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L'augmentation du nombre de demandes intervient à un moment où les politiques canadiennes en matière de citoyenneté sont devenues plus accessibles.
Un nombre croissant d'Américains ayant des liens familiaux avec le Canada cherchent à récupérer la citoyenneté canadienne, en partie sous l'effet de l'évolution des conditions politiques et sociales aux États-Unis. Les avocats spécialisés en droit de l'immigration disent avoir constaté un intérêt accru de la part de personnes ayant des parents ou des grands-parents canadiens et qui cherchent maintenant à s'installer au nord.
Parmi les personnes qui font une demande, on trouve des membres de la communauté LGBTQ2S+, qui expriment leurs préoccupations concernant le recul des droits et des protections, ainsi que des politiques de diversité, d'équité et d'inclusion (DEI), au sud de la frontière.
Ce texte est une traduction d'un contenu de CTV News.
«Certaines personnes sont très mal à l'aise avec la direction que prennent les choses aux États-Unis», a déclaré l'avocate spécialisée en droit de l'immigration Chantal Desloges à CTV News.ca.
«Elles ne se sentent pas en sécurité avec les pouvoirs croissants de l'administration Trump, en particulier les mesures de répression dans certains domaines de la société.»
L'avocat spécialisé en droit de l'immigration Max Chaudhary partage ce sentiment. Il a affirmé à CTV News.ca que nombre de ses clients, en particulier les personnes transgenres, sont de plus en plus préoccupés par l'évolution des politiques gouvernementales aux États-Unis.
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«Les politiques qui rendent certaines communautés invisibles à nouveau sont un problème majeur», a-t-il soutenu, ajoutant que certaines familles déménagent parce qu'elles veulent un environnement sûr pour leurs enfants, en particulier lorsqu'elles ont le sentiment que ces protections sont menacées.
L'augmentation du nombre de demandes intervient à un moment où les politiques canadiennes en matière de citoyenneté sont devenues plus accessibles. En mars, l'ancien ministre de l'Immigration, Marc Miller, a ordonné aux fonctionnaires d'accorder la citoyenneté aux «Canadiens perdus», c'est-à-dire aux personnes nées ou adoptées à l'étranger qui ont été victimes de lacunes législatives.
«Les règles actuelles limitent généralement la citoyenneté par filiation à la première génération, excluant ainsi certaines personnes qui ont un lien authentique avec le Canada », a déclaré M. Miller. « Cela a des conséquences inacceptables pour les familles et a un impact sur les choix de vie, comme le lieu où les individus peuvent choisir de vivre, de travailler, d'étudier, ou même où avoir des enfants et élever une famille.»
Cette directive fait suite au projet de loi C-71, qui visait à résoudre ces questions mais qui a été bloqué lors de la prorogation du Parlement. Si la politique provisoire ouvre une voie à certains, des questions subsistent quant à la durée de la mesure provisoire et aux mesures législatives permanentes qui pourraient suivre.
Les personnes qui demandent la citoyenneté canadienne ne sont pas limitées à un groupe d'âge ou à une classe socio-économique. Selon Richard Kurland, avocat spécialisé en droit de l'immigration à Vancouver, cette augmentation soudaine des demandes est sans précédent.
«Généralement, après une élection présidentielle américaine, il y a une première vague de demandes, mais elles proviennent généralement de personnes âgées qui ont les moyens de partir», a-t-il indiqué à CTV News.ca. «Pas cette fois. Cette fois-ci, nous voyons des gens de tous les horizons politiques et socio-économiques, et tout est question de peur. Les gens fuient les guerres culturelles, qui incluent des questions telles que le mariage homosexuel, les droits des LGBTQ2S+ et la peur générale de ce que l'avenir nous réserve. C'est un vaste mouvement.»
Me Desloges est d'accord.
«Nous avons reçu des demandes de personnes âgées de 60 à 70 ans, mais aussi de parents cherchant à protéger l'avenir de leurs enfants. Il y a une réelle crainte pour leur sécurité ou un malaise face au climat actuel», ajoute Mme Desloges. «Les gens sont sérieux à ce sujet.»
Pour beaucoup, la décision de déménager au Canada est motivée par la crainte d'une détérioration de la situation aux États-Unis.
«Je n'ai jamais rien vu de tel, et c'est la peur qui les motive», a dit Kurland. «Ils ont leurs propres problèmes familiaux, mais quand on enlève le voile, les gens sont poussés par la peur.»
Desloges affirme que cette peur ne se limite pas à l'administration et s'étend parfois aux interactions sociales.
«Un certain segment de la société a montré son visage», a déclaré Me Desloges. «Ils se disent: "Oh mon Dieu, tous ces gens que je pensais être sur la même longueur d'onde que nous soutiennent soudainement les politiques de ce gouvernement".»
Ce changement a conduit un nombre croissant de citoyens américains à chercher des moyens d'obtenir la citoyenneté canadienne, alors que beaucoup d'entre eux auraient pu hésiter auparavant à opérer un changement de vie aussi important.
«Certains d'entre eux ne veulent pas rester aux États-Unis jusqu'à ce que les formalités de citoyenneté soient accomplies», a dit M. Kurland. «Ils cherchent donc des moyens d'entrer temporairement au Canada et de résoudre leur situation dans le cadre du système d'immigration ordinaire.»
Desloges a constaté une tendance similaire.
«Les personnes à qui je parle prennent des décisions sérieuses. Certains disent: Dès que j'aurai mon passeport canadien, je m'en vais», et ils cherchent déjà du travail. Je n'ai jamais vu un tel sérieux.»