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Politique

Visite chez Nova Bus: Carney en territoire bloquiste pour une annonce

Avant de faire son annonce, Mark Carney a fait une brève visite de l’usine.

Des employés de Nova Bus prennent des photos du chef libéral Mark Carney lors de sa visite de l'usine à Saint-Eustache, dans les Laurentides, le mardi 15 avril 2025.
Des employés de Nova Bus prennent des photos du chef libéral Mark Carney lors de sa visite de l'usine à Saint-Eustache, dans les Laurentides, le mardi 15 avril 2025.
Helen Moka
Helen Moka / La Presse canadienne

Le chef libéral Mark Carney a fait un arrêt de campagne mardi matin aux installations de Nova Bus à Saint-Eustache, dans les Laurentides, pour parler aux travailleurs d'un nouvel engagement pour la formation et le perfectionnement des travailleurs.  

Le chef du Parti libéral du Canada (PLC) a annoncé une nouvelle prestation pour aider les travailleurs à accéder à de nouvelles formations professionnelles en cours de carrière.

Si un gouvernement libéral est élu le 28 avril, il offrira jusqu’à 15 000 $ pour ces formations dans des secteurs prioritaires, comme la fabrication, les soins de santé, la construction et l’intelligence artificielle. L'objectif est aussi d'aider à la rétention du personnel des entreprises grâce au perfectionnement des compétences de leurs effectifs.

L’usine d’assemblage d’autobus urbains électriques de Nova Bus à Saint-Eustache a été durement touchée par des pertes d’emplois. L'entreprise avait annoncé l'abolition de 125 postes avant le début de l’année et de 70 autres emplois en 2024 à son usine de Saint-François-du-Lac, dans le Centre-du-Québec, où l'on fabrique les châssis de ces autobus électriques et procède à l'installation des planchers.

En entrevue avec La Presse Canadienne, le vice-président aux affaires publiques et juridiques de Nova Bus, Christos Kritsidimas, a indiqué que certains postes ont pu être supprimés par attrition et que le processus de restructuration de l'entreprise est maintenant complété.

Avant de faire son annonce, Mark Carney a fait une brève visite de l’usine, marchant le long du vaste entrepôt avec le président de l'entreprise, Paul Le Houillier, et s’arrêtant pour parler aux travailleurs. 

Annonce en territoire bloquiste

L'usine de Saint-Eustache se situe en territoire bloquiste, sur la rive nord de Montréal. Une cinquantaine de travailleurs de Nova Bus s'étaient placés derrière le chef libéral lors de son annonce, en toile de fond, avec plusieurs autobus électriques assemblés sur place. Contrairement aux autres annonces de Mark Carney, les activités de l'usine se poursuivaient bruyamment pendant l'annonce et il était difficile d'entendre les réponses de M. Carney aux questions des journalistes.

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Le maire de Morin-Heights, Timothy Watchorn, qui est aussi un candidat libéral dans une circonscription située plus au nord, celle des Pays-d'en-Haut, croit qu'il est possible pour le PLC de faire des gains dans les Laurentides.

«Les gens à qui j'ai parlé lors de porte-à-porte me disent que leur préoccupation principale est qui est le meilleur chef de parti pour mener les négociations dans la bataille contre Donald Trump.»    

La construction de logements est aussi une préoccupation majeure dans la région voisine de Lanaudière, a dit constater M. Watchorn, en donnant l'exemple du secteur entourant Saint-Calixte.

Cadre financier attendu

À la veille du premier débat des chefs, en français, et surtout à l'approche de l'ouverture des bureaux de vote par anticipation, du 18 au 21 avril, le cadre financier de la plateforme électorale du PLC se fait toujours attendre.

L'affaire a été soulevée en marge de la visite du chef libéral à Saint-Eustache, à savoir si les électeurs auront pu prendre connaissance des coûts associés aux engagements des libéraux avant d'aller voter.

Soulignons que, depuis le 13 avril, des étudiants canadiens ont commencé à exercer leur droit de vote sur des campus universitaires et de collèges partout au pays, et ils pourront le faire jusqu'au 16 avril à 21 h.

«On va dévoiler notre plateforme chiffrée avant la clôture du vote par anticipation, qui commence ce week-end», a assuré le chef libéral.

Débat des chefs en français

Mark Carney a dit attendre avec impatience le premier débat des chefs, celui en français, mercredi soir. Il a souligné qu'il pratique son français tous les jours et estime s'y être amélioré.

Le débat de mercredi a été devancé de deux heures, soit à 18h, pour ne pas entrer en conflit avec la présentation d'un match de hockey important du Canadien de Montréal, qui tente de se tailler une place en séries éliminatoires de la LNH.

«Connaissant la passion des Canadiens pour le hockey, Radio-Canada et la Commission des débats ont pris la décision de diffuser le débat des chefs en direct demain, le mercredi 16 avril, de 18 h à 20 h HAE. Les citoyens pourront ainsi ne rien manquer de ce moment crucial de la campagne électorale tout en suivant les périodes décisives du match de hockey», a publié le diffuseur du débat.

«Nous avons été consultés et nous avons accepté», a indiqué l'équipe de campagne du chef libéral, sans plus de détails après l'annonce.

Quelques heures plus tôt, Mark Carney a été amené à préciser quel style il va privilégier: un d'attaque ou de défense.

«Pour moi, ce n'est pas une question d'attaque ou de défense, je veux avoir l'occasion d'informer les Canadiennes et les Canadiens qui suivent le débat. Il faut avoir de la transparence», a déclaré M. Carney.

«Vous avez probablement remarqué qu'au fur et à mesure que la campagne avance, sa fluidité (en français) augmente. Il s'améliore beaucoup», a fait remarquer l'ancien ministre des Finances du Québec Carlos Leitao, qui était à l'annonce du jour de Mark Carney chez Nova Bus et qui se présente avec les libéraux fédéraux dans la circonscription lavalloise de Marc-Aurèle-Fortin.  

«Quand je me promène pour faire du porte-à-porte, parler aux électeurs, les gens me posent beaucoup de questions. Ils veulent en savoir plus sur M. Carney, mais personne ne me mentionne que son niveau de français n'est pas acceptable. Ce n'est jamais soulevé dans les conversations lorsque je rencontre les citoyens», a-t-il expliqué.

À l'âge de 69 ans, alors qu'il avait déjà commencé à savourer la retraite, l'ancien ministre des Finances du gouvernement libéral de Philippe Couillard à Québec a expliqué avoir lui aussi été interpellé par «un sentiment de devoir» pour défendre les intérêts du pays face aux menaces du président américain Donald Trump sur l'économie canadienne.

«Comme vous le savez, je ne suis pas né ici. Je suis un immigrant, ici depuis longtemps, et ce pays m'a donné toutes les chances du monde pour que je puisse réussir ma vie, élever ma famille et donc je suis extrêmement reconnaissant», a raconté M. Leitao en entrevue avec La Presse Canadienne en après-midi.

«J'ai senti que c'était mon devoir de contribuer à la société canadienne, avec l'équipe libérale et M. Carney aux commandes. Il a une vision de l'économie avec laquelle je suis très très confortable, très à l'aise et c'est ce qui m'a incité à me joindre à l'équipe», a-t-il résumé.

Vent d'optimisme chez Nova Bus

Nova Bus compte aujourd'hui 1300 employés dans ses deux usines au Québec.

«On est le leader du marché au Canada, alors ça va bien. C'est encore fragile, mais on regarde vers le futur. L'électrification va bien chez Nova Bus, même si ça ne va pas aussi vite que dans le passé, mais ça continue», a affirmé Christos Kritsidimas.

Pour l'instant, Nova Bus semble épargné par les droits de douane de l'administration Trump aux États-Unis et songe même à y faire une incursion.

«On regarde aux États-Unis pour exporter. On ne serait pas conforme au Buy American Act, le protectionnisme américain, mais on peut vendre à des États, à des villes, à des sociétés privées. Ce sont les marchés que l'on regarde», a indiqué le porte-parole de Nova Bus.

Il a saisi la balle au bond lorsque La Presse Canadienne lui a demandé s'il avait un message à livrer aux chefs des partis fédéraux qui font campagne, en s'arrêtant dans diverses entreprises du pays.

«Le message qu'on passe à tous les chefs, de tous les partis, c'est faites attention aux entreprises canadiennes. Je comprends les mesures de représailles et de contre-tarifs (droits de douane), mais il ne faut pas que ça touche les entreprises canadiennes», a résumé M. Kritsidimas.

Nova Bus, qui a vu le jour en 1993, est aujourd’hui membre du Groupe Volvo, mais son siège social est toujours à Saint-Eustache. 

Il y a un peu plus d’un an, le 21 février 2024, le gouvernement du Québec annonçait l’octroi d'un prêt pardonnable de 19,1 millions $ à Nova Bus pour maintenir les emplois requis pour accélérer la production d'autobus urbains électriques à son usine d'assemblage de Saint-Eustache et à son usine de structures de Saint-François-du-Lac. 

L'aide financière accordée devait contribuer «à assurer la pérennité des activités de Nova Bus au Québec et au maintien d'emplois à long terme», indiquait-on alors dans un communiqué du gouvernement.

Helen Moka
Helen Moka / La Presse canadienne