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Les résultats de l'étude menée par GRIS-Montréal sont basés sur plus de 35 000 questionnaires complétés par des élèves du secondaire dans plusieurs régions du Québec.
Une montée de la haine envers les personnes LGBTQ+ dans les milieux scolaires inquiète l'organisme GRIS-Montréal et la Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ)..
Des porte-paroles des deux organismes ont fait part de leurs préoccupations lors d'un point de presse, jeudi matin, dans les locaux du campus de Longueuil de l'Université de Sherbrooke. Dans le cadre du colloque annuel de la Table nationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie des réseaux de l’éducation, ils ont présenté des données qui démontrent que le niveau de malaise des jeunes face à l'homosexualité de leur meilleur ami a doublé.
Entre 2017 et 2024, il est passé de 15,2 % à 33,8 % pour une amie lesbienne et de 24,7 % à 40,4 % pour un ami gai, a exposé Gabrielle Richard, directrice de la recherche au GRIS-Montréal. L'intolérance est observable chez tous les groupes d'âge, peu importe leur genre, leur religion ou la région où se situe l'école.
Cette hausse aurait été particulièrement prononcée durant l’année scolaire 2021-2022. Selon GRIS-Montréal et la FCPQ, il y a eu en parallèle une augmentation des discours haineux et des violences dans les écoles «comme en témoignent des commentaires tels que ''je suis homophobe et c’est mon droit'' ou encore ''arrêtez de normaliser une honte''».
Les résultats de l'étude menée par GRIS-Montréal sont basés sur plus de 35 700 questionnaires complétés par des élèves du secondaire dans plusieurs régions du Québec. Il s'agit de la plus grande base de données longitudinales à ce sujet au pays.
Mélanie Laviolette, présidente de la FCPQ, s'est dite abasourdie par les résultats. «Je pensais que les jeunes d'aujourd'hui étaient plus ouverts, plus inclusifs, plus acceptants qu'à l'époque où j'étais moi-même au secondaire. Disons que ma bulle a pété un petit peu», a commenté la maman de deux adolescents.
Elle appelle les parents à agir dans leur foyer, notamment en intervenant auprès de leurs jeunes lorsqu'ils ont des propos inappropriés.
Mme Richard a précisé que de façon générale, les données montrent que le niveau de malaise est plus grand chez les garçons et le déclin est plus prononcé, de même que pour les élèves qui ne connaissent pas de personnes LGBTQ dans leur entourage.
La spécialiste affirme que ces comportements chez les jeunes sont exacerbés par les «réseaux sociaux, la polarisation des attitudes et la montée des discours masculinistes».
En 20 ans de carrière auprès de GRIS-Montréal, la directrice générale Marie Houzeau s'est dite «consternée de voir que nous devons de nouveau nous battre pour que nos jeunes puissent s’épanouir sans craindre le rejet ou la violence». Elle appelle les parents et les pouvoirs publics à agir ensemble.
«C'est du jamais vu, lâche-t-elle en conférence de presse. Le niveau d'aise des jeunes augmentait chaque année depuis qu'on collige des données (1994) jusqu'en 2018-2019 où il y a eu une stagnation et puis un déclin.»
Les élèves ont également été sondés sur leur tolérance par rapport à l'homoparentalité. La question de l'enquête leur demandait leur niveau d'aisance par rapport à cet énoncé: «deux hommes en couple ont le droit de fonder une famille et d'élever des enfants». Les résultats indiquent que la proportion de jeunes étant très mal à l'aise est passée de 10,4 % en 2017-2018 à 24,4 % en 2023-2024.
En réaction aux chiffres diffusés jeudi, la Coalition des familles LGBT+ a partagé que des parents issus de la diversité sexuelle leur rapportaient de plus en plus être inquiets du niveau de violence des propos homophobes et transphobes que leurs enfants entendent à l’école. Dans certains milieux, affirme l'organisme, il y a même des jeunes qui se disent «nazis».
La Coalition des familles LGBT+ déplore aussi que les résultats de l'enquête indiquent qu’environ un jeune sur quatre pense qu’une famille homoparentale est «moins bonne» qu’une famille hétéroparentale.