'est nous retrouver ici en septembre, dans trois mois et avec le conflit toujours en cours. Si tel est le cas, ce sera un désastre pour l'Italie. Au-delà des morts et sauver des vies, qui est la priorité, économiquement, pour l'Italie, si la guerre continue, ce sera un désastre», a-t-il déclaré.
Le bureau des droits de l'homme de l'ONU s'est dit préoccupé par les condamnations à mort prononcées par des rebelles pro-Moscou en Ukraine contre trois étrangers capturés qui combattaient du côté ukrainien.
Un tribunal de la République populaire autoproclamée de Donetsk a reconnu deux Britanniques et un Marocain coupables d'avoir cherché à renverser le pouvoir par la violence. Les hommes ont également été reconnus coupables d'activités mercenaires et de terrorisme.
La porte-parole du bureau des droits de l'homme de l'ONU, Ravina Shamdasani, a noté vendredi que, selon l'armée ukrainienne, tous les trois faisaient partie des forces armées ukrainiennes. Elle a dit que si tel est le cas, ils «ne devraient pas être considérés comme des mercenaires».
Deux citoyens britanniques Aiden Aslin, à gauche, et Shaun Pinner, à droite, et le Marocain Saaudun Brahim, au centre, sont assis derrière les barreaux dans une salle d'audience à Donetsk, dans le territoire sous le contrôle du gouvernement de la République populaire de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine, jeudi, 9 juin 2022. Les deux citoyens britanniques et un Marocain ont été condamnés à mort par des rebelles pro-Moscou dans l'est de l'Ukraine pour avoir combattu aux côtés de l'Ukraine. Les trois hommes ont combattu aux côtés des troupes ukrainiennes et se sont rendus aux forces russes il y a quelques semaines. (AP Photo)
Mme Shamdasani a déclaré que, depuis 2015, le bureau a observé que le système judiciaire dans les zones séparatistes dirigées par les rebelles «n'a pas respecté les garanties essentielles d'un procès équitable, telles que la publicité des débats, l'indépendance et l'impartialité du tribunal et le droit de ne pas être contraint de témoigner.»
Elle a ajouté que «de tels procès contre des prisonniers de guerre constituent un crime de guerre».
Un gouverneur régional a déclaré que les soldats ukrainiens se battaient pour chaque maison lors de batailles de rue dans une ville clé de l'est de l'Ukraine.
Le gouverneur de Lougansk, Serhiy Haidai, a déclaré vendredi à l'Associated Press que les forces ukrainiennes avaient conservé le contrôle de la zone industrielle à la périphérie de la ville de Sievierodonetsk et contrôlaient également d'autres sections.
Il a dit que «des batailles se déroulent pour chaque maison et chaque rue».
Sievierodonetsk, le centre administratif de la province de Louhansk dans la région industrielle du Donbass, a été au centre de l'offensive russe ces dernières semaines.
En collaboration avec Colleen Barry.