Début du contenu principal.
L'ex-premier ministre du Canada Brian Mulroney s'éteint
«C'est avec une grande tristesse que nous annonçons le décès de mon père, le très honorable Brian Mulroney.»
L’ancien premier ministre du Canada, Brian Mulroney, est décédé à l’âge de 84 ans, ont annoncé les membres de sa famille, jeudi.
La ministre des Affaires francophones de l'Ontario et présidente du Conseil du Trésor, Caroline Mulroney, a annoncé le décès de son père sur les réseaux sociaux.
«Au nom de ma mère et de notre famille, c'est avec une grande tristesse que nous annonçons le décès de mon père, le très honorable Brian Mulroney, le 18e premier ministre du Canada. Il est mort paisiblement, entouré de sa famille», a écrit la députée de York-Simcoe. «Nous partagerons les détails des arrangements dès qu’ils seront disponibles.»
Né le 20 mars 1939 à Baie-Comeau, sur la Côte-Nord, M. Mulroney a été une des figures les plus importantes de la politique canadienne du 20e siècle, surtout en ce qui a trait à la relation entre le Québec et le reste du Canada.
L’ancien chef conservateur s’est notamment servi de son bilinguisme pour tenter de faire le pont entre francophones et anglophones, et ainsi apaiser les tensions dans la période qui a suivi le référendum sur l’indépendance du Québec de 1980.
L’échec de l’Accord du la Meech
En tant que premier ministre de 1984 à 1993, M. Mulroney a en effet œuvré pour réconcilier le Québec avec le reste du Canada dans les négociations sur l’Accord du lac Meech, qui n’a toutefois jamais été conclu. Le but était de faire reconnaître le statut particulier du Québec au sein de la fédération canadienne en modifiant la Constitution de 1982.
Commencé en 1987, le processus de négociation de l’Accord du lac Meech s’est étendu jusqu’en 1990 et a démontré la volonté de M. Mulroney de travailler en étroite collaboration avec le Québec pour résoudre les différends constitutionnels, mais l’opposition de l’ex-PM Pierre Elliot Trudeau et une déclaration controversée de M. Mulroney relayée par les médias auront fait échouer l’entente.
L’accord semblait sur le point de se conclure en juin 1990, mais le premier ministre Mulroney avait avoué au quotidien anglophone The Globe and Mail avoir méthodiquement planifié une dernière conférence à quelques jours de l’échéance pour en venir à une entente, histoire de mettre de la pression sur les participants. La remarque n’avait pas plu, surtout aux yeux de la province de Terre-Neuve-et-Labrador et du Manitoba.
Le dénouement dramatique de l’échec de l’Accord du lac Meech aura ravivé le mouvement séparatiste au Québec du début des années 1990.
Mulroney a introduit la TPS
Brian Mulroney a connu plus de succès dans les négociations qui ont mené à la conclusion de l’Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis, ratifié en 1988, puis devenu le fameux Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) avec l’introduction du Mexique en 1994, et finalement mis à jour en tant qu’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) en 2020.
On doit aussi à M. Mulroney l’implantation de la taxe sur les produits et services (TPS) en 1991. C’est en partie l’introduction de cette taxe à l’échelle fédérale, dans un contexte de récession, qui l’auront mené à annoncer qu’il démissionnerait de son rôle de premier ministre en 1993.
Après avoir quitté la politique, l’avocat de formation a continué à jouer un rôle actif dans la société canadienne en tant qu'homme d'affaires et philanthrope. Son héritage politique et son engagement envers l'unité nationale restent des aspects incontournables de l'histoire politique du Canada.
Trois déclarations marquantes de Brian Mulroney
- Déçu de l’échec des négociations de l’accord du lac Meech, Brian Mulroney tente de faire porter le chapeau à la province de Terre-Neuve-et-Labrador et à son premier ministre de l’époque, Clyde Wells :
«Hier soir, le dernier espoir que l’accord puisse être ratifié a été anéanti quand l’Assemblée législative de Terre-Neuve-et-du-Labrador a ajourné sans tenir de vote.»
- Discours à Sept-Îles en marge des élections de 1984 :
«Je sais que bien des Québécois et des Québécoises ne seront pas contents de simples paroles. Il faudra donner des gages et poser des gestes pour atteindre l’objectif que je me suis assigné et que je réitère ici. Ensemble, nous, du prochain gouvernement conservateur, nous allons, espérons-le, et de bonne foi, convaincre l’Assemblée nationale du Québec de donner son assentiment à la nouvelle constitution canadienne avec honneur et enthousiasme.»
- Lors de son discours après avoir été élu, le 4 septembre 1984:
«Mes premiers mots seront pour vous remercier, vous, concitoyens et concitoyennes de Manicouagan. Je n’oublierai jamais l’accueil extraordinaire que vous m’avez réservé à un moment où tant de choses dépendaient de votre appui. Pour que mon parti regagne la confiance des Québécois, il fallait que je quitte les électeurs de Nova-Centre pour revenir dans ma province natale.»