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Il a prévenu qu'une majorité servirait uniquement «Doug Ford (le premier ministre ontarien), Toronto, l'Ontario, l'industrie automobile, l'industrie pétrolière, les banques».
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, appelle les électeurs à se méfier de l'élection d'un gouvernement majoritaire, peu importe sa couleur.
«Je les invite fortement à dire "non"», a-t-il envoyé jeudi matin en mêlée de presse, après avoir officiellement déposé sa candidature dans la circonscription de Beloeil—Chambly, en Montérégie.
M. Blanchet a prévenu qu'une majorité servirait uniquement «Doug Ford (le premier ministre ontarien), Toronto, l'Ontario, l'industrie automobile, l'industrie pétrolière, les banques».
«Et les Maritimes, le Québec, le Grand Nord, la Colombie-Britannique – n'importe qui qui n'est pas l'Ontario ou l'Alberta – paieraient le prix de ne pas avoir accordé une majorité à des gens qui n'ont pas de sensibilité aux autres régions du Québec que le Grand Toronto ou ce que les banques financent», a-t-il poursuivi.
M. Blanchet réagissait à la demande aux Canadiens qu'a formulée explicitement pour la première fois la veille le chef libéral Mark Carney de donner au Parti libéral une majorité à la Chambre des communes.
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Le moment a été propulsé par un militant présent à un rassemblement qui a crié le mot «majorité», ce à quoi M. Carney – qui parlait jusqu'alors d'un «mandat fort» – a répondu, avec enthousiasme: «oui, une majorité, nous avons besoin d'une majorité».
«Nous avons besoin d'une majorité parce que nous avons besoin de grands changements dans ce pays (...) pour ramener notre économie sur la voie», avait-il plaidé.
En conférence de presse à Ottawa, jeudi après-midi, après avoir réuni le conseil des ministres pour discuter de la réponse fédérale aux droits de douane que compte ajouter l'administration Trump, M. Carney a assuré qu'il ne fait pas preuve d'un excès de confiance.
«Il faut gagner chaque vote. Mais ce qui est nécessaire, surtout dans cette situation, est que le gouvernement ait un mandat clair et fort afin d'avoir une grande négociation. (...) Probablement la plus importante négociation pendant nos vies, surtout pendant ma vie», a-t-il dit.
Lors des deux dernières élections générales, en 2019 et 2021, les Canadiens ont élu des gouvernements minoritaires. Les libéraux étaient alors menés par l'ancien premier ministre Justin Trudeau. Et le Bloc québécois détenait la balance du pouvoir.
Fait cocasse, lorsque le chef bloquiste arrivait au bureau du directeur du scrutin à Belœil, une journaliste lui a demandé si le ciel bleu était de bon augure pour le parti, ce à quoi il a répondu du tac au tac: «L'enfer est rouge, c'est bien connu».
«Le ciel est bleu, l’enfer est rouge» est un slogan bien connu de l'époque de Maurice Duplessis, dans lequel le bleu représentait son parti, l'Union nationale, et le rouge représentait le Parti libéral.
Après une escale dans sa circonscription, M. Blanchet a passé l'après-midi à Montréal, où il a rencontré des acteurs de l'industrie aéronautique avec ses candidats et députés sortants Simon-Pierre Savard-Tremblay (Saint-Hyacinthe—Bagot—Acton) et Jean-Denis Garon (Mirabel).
À leurs côtés, le chef bloquiste a appelé Ottawa à abolir la taxe de luxe de 20 % sur les avions et hélicoptères achetés pour usage personnel, une taxe qui s'applique également, note le Bloc, aux aéronefs que se procurent les entreprises dans le cadre de leurs activités.
La formation croit que cela permettra de stimuler la demande intérieure. L'aérospatiale est «le premier secteur d'exportation du Québec, (...) 60 000 emplois», a insisté M. Blanchet lors d'un point de presse.
Le Bloc demande aussi que le gouvernement augmente ses achats de matériel militaire afin d'atteindre la cible de 2 % de l'OTAN avant 2030, et qu'il mette en place une politique qui prend en compte les retombées sur l'industrie.
Dans le contexte des nouvelles menaces de droits de douane du président américain Donald Trump, le Bloc québécois a également proposé d'offrir une subvention salariale aux travailleurs affectés, à l'image de la mesure d'urgence qui avait été adoptée pendant la pandémie de COVID-19.
M. Blanchet a fait valoir que cela permet aux employeurs de garder en poste leurs employés pendant des moments difficiles, grâce à la subvention gouvernementale.
«Donc on pense qu'on doit travailler sur un programme qui maintient le lien d'emploi entre les travailleurs, qui maintient le pouvoir d'achat des travailleurs et qui crée une capacité pour les entreprises à relancer l'activité très, très vite», a-t-il soutenu.
La subvention salariale avait été adoptée par le gouvernement Trudeau en 2020 pour aider les entreprises affectées par la pandémie.
«Ça va être difficile de se remettre dans un esprit comme le début de la COVID en campagne électorale, mais je pense que les citoyens attendent ça de leurs politiciens, d'être au-dessus de la mêlée», a ajouté M. Blanchet.
Les bloquistes avaient, en date de mercredi, des candidats dans 75 des 78 circonscriptions du Québec. Le parti promet qu'il aura une équipe complète d'ici à son conseil général de samedi, qui doit se tenir à Sherbrooke, en Estrie.
Les circonscriptions où il manque toujours un candidat sont Mont-Royal et Lac-Saint-Louis, toutes deux sur l'île de Montréal, et Pontiac—Kitigan Zibi, en Outaouais.
Yves-François Blanchet, qui soufflera 60 bougies dans un peu plus de deux semaines, est un historien et anthropologue de formation, et ancien ministre de l'Environnement du Parti québécois dans le gouvernement de Pauline Marois.
Il dirige les troupes bloquistes depuis janvier 2019. Il a succédé à Martine Ouellet, qui avait démissionné dans le tumulte d’une crise où sept députés avaient claqué la porte du parti.
M. Blanchet s’est fait élire pour la première fois dans Beloeil—Chambly lors des élections générales d’octobre 2019, et a été réélu en 2021.
Avant de faire le saut en politique, il était connu dans le monde artistique, notamment comme gérant du chanteur Éric Lapointe et comme président de l'Association québécoise de l'industrie du disque, du spectacle et de la vidéo (ADISQ).
En fin d'après-midi, son autobus de campagne s'est rendu à Saint-Eustache, dans les Laurentides, pour un souper dans une cabane à sucre et un premier rassemblement militant de la soirée. Une dizaine de candidats de la couronne nord de Montréal étaient présents.
Il est par la suite allé prêter main-forte à son candidat et député sortant dans Rivière-du-Nord, Rhéal Fortin. L'ancien chef bloquiste Gilles Duceppe était présent à l'événement, qui se tenait dans un resto-bar de Saint-Jérôme, dans les Basses-Laurentides.