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Les restrictions restantes aux frontières du Canada liées à la pandémie de COVID-19 (vaccins obligatoires, tests de dépistage et quarantaine pour les voyageurs internationaux) prendront fin vendredi.
Le cabinet fédéral a confirmé lundi matin que toutes les restrictions sanitaires liées à la COVID-19 aux frontières seront supprimées samedi prochain, 1er octobre: la preuve vaccinale, les tests de dépistage et l’isolement des voyageurs internationaux, mais aussi le port du masque obligatoire dans les avions et les trains.
Le décret ministériel qui maintient ces mesures sanitaires jusqu’au 30 septembre ne sera donc pas renouvelé à son expiration vendredi soir. Mais le ministre de la Santé, Jean-Yves Duclos, a prévenu une fois de plus que les restrictions pandémiques pourraient être rétablies si la situation l’exigeait.
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«Nous avons appris au cours des dernières années quels types de mesures peuvent fonctionner, a déclaré M. Duclos lundi. Nous laisserons donc ouvertes toutes les options possibles en matière de protection de la santé et de la sécurité des Canadiens.»
Ces assouplissements signifient aussi que les ressortissants étrangers n’auront plus besoin d’une série approuvée de vaccinations pour entrer au Canada. De plus, les voyageurs qui arrivent au Canada ne seront plus soumis à un test aléatoire de dépistage, et les Canadiens non vaccinés n’auront pas besoin de s’isoler à leur retour au pays.
Les croisiéristes n’auront pas à présenter un résultat de test négatif avant l’embarquement ni à prouver qu’ils ont été vaccinés. Et les voyageurs qui entreront au Canada après samedi n’auront pas besoin de surveiller et de signaler s’ils développent des signes ou des symptômes de la COVID-19.
Les cinq ministres fédéraux qui en ont fait l’annonce lundi matin ont déclaré que ces changements avaient été guidés par la science et l’épidémiologie. Selon Ottawa, la modélisation indique que le sommet de la dernière vague de la maladie est «largement passé».
Mais au-delà de la science, les journalistes ont demandé aux ministres lundi si ces assouplissements n’avaient pas aussi été motivés, du moins en partie, par la politique, alors que les libéraux affrontent le nouveau chef conservateur Pierre Poilievre, farouchement opposé à ces restrictions sanitaires aux frontières.
L’Agence de la santé publique du Canada recommande toujours fortement que les gens portent le masque, en particulier dans les environnements bondés -- comme un avion ou un train.
«La science est claire: le port du masque est clairement un moyen de protection personnelle extrêmement efficace, a rappelé le docteur Howard Njoo, administrateur en chef adjoint de la santé publique du Canada. J’espère que les Canadiens prendront une décision éclairée à ce sujet.»
Le ministre Duclos a indiqué de son côté que les comportements négatifs de certains passagers récalcitrants au masque avaient rendu les choses très difficiles pour les compagnies aériennes et les équipages ces derniers mois, et il n’a pas nié que cet enjeu avait été un facteur dans la décision du gouvernement.
«La transmission des variants de la COVID est surtout intérieure (en sol canadien), et c’est donc ce sur quoi nous devons insister: le port du masque est fortement recommandé (…) mais ce n’est pas quelque chose qui peut être, en un sens, imposé», a admis M. Duclos.
Il s’agit d’un changement de message par rapport au début de l’été, lorsque le gouvernement fédéral et les responsables de la santé publique insistaient sur le fait que le maintien de ces mesures à la frontière était nécessaire pour suivre l’évolution de la maladie et empêcher l’introduction au pays de nouveaux variants.
Le ministre Duclos a déclaré que les données de santé publique suggéraient que les cas de COVID-19 importés dans le pays par des voyageurs ont un effet mineur sur l’épidémiologie au Canada.
«On a pu constater au cours des dernières semaines qu’il n’y avait plus de nouveau variant qui rentrait au pays, a-t-il expliqué. Ce n’est plus l’importation de cas et de variants qui explique la transmission de la COVID-19 au pays.»
M. Duclos a réitéré que le meilleur moyen pour freiner la transmission du virus est de se faire vacciner, insistant sur le fait que la pandémie n’était pas terminée.
Le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, a déclaré qu’il y avait eu jusqu’à présent 38 millions d’entrées aux frontières en 2022, soit deux fois plus que l’année dernière. «Nous voulons continuer sur cette lancée», a-t-il dit.
L’application «ArriveCan», par ailleurs, ne sera plus obligatoire à l’expiration du décret ministériel samedi. «À l’avenir, l’utilisation d’ArriveCan sera facultative, permettant aux voyageurs qui le souhaitent de soumettre leur déclaration en douane à l’avance dans les principaux aéroports», a déclaré le ministre Mendicino.
Cette option est actuellement disponible dans les aéroports internationaux de Montréal, Toronto et Vancouver, mais elle sera étendue pour inclure éventuellement les aéroports de Québec, Calgary, Edmonton, Winnipeg, Ottawa et Halifax, ainsi que le petit aéroport Billy Bishop à Toronto.
De plus, l’Agence des services frontaliers du Canada envisage d’ajouter des fonctionnalités à cette application ArriveCan, pour informer par exemple les voyageurs sur les temps d’attente à la frontière.
Avec la disparition du décret ministériel, les voyageurs n’auront plus à s’autosurveiller ni à signaler les symptômes de COVID-19, mais ils ont toujours pour instruction de ne pas voyager lorsqu’ils sont malades.
La COVID-19 est toujours considérée comme une maladie transmissible en vertu de la Loi sur la quarantaine, et les responsables fédéraux disent que les voyageurs qui tombent malades en cours de route ou à leur arrivée au Canada devraient le signaler à un agent de bord, un personnel de croisière ou un agent des services frontaliers.
Ces changements ne suppriment pas les exigences de quarantaine ou de test de dépistage pour tous les voyageurs qui arriveront au Canada d’ici samedi.
Les personnes qui ont déjà commencé leur régime de quarantaine ou de test dans les 14 jours précédant le 1er octobre n’auront pas à continuer une fois les changements entrés en vigueur.
Aux États-Unis, la représentante républicaine de New York, Elise Stefanik, est allée jusqu’à réclamer une part de crédit pour la décision, qui est intervenue «à la suite de mon plaidoyer», a-t-elle déclaré dans un communiqué.
«Nos communautés frontalières du nord ont suffisamment souffert de la fermeture prolongée et des restrictions de voyage», a-t-elle soutenu.
Elle s’en est aussi prise au président Joe Biden, qui a déclaré la pandémie «terminée» dans une récente entrevue à l’émission «60 Minutes».
«Même si Joe Biden a admis que la pandémie est terminée, il continue de ne pas abandonner l’obligation de vaccination pour traverser la frontière nord vers les États-Unis, ce qui nuit à nos communautés frontalières du nord», a-t-elle déploré.
Les responsables de la Maison-Blanche ont refusé de dire si les règles américaines changeront de sitôt. Les responsables du département de la Sécurité intérieure n’ont pas immédiatement répondu aux demandes des médias lundi.
Les principaux partis d’opposition ont tour à tour salué lundi la levée de toutes les restrictions sanitaires liées à la COVID-19 aux frontières samedi prochain, réclamant du même souffle que le gouvernement Trudeau fasse désormais preuve de davantage de transparence.
«Ce qui est surprenant, c’est que le gouvernement dit qu’ils ont des preuves scientifiques, mais ils ne veulent pas les dévoiler. On aimerait bien voir quelles étaient les preuves scientifiques qui faisaient en sorte qu’on continuait d’utiliser une application qui a nui à l’économie pendant les derniers mois», a lancé le lieutenant du Québec pour les conservateurs, Pierre Paul-Hus, dans le foyer de la Chambre des communes.
Sur Twitter, son chef, Pierre Poilievre, a soutenu que c’est `grâce aux conservateurs' que les libéraux annoncent la fin du recours à la «désastreuse» application ArriveCAN et aux «restrictions sanitaires non scientifiques».
À ce commentaire, le premier ministre Justin Trudeau a répondu en mêlée de presse, alors qu’il s’apprêtait à participer à la période des questions, que «si on avait écouté les conservateurs sur leurs recommandations sur comment gérer une pandémie, on aurait eu des centaines de milliers de morts de plus».
Il a réitéré qu’«à chaque étape» Ottawa a «suivi les recommandations des experts en santé publique, des médecins, des scientifiques».
L’enjeu de la transparence était bien présent sur les lèvres du porte-parole bloquiste en matière de transports, Xavier Barsalou-Duval.
Le Bloc québécois «croit de bonne foi» le gouvernement lorsqu’il affirme que les décisions sont basées sur la science, a-t-il dit, ajoutant qu’«on aurait aimé ça en avoir l’assurance» et qu’«on espère qu’ils n’ont pas fait de politique avec les mesures sanitaires,»
«Tout au long de cette période-là, on a souvent demandé de voir les avis de la santé publique, de voir les documents et les données qui sous-tendent les décisions qui sont prises et ça, c’est quelque chose qui a manqué», a tranché M. Barsalou-Duval.
Dans un communiqué, le Nouveau Parti démocratique s’est réjoui de la fin des mesures frontalières «tant qu’elles sont justifiées par des données scientifiques sur la santé et expliquées de façon transparente à la population canadienne».
La porte-parole néo-démocrate en matière de transports, Taylor Bachrach, a réclamé que le gouvernement Trudeau démontre «clairement» que la décision se fonde «sur des données scientifiques en matière de santé publique, et non sur des pressions politiques».