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Les tarifs du premier mandat de Donald Trump n'ont guère modifié l'économie

Les données montrent qu’ils n’ont jamais pleinement tenu leurs promesses en matière d’emplois dans les usines.

Le président élu Donald Trump se présente le 19 novembre 2024 à Boca Chica, au Texas.
Le président élu Donald Trump se présente le 19 novembre 2024 à Boca Chica, au Texas.
Josh Boak
Josh Boak / Associated Press

Donald Trump aimait utiliser les tarifs douaniers sur les biens étrangers pendant son premier mandat. Mais leur impact était à peine perceptible sur l’économie en général, bien que leurs répercussions ont été évidentes dans des secteurs spécifiques.

Les données montrent qu’ils n’ont jamais pleinement tenu leurs promesses en matière d’emplois dans les usines. Ils n’ont pas non plus provoqué l’avalanche d’inflation que les opposants craignaient.

Cette fois, cependant, ses menaces de tarifs pourraient être différentes.

Le président élu parle d’aller beaucoup plus loin — à une échelle potentielle qui crée plus d’incertitude quant à savoir s’il fera ce qu’il dit et quelles pourraient en être les conséquences.

«Il est assez clair qu'il y aura beaucoup plus de tarifs douaniers», affirme Michael Stumo, le PDG de la Coalition for a Prosperous America, un groupe qui a soutenu les taxes à l’importation pour aider la fabrication nationale.

 

Le président élu a publié sur les réseaux sociaux lundi que dès le premier jour de son mandat, il imposerait des tarifs douaniers de 25 % sur toutes les marchandises importées du Mexique et du Canada, jusqu’à ce que ces pays mettent un terme de manière satisfaisante à l’immigration illégale et au flux de drogues illégales telles que le fentanyl vers les États-Unis.

Ces tarifs pourraient essentiellement faire tomber l'accord commercial nord-américain que l'équipe de Donald Trump a négocié pendant son premier mandat.

Les importations chinoises seraient confrontées à des tarifs supplémentaires de 10 % jusqu'à ce que Pékin réprime la production de matériaux utilisés dans la fabrication du fentanyl, a déclaré M. Trump.

Les démocrates et les groupes d'affaires mettent en garde contre les risques liés aux menaces de tarifs du président désigné.

Les groupes d'affaires ont rapidement mis en garde contre l'escalade rapide de l'inflation, tandis que la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a indiqué qu'elle contrerait cette mesure en imposant des tarifs sur les produits américains.

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Les démocrates de la Chambre des représentants ont élaboré une législation visant à priver un président de la capacité d'appliquer unilatéralement des tarifs aussi draconiens, avertissant qu'ils conduiraient probablement à une hausse des prix des automobiles, des chaussures, du logement et des produits d'épicerie.

Mme Sheinbaum a déclaré mercredi que son administration préparait déjà une liste de possibles tarifs de représailles «si la situation en arrive à cela».

Les démocrates de la Chambre ont présenté mardi un projet de loi qui nécessiterait l'approbation du Congrès pour qu'un président impose des tarifs douaniers en raison d'allégations d'urgence nationale, une action largement symbolique étant donné le contrôle futur des républicains à la fois à la Chambre et au Sénat.

Mais pour Donald Trump, les tarifs douaniers sont désormais un outil éprouvé qui semble moins controversé politiquement, même si le mandat qu’il a reçu lors de l’élection de novembre impliquait en grande partie de contenir l’inflation.

Les tarifs douaniers qu’il a imposés à la Chine au cours de son premier mandat ont été maintenus par le président Joe Biden, un démocrate qui a même étendu les tarifs et les restrictions sur la deuxième économie mondiale.

Les responsables de l’administration Biden ont envisagé de supprimer les tarifs douaniers de Donald Trump afin de réduire les pressions inflationnistes, pour finalement constater qu’ils n’étaient pas susceptibles d’aider de manière significative.

Moins de 0,3 % du PIB

Les tarifs douaniers étaient «si nouveaux et uniques qu’ils ont fait flipper tout le monde en 2017», relate M. Stumo, mais ils étaient finalement assez modestes. Ils ont eu un impact tempéré sur l’économie.

Donald Trump a imposé des tarifs sur les panneaux solaires et les machines à laver au début de 2018. Ces mesures auraient pu faire grimper les prix dans ces secteurs, même s’ils coïncidaient avec les projets d’ouverture d’usines de machines à laver au Tennessee et en Caroline du Sud.

Son administration a également imposé des droits de douane sur l’acier et l’aluminium, notamment contre ses alliés. Il a ensuite augmenté les droits de douane sur la Chine, ce qui a conduit à un conflit commercial et à un accord limité de 2020 qui n’a pas permis de réaliser la promesse d'achats par la Chine de biens américains.

Cependant, le différend a changé les relations avec la Chine, car de plus en plus d’entreprises américaines ont cherché des fournisseurs de rechange dans d’autres pays. Des recherches économiques ont également révélé que les États-Unis ont peut-être sacrifié une partie de leur «soft power» alors que la population chinoise a commencé à regarder moins de films américains.

La Réserve fédérale a maintenu l’inflation à peu près au niveau cible, mais les dépenses de construction d’usines n’ont jamais augmenté d’une manière qui suggère un gain durable dans les emplois manufacturiers.

Des recherches économiques distinctes ont révélé que la guerre tarifaire avec la Chine n’a rien apporté économiquement aux communautés touchées par la délocalisation, mais elle a aidé Donald Trump et les républicains de ces communautés sur le plan politique.

Lorsque Donald Trump est devenu président pour la première fois en 2017, le gouvernement fédéral a collecté 34,6 milliards $ US en droits de douane et taxes. Cette somme a plus que doublé sous Trump pour atteindre 70,8 milliards $ US en 2019, selon les archives du Bureau de la gestion et du budget.

Bien que cette somme puisse sembler importante, elle est relativement faible par rapport à l'économie dans l'ensemble. Le produit intérieur brut américain est désormais de 29 300 milliards $ US, selon le Bureau of Economic Analysis. Le total des droits de douane perçus aux États-Unis équivaudrait à moins de 0,3 % du PIB.

Un sentiment d'incertitude

M. Trump veut des droits de douane beaucoup plus importants à l'avenir. Les nouveaux droits de douane proposés par le président élu sont considérablement plus élevés et pourraient avoir des conséquences bien plus importantes.

Si le Mexique, le Canada et la Chine étaient confrontés aux droits de douane supplémentaires proposés par Donald Trump sur toutes les marchandises importées aux États-Unis, cela pourrait représenter environ 266 milliards $ US de recettes fiscales, un chiffre qui ne suppose aucune perturbation des échanges commerciaux ni aucune mesure de représailles de la part d'autres pays.

Le coût de ces taxes serait probablement supporté par les familles américaines, les importateurs et les entreprises nationales et étrangères sous la forme de prix plus élevés ou de bénéfices plus faibles.

D’anciens responsables de l’administration Biden ont déclaré qu’ils craignaient que les entreprises puissent s’appuyer sur les tarifs douaniers de Donald Trump — s’ils sont imposés — pour justifier une augmentation de leurs prix. Tout comme de nombreuses entreprises après l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022 ont fait grimper les coûts des denrées alimentaires et de l’énergie.

Mais ce que Donald Trump n’a pas vraiment expliqué, c’est ce qui pourrait le pousser à reculer sur les tarifs douaniers et à déclarer une victoire. Ce qu’il crée plutôt avec ses menaces de tarifs, c’est un sentiment d’incertitude alors que les entreprises et les pays attendent les détails pour comprendre ce que tout cela pourrait signifier.

«Nous connaissons les principales priorités de politique économique de la future administration Trump, mais nous ne savons pas comment ni quand elles seront traitées», a déclaré Greg Daco, économiste en chef pour les États-Unis chez EY-Parthenon.

— Avec la collaboration de Mark Stevenson de l'Associated Press, à Mexico

Josh Boak
Josh Boak / Associated Press