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Inna Fomina est arrivée au Canada avec son fils de 1 an il y a peu de temps et déjà elle en savoure la quiétude et la sécurité.
Sur le tapis d’un local dans l’ouest d’Ottawa, le petit Adrian joue sous le regard attendri de sa mère, indifférent à l’animation tout autour.
Inna Fomina est arrivée au Canada avec son fils de 1 an il y a peu de temps et déjà elle en savoure la quiétude et la sécurité.
Elle fréquente ce café ukrainien improvisé, ouvert pour venir en aide aux réfugiés comme elle. C'est tout un réseau d'entraide mis sur pied par la communauté canadienne d'origine ukrainienne.
«C'est une autre planète ici, tout est si gros, les maisons, les voitures», image-t-elle en souriant.
Sa voix douce raconte l'horreur, l’errance, mais aussi l’espoir et la résistance .
La jeune maman a été déracinée plusieurs fois au cours des derniers mois.
Elle vient de Krementchouk, sur le bord du Dniepr, une ville bombardée par les Russes.
Son mari est encore là-bas, où il travaille dans le domaine informatique. Il ne peut sortir d'Ukraine, car il est en âge de servir sous les drapeaux.
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Jamais elle n’avait cru la guerre possible jusqu’à ce que la conflagration éclate en février, a-t-elle déclaré en entrevue à La Presse Canadienne .
«Mon père faisait des blagues à ce propos», comme quoi ce n'était pas pris au sérieux.
Puis un matin, belle-maman appelle à 6h00: Kharkiv est attaquée.
«Je pensais que cela n'allait durer que quelques jours», dit-elle. Elle se trompait.
Le village de ses parents a été détruit en partie. Ils se sont enfuis. Inna et sa famille ont vécu à neuf dans un appartement, avec le bambin de deux mois.
Elle a convenu de partir avec Adrian, fuir le pays, quitter sa ville bombardée, trouver refuge au Canada. Le centre commercial où elle faisait ses emplettes pour son fils a été détruit par des frappes russes .
«De toute façon, nous allions devoir un jour recommencer à zéro.»
D'abord se rendre dans l'ouest du pays, puis de Lviv, 32 heures d'autocar avec le petit mousse, jusqu'à Lyon, en France. Pourquoi?
Pour pouvoir ainsi compléter les formalités complexes du Canada et obtenir les données biométriques requises, ce qui était impossible ou trop long en Ukraine ou en Pologne.
Il lui a fallu ensuite six mois pour obtenir les papiers nécessaires et finalement elle est arrivée au Canada au début du mois d'octobre.
Elle habite maintenant un petit appartement avec son fils et bénéfice du réseau des Canadiens d’origine ukrainienne qui a ouvert ce café. Elle espère trouver du boulot en informatique.
Ce soir-là, on présentait un film documentaire sur la résistance ukrainienne. Même l’ambassade d’Ukraine à Ottawa est associée à l’activité.
Assis au bar, Borys Syrskyj, un militaire à la retraite âgé de 69 ans. Il voulait s'enrôler en Ukraine, mais on l'a refusé à cause de son âge. Il fait du bénévolat pour le café.
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Ils sont 6 millions d'Ukrainiens à avoir fui vers la Pologne voisine, soit pour y rester, soit pour repartir, a souligné Anton Struwe, un des bénévoles présents ce soir-là, très engagé dans l'assistance aux déracinés.
Les besoins sont nombreux, il faut trouver de quoi les accueillir: alimentation, appartement, des meubles, du travail, une école, un médecin, etc.
Justement, un médecin qui est allé en Ukraine au printemps pour porter secours aux blessés passe afin d’offrir ses services aux nouveaux arrivants qui doivent consulter. On note son nom.
«Chaque paire de bras peut aider», souligne M. Syrskyj.
Les bénévoles s’activent dans le local situé à l’étage d’un immeuble commercial anonyme. Ils servent de grandes assiettes de fromage, de crudités, de saucisson, de desserts typiques de l’Europe de l’Est. On se prépare pour la projection du documentaire. Les spectateurs commencent à arriver.
Sur le comptoir du bar trône une petite statue, un cosaque, reconnaissable au costume, à la chevelure, à la moustache notamment — un symbole de la culture ukrainienne, indomptable, farouche. Il semble veiller sur Inna et Adrian.