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Société

«Je suis homophobe et c'est mon droit»: qu'est-ce qui explique l'intolérance grimpante chez nos jeunes?

Noovo Info s'est penché sur la question.

Texte :

L'intolérance auprès des personnes LGBTQ+ est à la hausse dans les écoles secondaires du Québec. C'est ce que révèle une étude de GRIS-Montréal, qui affirme qu'il est urgent d'agir.

Dans son étude, l'organisme a relevé une augmentation des discours teintés de commentaires comme «Je suis homophobe et c'est mon droit» ou encore «Arrêtez de normaliser une honte».

«On l’observe dans notre école, on ne fait pas exception, malheureusement», admet la psychoéducatrice à l'école secondaire Mitchell-Montcalm, Valérie Bolduc.

Selon elle, la montée de l'extrême droite explique notamment ce changement de cap chez nos jeunes. «La polarisation de la société peut avoir une incidence sur le discours des jeunes. Par contre, je crois que l'école peut être un bon milieu pour renverser cette tendance», estime Mme Bolduc. 

Cette montée de l'intolérance ne passe d'ailleurs pas inaperçue chez les jeunes des communautés concernées, relève le directeur général de GRIS-Estrie, Samuell Beaudoin, qui soutient que la popularisation des discours masculinistes contribue aussi à cet état de fait.

Son organisme appelle à contrer la montée de l'intolérance, notamment par la sensibilisation du personnel, des parents et des élèves aux réalités LGBTQ+. 

Les garçons plus mal à l'aise

Des jeunes du Saguenay-Lac-Saint-Jean ont avoué au micro de Noovo Info qu'ils ne constataient pas vraiment de hausse de l'intolérance dans leurs cercles sociaux. 

«Je n'ai jamais vraiment vu d'intimidation liée à l'homophobie», a confié une jeune.

À VOIR | Homophobie chez les jeunes: le reportage de Frédérica Fortin-Foster

Mais de son côté, la Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ) n'a pas la même perception.  «Le constat aujourd'hui, c'est qu'on réalise qu'il y a un certain inconfort qui s'installe. C'est une tendance qui va de l'autre côté, c'est-à-dire une montée de l'intolérance, de l'incompréhension», déplore la présidente, Mélanie Violette.

La directrice de recherche de GRIS-Montréal, Gabrielle Richard, relève d'ailleurs que l'inconfort semble surtout manifeste chez les garçons. «Ils ont des niveaux de malaise beaucoup plus élevés que les jeunes filles, et ce, sur l'ensemble de nos énoncés», souligne-t-elle.

«Je me suis déjà fait dire d'aller mourir»

Malheureusement, la Mauricie et le Centre-du-Québec n'échappent pas à cette tendance.

«Je me suis déjà fait dire d'aller mourir parce que je suis trans», a exprimé un.e élève au micro de Noovo Info.

Le directeur général d'Ensemble pour le respect de la diversité, Rafaël Provost, tire un constat clair de cette situation: ce type d'intolérance est tout simplement devenu décomplexé.

«Ce n'est pas surprenant. On côtoie cette haine, cette violence décomplexée», mentionne-t-il.  M. Provost note qu'un manque d'éducation contribue fortement à cette flambée d'intolérance.

À VOIR | Homophobie chez les jeunes: le reportage de Valérie Gendron

Si plusieurs intervenants sondés par Noovo Info ont ciblé les réseaux sociaux comme vecteur de mauvaise influence chez les jeunes, le directeur général de Trans Mauricie, Mykaell Blais rappelle que les médias de masse n'y sont pas indifférents non plus.

«Les discours médiatiques de certaines personnes chroniqueuses... On le voit aussi dans la politique, quand des grands dirigeants d'État tiennent des propos complètement haineux, c'est sûr que la population générale se l'autorise aussi», fait-il valoir.

L'organisme de M. Blais est d'ailleurs régulièrement la cible de gestes haineux et de vandalisme.

Entre 2017 et 2024, le niveau de malaise des jeunes face à l'homosexualité de leur meilleur ami est passé de 15,2 % à 33,8 % pour une amie lesbienne et de 24,7 % à 40,4 % pour un ami gai, a exposé Gabrielle Richard, directrice de la recherche au GRIS-Montréal.

L'intolérance est observable chez tous les groupes d'âge, peu importe leur genre, leur religion ou la région où se situe l'école. Les résultats de l'étude sont basés sur plus de 35 700 questionnaires complétés par des élèves du secondaire dans plusieurs régions du Québec. Il s'agit de la plus grande base de données longitudinales à ce sujet au pays.

À voir dans la vidéo.