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Selon le sondage, l'«ennemi commun» des Canadiens est désormais le président Trump.
Deux nouveaux sondages suggèrent que les Québécois se sentent plutôt bien dans leur relation avec le Canada ces temps-ci.
Entre décembre et février, le pourcentage de Québécois qui se disent «très fiers» ou «fiers» d’être Canadiens a augmenté de 13 points de pourcentage, passant de 45 % à 58 %, selon un sondage Angus Reid réalisé en ligne dimanche et lundi.
Le sondage Angus Reid a été mené auprès de 1811 répondants; comme il a été réalisé en ligne, on ne peut lui assigner une marge d’erreur.
L'augmentation enregistrée au Québec a ainsi été supérieure à la hausse de la moyenne nationale, qui a quant à elle grimpé de neuf points, passant de 58 % à 67 %.
Ce sont les provinces des Prairies qui tirent la moyenne nationale vers le bas, avec l'Alberta en hausse de trois points et la Saskatchewan en hausse de quatre points, mais le Manitoba en baisse de quatre points. La fierté déclarée envers l'identité canadienne est en hausse de 12 points en Colombie-Britannique, de neuf points en Ontario et de 15 points dans les provinces de l'Atlantique.
Le sondage a également révélé une hausse de la proportion de Canadiens qui affirment avoir un «profond attachement émotionnel au Canada»: elle est passée de 30 % à 45 % au Québec et de 49 % à 59 % dans l'ensemble du Canada.
«Les ennemis de mes ennemis sont mes amis», a déclaré Daniel Béland, directeur de l'Institut d'études canadiennes de McGill. Alors que le Canada est au bord d’une guerre tarifaire avec les États-Unis, a-t-il dit, l’«ennemi commun» est désormais le président américain Donald Trump.
«Il y a un sentiment d’unité dans l’adversité» et l’identification au Canada est utilisée comme «étant une sorte de bouclier contre la menace Trump», a estimé le professeur Béland.
Geneviève Tellier, professeure à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa, estime que la menace tarifaire du président Trump a été perçue comme «une attaque, une trahison, même», et a touché «une corde sensible» provoquant une «vague de patriotisme».
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Elle rappelle que les sondages montrent rarement que les Québécois se considèrent comme étant «dans le même bateau» que les autres Canadiens. «Jusqu'à présent, on pensait qu’au Québec, c'était différent que dans le reste du Canada, donc on allait voter le Bloc (québécois) pour justement représenter cette différence-là. Mais avec cette crise-là, ça a ramené les Québécois qui sont au diapason avec le reste du Canada.»
«Ça, c'est des bonnes nouvelles pour les libéraux, très certainement. Ça devrait inquiéter les conservateurs, mais aussi le Bloc au Québec», croit la professeure Tellier.
Et alors que les sondages d'intentions de vote provinciaux donnent le Parti québécois souverainiste en tête, Frédéric Boily, professeur de science politique à l'Université de l'Alberta, croit qu'avec ce «vent de patriotisme» canadien qui souffle sur le pays, «le moment n’est pas favorable pour le nationalisme québécois».
«L'idée qu’il faut faire front commun pour être capable de lutter contre Donald Trump, qui est presque désigné maintenant comme un ennemi du Canada, ça enlève aussi des arguments au nationalisme québécois – de dire qu’on pourrait éventuellement réagir plus efficacement que ne le fait le Canada si on était une nation.»
Un autre nouveau sondage, mené par Léger pour l'Association d'études canadiennes, suggère que les Québécois sont beaucoup plus portés que les autres Canadiens de croire que la relation entre leur province et le reste du pays est solide.
Près de deux Québécois sur trois (64 %) pensent que cette relation est «plutôt bonne» ou «très bonne».
À l'extérieur du Québec, 52 % des Britanno-Colombiens, 50 % des Ontariens, 49 % des Manitobains et des Saskatchewanais, 48 % des Canadiens de l'Atlantique et 29 % des Albertains estiment que la relation entre le Québec et le reste du pays est bonne.
Selon le professeur Béland, de McGill, le «ressentiment» de nombreux Albertains à l'égard du Québec, «surtout chez les conservateurs albertains qui pensent que le Québec a trop de pouvoir au sein du Canada», influence la façon dont ils évaluent les relations entre le Québec et le reste du Canada.
Il estime que ces sentiments découlent de l'opposition passée du Québec à la construction d'un pipeline et de la conviction que la province reçoit beaucoup de péréquation.
Le sondage Léger révèle également des différences d'opinions importantes au sein même du Québec: 66 % des francophones pensent que la relation avec le reste du Canada est généralement bonne, alors que seulement 56 % des anglophones sont du même avis.
Seuls 40 % des Québécois de 18 à 24 ans estiment que la relation de la province avec le reste du Canada est bonne, alors que le pourcentage de répondants des autres groupes d'âge qui sont d'accord avec cette affirmation varie de 57 % à 72 %.
Le sondage Léger a été réalisé en ligne du 17 au 19 janvier auprès de 1578 Canadiens. Il n'a aucune marge d'erreur, puisqu'il ne s'agit pas d'un échantillon probabiliste.
Avec les informations de Michel Saba