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À l'automne, la Banque du Canada a affiché sa première perte en 87 ans d'histoire.
La Banque du Canada pourrait perdre jusqu'à 8,8 milliards $ au cours des prochaines années, selon un nouveau rapport, ce qui pourrait représenter un défi pour les communications de la banque centrale.
Le document de l'Institut C.D. Howe calcule que les pertes totales pour les deux à trois prochaines années devraient s'élever entre 3,6 milliards $ et 8,8 milliards $.
«Une grande partie de ce qui détermine l'ampleur des pertes dépend en fait des taux d'intérêt au cours des deux ou trois prochaines années», a expliqué Trevor Tombe, professeur d'économie à l'Université de Calgary et coauteur du rapport.
À l'automne, la Banque du Canada a affiché sa première perte en 87 ans d'histoire, qui s'élevait à 522 millions $ pour le troisième trimestre.
Dans son rapport financier, la banque centrale a indiqué que les revenus provenant des intérêts sur ses actifs n'avaient pas suivi la cadence des charges d'intérêt sur les dépôts à la banque, qui ont augmenté dans un contexte de hausse des taux d'intérêt.
Ce problème devrait perdurer, car les taux d'intérêt demeurent élevés.
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L'autre facteur influençant l'ampleur des pertes est la taille des dépôts des grandes institutions financières à la banque centrale, a précisé M. Tombe.
Bien que les pertes n'affectent pas la capacité de la Banque du Canada à mener sa politique monétaire, M. Tombe a estimé qu'elles posaient un défi de communication pour la banque centrale.
«Plusieurs verront cela et se diront: "eh bien, cela ne signifie-t-il pas que la banque est insolvable?"» a-t-il affirmé.
Historiquement, la Banque du Canada a toujours réalisé un profit, qu'elle remet au gouvernement fédéral. Selon le rapport, sur toute l'histoire de la banque, ces bénéfices totalisent environ 160 milliards $ en dollars de 2021.
Cependant, les décisions politiques de la banque centrale pendant la pandémie ont conduit à la situation actuelle.
En réponse à la crise économique provoquée par la COVID-19, la Banque du Canada a considérablement augmenté ses actifs dans le cadre d'un programme d'achat d'obligations gouvernementales. Également connue sous le nom d'assouplissement quantitatif, cette politique faisait partie des efforts de la banque centrale pour stimuler l'économie.
Cette expansion des actifs coûte maintenant à la banque centrale, puisqu'elle a payé les obligations d'État en créant des soldes de règlement.
Avec des taux d'intérêt maintenant élevés, les charges d'intérêt que la banque centrale paie sur ces soldes de règlement ont dépassé les intérêts qu'elle gagne sur les obligations d'État.
Bien que les pertes soient une première pour la Banque du Canada, d'autres banques centrales qui se sont également engagées dans un assouplissement quantitatif pendant la pandémie réalisent également des pertes.
La Banque du Canada se tourne maintenant vers le gouvernement fédéral pour trouver une solution pour équilibrer ses comptes. Cependant, des économistes notent que les solutions ne sont que des questions de comptabilité et que les pertes seront inévitablement couvertes par le gouvernement.
M. Tombe a fait valoir que même s'il ne s'agissait que de trouver une solution comptable appropriée, cela restait important en raison de l'attention politique récente portée à la banque centrale.
«Toute nouvelle atteinte potentielle à la réputation qu'elle encaisserait pourrait éroder davantage la confiance du public envers l'institution», a-t-il affirmé.
M. Tombe et son coauteur recommandent que la Banque du Canada ait recours à une charge reportée, ce qui permettrait à la banque centrale d'engager les pertes actuellement encourues sur les bénéfices futurs attendus.
Ainsi, au fur et à mesure que la Banque du Canada recommencerait à faire de l'argent, elle conserverait les bénéfices au lieu de les remettre dans les coffres du gouvernement.
Cependant, cette solution nécessiterait une modification de la Loi sur la Banque du Canada, qui ne permet pas actuellement à la banque centrale de conserver ses profits.
Selon M. Tombe, si la loi devait être modifiée, ce serait une bonne occasion de préparer la Banque du Canada pour la prochaine fois où elle pourrait subir des pertes.
«Nous devrions anticiper la possibilité de nous retrouver à nouveau dans une situation comme celle-ci, a noté M. Tombe. Et c'est donc l'occasion de réfléchir à des réformes plus importantes de la Loi sur la Banque du Canada, pour nous assurer que nous serons prêts pour la prochaine fois.»