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Près de quatre ans après le dépôt du rapport sur les relations entre les Autochtones et certains services publics du Québec, un peu moins du tiers des appels à l’action de la Commission ont été mis en branle.
Près de quatre ans après le dépôt du rapport sur les relations entre les Autochtones et certains services publics du Québec, un peu moins du tiers des appels à l’action de la Commission ont été entamés, ce qui laisse croire au Protecteur du citoyen que la «discrimination systémique perdure» à l’égard des membres des Premières Nations et des Inuits.
Marc-André Dowd a publié mercredi un premier rapport de suivi de la Commission Viens et entend en publier d’autres, car son équipe croit que l’élaboration d’une stratégie de mise en œuvre globale assortie d’un budget et de ressources humaines additionnelles est nécessaire pour mettre fin à cette discrimination systémique, que n’a jamais reconnue François Legault.
Sur les 142 appels à l’action du rapport de la Commission d'enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics québécois, le gouvernement Legault a pris des mesures pour moins de 50 d’entre eux, ce qui empêche la province de mettre fin à la discrimination systémique envers les Autochtones, selon le Protecteur du citoyen.
«Je constate que les initiatives demeurent morcelées, que les progrès sur des réformes urgentes se font attendre et, pour ne citer qu'un exemple, que la surreprésentation persistante des enfants autochtones en protection de la jeunesse est loin de donner lieu aux correctifs qui s'imposent», a commenté M. Dowd dans un communiqué.
Le Protecteur du citoyen travaille au suivi des recommandations de la Commission Viens depuis 2021. Parmi les priorités qui resteraient à concrétiser, il faudrait, entre autres, développer «en urgence» une stratégie à long terme pour combler les besoins de logement en milieu autochtone; arrimer les services éducatifs aux besoins des élèves et des étudiants autochtones; Aassurer la sécurité des femmes autochtones et le respect de leur droit à l'intégrité physique et à l'égalité; et abolir et prévenir toute forme de discrimination à l'égard des Premières Nations et des Inuit dans les services de santé et les services sociaux.
Refusant toujours de reconnaître l'existence de la discrimination systémique et d'adopter le Principe de Joyce, le gouvernement du Québec a tenté «un premier pas» en septembre en imposant sa version de la sécurisation culturelle des Autochtones dans le réseau de la santé.
La Commission des institutions de l'Assemblée nationale a entrepris les consultations particulières sur le projet de Loi instaurant l’approche de sécurisation culturelle au sein du réseau de la santé et des services sociaux, un document de quatre pages déposé à la toute fin de la dernière session parlementaire.
La recommandation d'enchâsser la sécurisation culturelle» dans la loi sur la santé a été formulée dans le rapport de la Commission Viens, en septembre 2019. Pour le ministre des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, la mort tragique de Mme Echaquan a «remis en évidence l'importance d'agir», mais le gouvernement québécois refuse d'adopter le principe qui porte son nom proposé par le Conseil des Atikamekw de Manawan et le Conseil de la Nation Atikamekw.
L'énoncé s'inspire de la déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Il exige la reconnaissance de la discrimination systémique et se veut un engagement pour un accès équitable et sans discrimination à des soins de santé culturellement sécuritaires.
Dans un communiqué envoyé mercredi, Femmes Autochtones du Québec (FAQ) a indiqué accueillir favorablement le rapport du Protecteur du citoyen.
«Bien que nous souhaitions que le gouvernement écoute et applique les recommandations du Protecteur du citoyen, nous aimerions surtout que le gouvernement du Québec prête la même oreille attentive à l’endroit des organisations autochtones et de nos recommandations. Mentionnons également que le rapport du Protecteur du citoyen s’ajoute à une longue liste de documents, émanant d’organisations autochtones et allochtones, qui attestent de l’existence du racisme et de la discrimination systémiques au Québec. Il est plus que temps pour le gouvernement de nous écouter et d’en faire de même», affirme Marjolaine Étienne, présidente de Femmes Autochtones du Québec.
La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) abonde dans le même sens et juge «aberrant» de constater qu'«encore trop peu» d'actions aient été menées à la suite des conclusions de la commission Viens.
«Il est urgent que le gouvernement assume encore plus ses responsabilités et se mette en action sur la centaine de recommandations qui n’ont même pas encore été effleurées, quatre ans plus tard», souligne la vice-présidente de la CSQ, Anne Dionne.
Avec de l'information de La Presse canadienne et d'Émile Bérubé-Lupien pour Noovo Info.