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«Sors! Sors!» et « Assasins!» ont crié des gens dans la foule.
Une foule de survivants enragés a lancé dimanche de la boue sur le couple royal espagnol lors de leur première visite à l’épicentre de la catastrophe naturelle la plus meurtrière au pays depuis des siècles.
Le diffuseur public espagnol RTVE a rapporté que des pierres et d'autres objets ont été lancés, blessant deux gardes du corps du roi d'Espagne.
«Sors! Sors!» et «Assasins!» ont crié des gens dans la foule de la ville de Paiporta, près de Valence, entre autres insultes. Les gardes du corps ont ouvert des parapluies pour protéger la famille royale et d’autres fonctionnaires de la boue lancée sur eux.
Il s'agit d'un incident sans précédent pour cette monarchie qui façonne avec soin son image dans ce pays de plus de 48 millions d’habitants.
Les autorités ont dû évacuer également le premier ministre Pedro Sánchez peu après que son contingent eut commencé à marcher dans les rues couvertes de boue d’une des zones les plus touchées, où plus de 60 personnes ont perdu la vie. Les inondations du 29 octobre dernier ont fait au moins 205 morts dans l’est de l’Espagne.
La colère s’est déchaînée contre un État qui semble incapable de répondre aux besoins des gens habitués à vivre sous un gouvernement efficace.
La police a dû intervenir, certains officiers à cheval, pour retenir les gens hostiles dans la foule, dont certains brandissaient des pelles et des bâtons.
La reine Letizia n'a pu retenir ses larmes après avoir parlé à plusieurs sinistrés, dont une femme qui pleurait dans ses bras.
Malgré des taches de boue sur son visage, le roi Felipe VI est resté calme et a fait plusieurs efforts pour parler individuellement à des résidents. Il a insisté pour essayer de parler avec les gens alors qu’il essayait de poursuivre sa visite.
Une femme a quand même frappé une voiture officielle avec un parapluie et une autre l’a frappé avant qu’elle ne parte.
Les événements publics du couple royal d'Espagne sont généralement accueillis par une foule d'admirateurs.
Le roi Felipe, âgé de 56 ans, a pris le trône lorsque son père, Juan Carlos, a abdiqué en 2014 après avoir été terni par des scandales financiers et personnels. Le nouveau monarque et son épouse Letizia, âgée de 52 ans, une ancienne journaliste, consacrent une part importante de leur programme public à des causes culturelles et scientifiques.
Les visites sur les lieux de tragédies nationales font également partie des devoirs royaux pour les monarques, considérés comme une force stabilisatrice dans une monarchie parlementaire rétablie après la mort du dictateur Francisco Franco en 1975.
La colère du public contre la gestion inefficace de la crise s’est cependant accrue.
«Nous n’avons pas d’eau», a notamment affirmé une femme à la reine.
Cinq jours après les inondations, de nombreuses personnes n’ont toujours pas accès à l’eau potable à Valence. L'accès à Internet est déficient et la plupart des gens n'ont retrouvé le courant que samedi. Les magasins et supermarchés sont en ruines à Paiporta, qui compte 30 000 habitants, où de nombreux immeubles sont encore ensevelis par des détritus et de la boue, alors que d’innombrables voitures entassées bloquent les accès.
Des milliers de personnes ont vu leur maison détruite par une vague de boue semblable à un tsunami et l’indignation face à la mauvaise gestion de la catastrophe a commencé.
Les inondations avaient déjà frappé à Paiporta lorsque les autorités régionales ont émis une alerte sur les téléphones mobiles. L'alerte a sonné deux heures trop tard.
La frustration a été alimentée par l’incapacité des fonctionnaires à réagir rapidement aux conséquences. La plupart des travaux de nettoyage ont été effectués par les résidents eux-mêmes et des milliers de bénévoles.
«Nous avons tout perdu!» pouvait-on régulièrement entendre.
Les commentaires entendus dimanche incluaient des appels à la démission du président de la région de Valence, Carlo Mazón, dont l’administration est responsable de la protection civile.
«Je comprends l’indignation et bien sûr, je suis resté pour la recevoir, a déclaré M. Mazón dans un gazouillis sur le réseau social X. C’était mon obligation morale et politique. L’attitude du roi ce matin était exemplaire.»