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Près de 25 ans après les événements, la famille de cette étudiante de 19 ans tué au Saguenay–Lac-Saint-Jean obtient enfin justice.
Les jurés ont rendu leur décision au procès de Marc-André Grenon, accusé d'avoir agressé sexuellement et tué Guylaine Potvin, au Saguenay–Lac-Saint-Jean. L’homme de 49 ans a été déclaré coupable du meurtre au premier degré de l’étudiante de 19 ans en avril 2000.
Un meurtre au premier degré est automatiquement passible d'une peine d'emprisonnement à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans.
Grenon a été accusé d'avoir agressé sexuellement et tué Guylaine Potvin dans l'appartement de l'étudiante à Jonquière, actuellement un arrondissement de Saguenay. Il est aussi jugé coupable d'agression sexuelle grave.
Il aura fallu moins d'une heure aux jurés pour en venir à un terrain d'entente. Le juge François Huot, de la Cour supérieure, a terminé mardi de donner ses directives aux jurés, au palais de justice de Chicoutimi, à Saguenay. À 14h, la délibération du jury commençait. À 14h45, le juge Huot recevait la décision des jurés.
La Couronne souhaitait que Grenon soit reconnu coupable de meurtre au premier degré parce qu'il a tué la victime au cours d'une agression sexuelle qui aurait commencé alors qu'elle dormait dans son lit.
La défense a admis au procès que Grenon était entré par effraction dans l'appartement de la victime et qu'il l'avait tuée, mais soutenait que la jeune femme était morte lors de la tentative de vol. La défense souhaitait donc que Grenon soit reconnu coupable de l'accusation réduite de meurtre au deuxième degré.
Le juge Huot s'est montré particulièrement tranchant à l'égard de Grenon, demandant à la famille en pleurs de Guylaine Potvin de se lever pour que l'homme leur adresse un regard. Le magistrat a poursuivi sa diatribe en mentionnant que Grenon était un assassin «qui lui soulevait le coeur», dénonçant les gestes qu'il avait commis.
Le procureur aux poursuites criminelles et pénales, Me Pierre-Alexandre Bernard, a quant à lui salué le courage et la résilience des membres de la famille. «Nous espérons aujourd'hui que ce verdict puisse mettre un baume sur leurs plaies et les aider à évoluer à travers ce long processus qu'est le deuil», a-t-il lancé.
Le juge Huot a aussi souligné que contrairement à ce qu'a soutenu la défense, il n'était pas nécessaire de prouver que l'agression sexuelle avait eu lieu avant le décès, mais seulement qu'une agression ou une tentative d'agression avait bel et bien eu lieu — et qu'elle était assez rapprochée du meurtre.
Le respect de ces deux conditions justifie une condamnation pour meurtre au premier degré même si la victime meurt avant le début de l'acte sexuel, a expliqué le juge Huot. Il a d'ailleurs précisé aux jurés que la plaidoirie contraire de la défense reposait sur une interprétation «erronée» de la loi.
Le juge avait précédemment déclaré au jury qu'il pouvait aussi choisir de déclarer Grenon coupable pour une accusation réduite d'homicide involontaire, s'il estimait que les preuves ne satisfaisaient pas aux critères d'un meurtre au premier ou au deuxième degré. Mais le magistrat a souligné mardi que même la défense n'avait pas plaidé en faveur de cette accusation réduite.
Le corps de Guylaine Potvin avait été retrouvé le matin du 28 avril 2000 dans son appartement de Jonquière. Un pathologiste a déclaré au procès qu'elle était morte par strangulation, avec des blessures comprenant un traumatisme contondant à la tête et à l'épaule, une marque de morsure sur son sein gauche et des blessures à la région génitale.
Bien que de l'ADN masculin ait été découvert sur le corps de la victime, sur la ceinture et sur une boîte de préservatifs ouverte sur les lieux, les enquêteurs n'avaient pu établir aucune correspondance dans la base de données de la police.
La Sûreté du Québec (SQ) s'est penchée sur l'accusé Grenon plus de 22 ans plus tard, lorsqu'un nouveau projet du Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale du Québec, qui retrace les chromosomes Y – qui se transmettent de père en fils –, a d'abord suggéré aux enquêteurs que l'ADN pourrait être lié au patronyme Grenon.
Marc-André Grenon a finalement été arrêté en octobre 2022, à Granby, après que l’ADN de deux pailles qu’il avait jetées en sortant d'un cinéma correspondait aux preuves ADN de la scène du crime prélevé 22 ans plus tôt. Cette concordance a été confirmée lorsque les enquêteurs ont obtenu un mandat pour un deuxième test ADN après l'arrestation de Grenon, a appris le jury au procès.
Alors que 14 jurés ont assisté à tout le procès, deux d'entre eux ont été libérés mardi après les directives du juge. Les 12 jurés restants sont partis délibérer en isolement, jusqu'à ce qu'un verdict soit rendu.
Avec la collaboration d'Émile Bérubé-Lupien pour Noovo Info