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Le changement de politique de Joe Biden a ajouté un nouveau facteur d'incertitude.
La décision du président américain Joe Biden de laisser l’Ukraine frapper des cibles en Russie avec des missiles à longue portée fournis par les États-Unis a été accueillie par des avertissements inquiétants de la part de Moscou, un soupçon de menace de la part de Kyiv et des hochements de tête d’approbation de la part de certains alliés occidentaux.
Le changement de politique de M. Biden a ajouté un nouveau facteur d'incertitude, qui pourrait être potentiellement crucial à la guerre à la veille de son jalon de 1000 jours.
La nouvelle est survenue le jour où un missile balistique russe à sous-munitions a frappé une zone résidentielle de Soumy, une ville du nord de l’Ukraine, tuant 11 personnes, dont deux enfants, et en blessant 84 autres.
Lundi, une autre attaque de missiles russes a déclenché des incendies dans deux immeubles d’appartements à Odessa, dans le sud de l’Ukraine. Au moins huit personnes ont été tuées et de nombreuses autres blessées, a révélé le député ukrainien Oleksii Honcharenko dans une vidéo qu’il a publiée sur Telegram depuis le lieu de l’attaque.
Washington a assoupli les limites imposées aux frappes ukrainiennes avec des armes fabriquées aux États-Unis, ont déclaré dimanche des responsables américains à l’Associated Press, après avoir écarté pendant des mois une telle mesure par crainte d’une escalade du conflit et d’une confrontation directe entre la Russie et l’OTAN.
La portée des nouvelles directives n’est pas claire. Mais le changement est intervenu après que les États-Unis, la Corée du Sud et l’OTAN eurent récemment déclaré que des troupes nord-coréennes étaient en Russie et apparemment déployées pour aider l’armée russe à chasser les troupes ukrainiennes de la région frontalière de Koursk, en Russie.
La Russie repousse lentement l’armée ukrainienne, en infériorité numérique, dans la région de Donetsk. Elle a également mené une campagne aérienne dévastatrice et meurtrière contre des zones civiles en Ukraine.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a renvoyé lundi les journalistes à une déclaration faite par le président russe Vladimir Poutine en septembre, dans laquelle il a déclaré que de permettre à l’Ukraine de cibler la Russie augmenterait considérablement les enjeux du conflit.
Cela changerait «radicalement la nature même du conflit», avait déclaré M. Poutine à l’époque. «Cela signifie que les pays de l’OTAN – les États-Unis et les pays européens – sont en guerre avec la Russie».
M. Peskov a affirmé que les pays occidentaux qui fournissent des armes à longue portée offrent également des services de ciblage à Kyiv. «Cela change fondamentalement la modalité de leur implication dans le conflit», a-t-il soutenu.
En juin dernier, Vladimir Poutine a averti que la Russie pourrait fournir des armes à longue portée à d’autres pour frapper des cibles occidentales en réponse aux alliés de l’OTAN permettant à l’Ukraine d’utiliser leurs armes pour attaquer le territoire russe. Il a également réaffirmé la volonté de Moscou d’utiliser des armes nucléaires s’il voit une menace pour sa souveraineté.
Le président désigné Donald Trump, qui entrera en fonction dans environ deux mois, a fait planer l'incertitude quant à la poursuite du soutien militaire vital des États-Unis à l’Ukraine. Il s’est également engagé à mettre rapidement fin à la guerre.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a donné une réaction tempérée à l’approbation que son gouvernement et lui demandent à M. Biden depuis plus d’un an.
«Aujourd’hui, on parle beaucoup dans les médias du fait que nous avons reçu l’autorisation d’effectuer les actions concernées», a déclaré le président Zelensky dans une vidéo transmise dimanche.
«Mais les frappes ne se font pas avec des mots. De telles choses ne sont pas annoncées. Les missiles parleront d’eux-mêmes», a-t-il souligné.
Le ministre des Affaires étrangères de la Lituanie, membre de l’OTAN, Gabrielius Landsbergis, a déclaré qu’il «n’ouvrait pas encore le champagne», car on ne sait pas exactement quelles restrictions ont été levées et si l’Ukraine possède suffisamment d’armes américaines pour changer les choses.
Margus Tsahkna, le ministre des Affaires étrangères de l’Estonie, un autre pays balte qui craint une menace militaire de la Russie, a affirmé que l’assouplissement des restrictions sur l’Ukraine était «une bonne chose».
«Nous le disons depuis le début: aucune restriction ne doit être imposée au soutien militaire», a-t-il déclaré lors d’une réunion de hauts diplomates de l’Union européenne à Bruxelles. «Et nous devons comprendre que la situation est plus grave qu’elle ne l’était peut-être il y a quelques mois.»