Début du contenu principal.
Le gouvernement «aurait en main un outil pour rétablir la confiance des gens envers le système électoral», a lancé le chef Yves-François Blanchet.
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a réitéré la demande de son parti et du Nouveau Parti démocratique (NPD) de mettre en place une enquête «publique et indépendante» sur les allégations d’ingérence de la Chine sur les élections canadiennes.
Le chef conservateur Pierre Poilievre a joint sa voix, mercredi, à celles des autres partis d'opposition pour réclamer la tenue d'une enquête publique et indépendante sur l'ingérence chinoise.
M. Poilievre a annoncé qu'il réclamait à son tour cette enquête peu de temps avant le début d'une réunion de travail d'un comité de la Chambre se penchant sur l'ingérence étrangère.
«Ça doit être vraiment indépendant et public. […] Ça veut dire que tous les partis devraient être d'accord sur la nomination du commissaire», a-t-il dit.
Voyez les explications de Sabrina Rivet et de l'analyste politique Karl Bélanger au bulletin Noovo Le Fil 17.
En point de presse, lundi, le premier ministre Justin Trudeau n'a pas nommément dit «non» à une enquête publique, mais il n'a pas semblé chaud à l'idée.
Plus précisément, M. Blanchet demande que la personne qui présiderait cette enquête soit approuvée par l’ensemble du Parlement.
Le gouvernement «aurait en main un outil pour rétablir la confiance des gens envers le système électoral», a-t-il soutenu en conférence de presse, mercredi.
Il argumente que cette demande est «raisonnable» et favorable «au bien commun et de l’intérêt public».
Mardi, le comité mis sur pied par Ottawa pour informer les Canadiens en cas de menaces contre les élections fédérales de 2021 a conclu que le protocole a bien fonctionné dans l’ensemble. C’est l’ancien haut fonctionnaire Morris Rosenberg qui était chargé de rédiger le rapport.
De son côté, M. Blanchet estime que M. Rosenberg «ratisse très large». De plus, le rapport «souffre d’un déficit de crédibilité», notamment par le fait que ces travaux n’étaient pas publics, ajoute le chef du Bloc.
À VOIR | Tout ce qu'il faut savoir sur la possible ingérence lors des élections fédérales
Il voit également un enjeu au niveau de la relation entre M. Rosenberg et la Fondation Pierre-Elliott Trudeau, «qui aurait reçu des sommes de donateurs d’origine chinoise, ce qui en soi n’est pas l’objet de l’enquête, mais qui crée une apparence de proximité».
Le rapport du comité a constaté qu’il y avait eu des tentatives d’ingérence étrangère qui n’avaient pas atteint le seuil requis pour en informer les Canadiens. M. Rosenberg écrit qu’une telle annonce aurait été faite si les membres avaient déterminé qu’il y avait une menace «à la capacité du Canada à tenir des élections libres et équitables». Il précise qu’une telle annonce constituerait une «mesure de dernier recours», à invoquer «uniquement dans les cas les plus graves».
De son côté, M. Blanchet avance que dès qu’il y a ingérence dans une seule circonscription électorale, «c’est déjà grave».
«C’est d’autant plus grave dans une composition de la Chambre des communes qui est minoritaire», ajoute le chef bloquiste.
Dans l’affaire du député Han Dong, qui aurait bénéficié d’une aide de l’ingérence chinoisev alléguée, selon des sources anonymes du Globe and Mail, Justin Trudeau a dénoncé toute forme de racisme contre la diaspora chinoise.
Face à cet argument, le chef du Bloc insiste que la tenue d’une enquête publique permettrait justement de défendre cette communauté.
«Qu’on protège des citoyens canadiens qui ont le droit de vote et qui sont d’origine chinoise n’est certainement pas raciste à l’encontre des gens d’origine chinoise», a-t-il martelé.
Une enquête publique et indépendante sur l'ingérence chinoise se buterait aux «mêmes limites»que l'étude parlementaire en cours, croit la conseillère d'Ottawa en sécurité nationale et renseignement, Jody Thomas.
«Nous ne pouvons pas parler dans un forum public des informations qui ont trait à la sécurité nationale», a-t-elle dit mercredi au cours de son témoignage devant le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, qui se penche sur les allégations d'ingérence durant les deux dernières élections fédérales.
Mme Thomas, qui travaille au Bureau du Conseil privé - le ministère responsable du Bureau du premier ministre - a néanmoins souligné qu'elle considère que le travail fait en comité est important.
«Je pense que des enquêtes comme celle-ci sont importantes quand vient le temps de comprendre ce qui se passe. […] Je crois qu'il est important de parler d'ingérence étrangère [et] de processus électoral», a-t-elle résumé.
La conseillère a ajouté que, si une autre enquête était lancée, celle-ci devrait à son avis avoir lieu seulement devant les membres du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement.
«(Ce comité) a été créé pour des situations comme celles-ci où nous pouvons absolument être transparent avec eux et ils peuvent voir de l'information protégée puisque secrète ou top secrète (et qui vise à) informer les décideurs», a affirmé Mme Thomas.
Durant la réunion du comité, le leader parlementaire néo-démocrate, Peter Julian, a présenté une motion visant à ce que le comité demande une telle enquête indépendante. Une porte-parole de la formation politique a indiqué que le vote sur cette motion aura lieu jeudi.
En point de presse en Colombie-Britannique, le premier ministre Justin Trudeau a contourné à maintes reprises les questions des journalistes qui lui demandaient s'il déclenchera l'enquête publique réclamée.
Il a plutôt énuméré les mesures mises en place par son gouvernement pour faire face aux enjeux d'ingérence étrangère. «On a actuellement énormément de processus publics qui sont en train de se tenir: un comité parlementaire, un comité de parlementaires sur la sécurité nationale qui a la capacité de se pencher sur les enjeux top secret et classifiés», a-t-il notamment mentionné.
Le premier ministre n'a toutefois pas fermé la porte à la fameuse enquête, affirmant être «toujours ouvert à en faire plus» pour rassurer les Canadiens que les institutions sont `robustes et outillées pour contrer l'ingérence étrangère'.
L'ambassade de Chine à Ottawa dément les informations faisant état de tentatives d'ingérence électorale au Canada, affirmant que ces allégations «sans fondement» et «diffamatoires» nuisent aux relations diplomatiques.
Le gouvernement libéral subit des pressions depuis quelques semaines pour expliquer ce que fait le Canada au sujet d'allégations d'ingérence chinoise lors des deux dernières élections fédérales. Ces allégations ont été évoquées dans des fuites anonymes aux médias provenant de sources dans des agences canadiennes de sécurité.
Dans un courriel transmis mercredi à La Presse Canadienne, l'ambassade chinoise à Ottawa assure que la Chine «s'est toujours fermement opposée à toute tentative d'ingérence dans les affaires intérieures d'autres pays».
L'ambassade indique que la Chine n'est pas intéressée à se mêler des affaires intérieures du Canada et qu'elle n'a jamais tenté de le faire.
Dans le courriel, l'ambassade accuse certaines agences canadiennes, ainsi que des médias, de créer et de diffuser de la «désinformation» sur la Chine et d'«empoisonner l'atmosphère médiatique» sur le pays.
En témoignant, Mme Thomas a de son côté soutenu que les tentatives d'ingérence étrangère dans les affaires du Canada sont à la hausse et que la Chine est le principal État derrière ces menaces.
Elle a rappelé qu'un comité surveillant toute ingérence dans les élections générales de 2019 et 2021 a conclu que ces dernières avaient été justes et légitimes malgré les tentatives d'ingérence.
À ses côtés, le sous-ministre à la Sécurité publique, Shawn Tupper, a fait savoir que la Gendarmerie royale du Canada (GRC) n'enquêtait sur aucune allégation d'ingérence survenue dans la foulée du dernier scrutin.
Mardi, un rapport évaluant le travail du comité de surveillance des électionsa conclu que le gouvernement fédéral devrait envisager d'abaisser le seuil au-delà duquel il informe les Canadiens d'une ingérence potentielle dans une campagne électorale.
Le rapport indépendant de l'ancien haut fonctionnaire Morris Rosenberg a néanmoins conclu que le protocole conçu pour informer les Canadiens en cas de menaces à l'élection fédérale de 2021 fonctionnait bien dans l'ensemble.
Avec des informations de la Presse canadienne.