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Au même moment, des militantes du groupe Les Mères au front dénonçaient, une fois de plus, la permission accorder à Glencore de dépasser les normes d’émission de polluants de la province.
La Fonderie Horne de Rouyn-Noranda a annoncé le lancement d’un programme volontaire de biosurveillance à l’arsenic pour ses employés, leur famille, leur entourage et certains citoyens du secteur.
L’entreprise, qui émet des émissions d’arsenic beaucoup plus élevées que ce qui est autorisé par la norme provinciale, a annoncé, jeudi matin, qu’elle permettra à des centaines de personnes de participer à une étude de biosurveillance.
Cette étude s’adressera principalement aux employés et à leurs proches, mais les résidants de Rouyn-Noranda qui souhaitent y participer peuvent en faire la demande.
L’objectif du programme est double, a expliqué le directeur général de la Fonderie Horne, Vincent Plante, en conférence de presse.
L’entreprise veut «fournir à nos employés, à leur famille et à leur entourage résidant à Rouyn-Noranda l’opportunité d’évaluer leur exposition biologique à l’arsenic, ainsi que mieux documenter et comprendre l'exposition biologique au niveau communautaire».
Glencore, propriétaire de la fonderie, a mandaté la firme indépendante Intrinsik pour procéder à l’étude qui débutera en avril prochain et qui devrait durer dix mois.
Pendant cette période, Intrisink recueillera cinq fois des échantillonnages d’urine auprès des volontaires et un échantillonnage d’ongles d’orteils.
Il est également prévu qu’une «série d’échantillonnages de sols et de poussières intérieures» soient collectés «chez chaque participant qui y consentira, selon un calendrier bien précis».
Les résultats individuels «seront transmis aux participants qui y auront consenti» et «les résultats communautaires seront présentés aux participants ainsi qu’à l’ensemble de la communauté en avril 2026», a expliqué Glencore dans un communiqué.
Le patron de la fonderie a garanti que «les renseignements recueillis par la firme indépendante» sur « l'identité des participants» demeureront «complètement confidentiels» et ne seront pas partagés avec la fonderie.
Le directeur général de la Fonderie Horne a également laissé entendre, lors de la conférence de presse, qu'il aurait aimé que la Santé publique réalise une étude de biosurveillance pour les employés de la fonderie.
«Ça fait quand même cinq ans qu'on demande une nouvelle étude», a indiqué Vincent Plante, qui est d'avis que les études de biosurveillance de 2018 et 2019 «ont laissé de nombreuses questions en suspens», sans apporter de véritables réponses.
«Je dirais que ça l'a amené à certains égards aussi beaucoup de méfiance envers la Fonderie Horne», a t-il ajouté.
La Santé publique avait réalisé des études de biosurveillance dans le quartier Notre-Dame à Rouyn-Noranda en 2018 et 2019.
Les résultats montraient notamment que les concentrations d’arsenic dans les ongles des citoyens de ce quartier étaient en moyenne 3,7 fois plus élevées que celles observées auprès de la population d’Amos, une ville de la région.
La Santé publique avait également souligné qu’une concentration élevée d’arsenic peut entraîner une augmentation du risque cancérigène.
En mars 2023, le gouvernement a exigé que la Fonderie Horne mette en place un plan qui lui permette de respecter le seuil de 15 nanogrammes par mètre cube (ng/m3) d’arsenic à partir de 2027, ce qui serait, si la fonderie respecte la cible, cinq fois plus élevé que la norme environnementale, qui est de 3 ng/m3.
L’entente précédente avec Glencore, qui avait été signée avec le gouvernement libéral en 2017, permettait que les émissions d’arsenic de la fonderie atteignent une moyenne annuelle de 100 ng/m3, soit 33 fois plus que la norme.
Au printemps 2023, le gouvernement a également imposé à l’entreprise qu’elle présente un plan d’action d’ici 2027, pour éventuellement atteindre la norme 3 ng/m3.
Au même moment où les dirigeants de la fonderie annonçaient le lancement d’un programme volontaire de biosurveillance à l’arsenic, des militantes du groupe Les Mères au front dénonçaient, une fois de plus, la permission accorder à Glencore de dépasser les normes d’émission de polluants de la province.
Celles-ci se sont rendues à l’Assemblée nationale, jeudi, avec l’intention notamment de distribuer des exemplaires du nouveau livre «Zones sacrifiées» à certains députés.
À voir | Combat contre la Fonderie Horne: «tout le Québec est concerné»
«Alors que nous assistons, impuissants, à l’effritement de la démocratie et du bien commun, nous avons ici la possibilité d’agir et de faire en sorte que le gouvernement arrête de sacrifier impunément une partie de sa population», a mentionné Anaïs Barbeau-Lavalette, coinstigatrice de Mères au front et coauteure du livre Zones sacrifiées.
Dans un communiqué, Les Mères au front ont indiqué qu’une «performance artistique s’est tenue à l’extérieur devant l’Assemblée nationale».
En après-midi, les Mères au front ont publié des photos montrant des manifestantes, devant l’Assemblée nationale, partiellement dénudées, les seins couverts de peinture noire.
Le même communiqué indique que les militantes se sont rendues à l’Assemblée nationale pour exiger que «la Fonderie Horne respecte enfin les normes d’émission québécoises pour tous les contaminants toxiques, dont l’arsenic. Que le gouvernement du Québec cesse d’ignorer la crise sanitaire à Rouyn-Noranda et prenne des mesures immédiates et que les élus rendent des comptes et arrêtent de privilégier les intérêts des multinationales au détriment de la santé publique».
Les émissions d’arsenic de la Fonderie Horne sont associées à un risque estimé accru de cancer.
À l’été 2022, un rapport de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) révélait que, sur une période de 70 ans, un nombre excédent de citoyens de Rouyn-Noranda, entre un et 14, développeraient un cancer si l’entreprise Glencore ne diminuait pas la concentration d’arsenic dans l’air produit par la fonderie.