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Ottawa a justifié sa décision d'accorder une exemption en disant avoir voulu démontrer le «bluff» du régime de Vladimir Poutine.
Le Congrès des Ukrainiens canadiens a de nouveau exhorté mercredi le gouvernement Trudeau à révoquer l'exemption aux sanctions contre Moscou qui permet le renvoi de turbines en Allemagne pour l'approvisionnement en gaz naturel russe.
«Le Canada et l'Allemagne continuent d'avoir un choix, soit de continuer de jouer le jeu du chantage de la Russie ou simplement revenir sur sa décision et montrer à la Russie que nous ne serons pas intimidés face à ses menaces», a dit le directeur général, Ihor Michalchyshyn, en témoignant devant les élus membres du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international.
M. Michalchyshyn a fait valoir que Moscou a, depuis que l'exemption a été accordée en juillet, demandé encore plus de concessions aux sanctions qui lui sont imposées en raison de l'invasion de l'Ukraine.
Une première turbine devant servir au gazoduc Nord Stream 1 a déjà été acheminée en Allemagne après sa réparation dans les installations montréalaises de Siemens Energy, mais le géant russe Gazprom qui exploite la canalisation a refusé de la reprendre.
«Le Kremlin a désormais dit explicitement que le gaz ne commencera à couler par le biais de Nord Stream que lorsque les sanctions canadiennes et occidentales seront levées. C'est du chantage», a renchéri Marcus Kolga, chercheur au groupe de réflexion Institut Macdonald-Laurier.
Comme d'autres experts entendus par le comité mercredi, il a demandé l'annulation de l'exemption, faisant écho à l'appel aussi lancé par l'ambassadrice ukrainienne au Canada, Yuliia Kovaliv, le mois dernier.
«Les sanctions fonctionnent quand elles sont appliquées, maintenues et mises à exécution», a-t-il insisté.
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À la fin août, le réseau CBC a rapporté que la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a indiqué en entrevue que le plan était toujours de renvoyer les cinq turbines restantes.
Dans une déclaration écrite envoyée mercredi, l'attaché de presse de Mme Joly, Adrien Blanchard, a soutenu que «les circonstances qui ont mené à cette décision n'ont pas changé».
«Comme nous le disons depuis le début, ce permis est révocable à n'importe quel moment et nous continuerons de travailler avec nos alliés pour évaluer la situation», a-t-il ajouté.
Ottawa a justifié sa décision d'accorder une exemption en disant avoir voulu aider l'Europe face à la crise énergétique ainsi que dans le but de démontrer le bluff du régime de Vladimir Poutine.
Sur ce dernier point, Mme Joly a affirmé lors d'un passage devant le comité des Affaires étrangères que cette approche était appuyée par l'Allemagne, mais aussi par l'Union européenne et les États-Unis.
«Nous étions unanimes dans l'approche à prendre, c'est-à-dire de faire en sorte qu'on ne puisse donner aucune justification, aucun prétexte au président Poutine, avait-elle dit. Cette idée même d'utiliser l'énergie comme une façon de faire du chantage à l'Europe était une approche (à laquelle nous voulions répondre) en commun avec nos alliés.»
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Son attaché de presse a réitéré cette justification mercredi. «En accordant ce permis, nous retirons une carte importante du jeu de la Russie. Poutine n'a plus rien derrière quoi se cacher: lorsque les flux de gaz ralentissent, le monde sait avec certitude que Poutine est le seul et unique responsable.»
Or, un autre témoin entendu par les députés mercredi a taillé en pièces l'argumentaire du bluff.
«Miner l'unité des sanctions [...] simplement pour exposer le bluff serait seulement justifiable dans un monde où la Russie n'avait pas (brandi comme une arme) l'énergie pendant des années. Or, elle l'a fait», a lancé Banjamin L. Schmitt, associé en recherche à l'Institut de recherche ukrainien de l'Université Harvard.
Par ailleurs, le Congrès des Ukrainiens canadiens a réclamé d'autres mesures contre Moscou, comme l'expulsion des diplomates russes qui se trouvent au pays. Le groupe souhaite aussi la désignation de la Russie comme un État soutenant le terrorisme.
Questionné sur cette éventualité aux États-Unis, le président américain Joe Biden a répondu «non», bien qu'il y ait des appuis en ce sens au Sénat, tant chez les démocrates que les républicains.
Avec des informations de Marie-Danielle Smith et de l'Associated Press