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C'est le cas de le dire...
Avec leur propre sort et celui de la France en jeu, les candidats profitaient des derniers instants pour faire campagne, vendredi, en vue du premier tour d'élections législatives qui pourrait sonner le glas du gouvernement centriste du président Emmanuel Macron face à l'extrême droite montante.
Alors que les sondages indiquent que le Rassemblement national pourrait augmenter considérablement le nombre de ses députés à l'Assemblée nationale, les élections pourraient radicalement modifier la trajectoire du plus grand pays de l'Union européenne et paralyser le président Macron – qui a été une force motrice dans le processus décisionnel de l'Union européenne – pour le reste de son deuxième et dernier mandat présidentiel.
Une victoire de l’extrême droite, qui fait suite à sa montée en puissance lors des élections au Parlement européen ce mois-ci, risque d’imposer au président un premier ministre du Rassemblement national, Jordan Bardella, âgé de 28 ans. Cela entraînerait la deuxième économie de l'UE en territoire inconnu, car les projets des deux hommes pour l'avenir de la France sont opposés.
M. Bardella, un protégé de la dirigeante du Rassemblement national Marine Le Pen et sans expérience de gouvernement, a signalé qu'il utiliserait ses pouvoirs de premier ministre pour empêcher M. Macron de continuer à fournir des armes à longue portée à l'Ukraine. Il cite les craintes que leur capacité à frapper des cibles en Russie n’entraîne la France, dotée de l’arme nucléaire, dans une confrontation directe avec le gouvernement nucléaire de Moscou.
Mais le système de vote à deux tours en vigueur en France – avec un premier scrutin dimanche pour réduire le nombre de candidats en vue d'un vote décisif le 7 juillet – signifie que le résultat final de l'élection est très incertain. Cela a permis aux opposants du Rassemblement national de croire qu'ils pouvaient encore préparer le terrain pour empêcher une majorité législative au second tour pour le parti nationaliste d'extrême droite ayant des liens historiques avec l'antisémitisme.
Emmanuel Macron a dissous la chambre basse du Parlement et convoqué des élections anticipées rapides dans l'espoir de renforcer le soutien à son gouvernement après sa défaite humiliante lors du vote pour le Parlement européen du 9 juin. Son pari a déclenché une refonte inattendue de la carte politique de la France avant même que les électeurs français à l'étranger ne commencent à voter en ligne cette semaine.
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Mais cela pourrait se retourner contre lui et permettre l'établissement du premier gouvernement d’extrême droite en France depuis son occupation nazie pendant la Deuxième Guerre mondiale. Sa décision pourrait devenir l'une des plus bouleversantes en politique européenne depuis celle du premier ministre britannique David Cameron en 2016 qui avait organisé un référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne. Cela avait conduit le voisin de la France à quitter l'UE en 2020 après un divorce compliqué.
À gauche de la politique française, la décision de M. Macron a eu pour effet de galvaniser des partis auparavant divisés au sein d'une nouvelle coalition qui s'est regroupée derrière des promesses de dépenses publiques massives, qui, selon les opposants, nuiraient à l'économie, l'emploi et la dette de la France.
À l’extrême droite, le Rassemblement national a été soutenu par les défections de la droite traditionnelle qui ont éclaté lors du remaniement de la campagne. Cela pourrait également attirer des électeurs d'autres partis d’extrême droite. Une victoire le 7 juillet couronnerait un effort de refonte de l'image de Mme Le Pen qui dure depuis des années pour rendre le parti, auparavant appelé Front national, plus acceptable pour les grands électeurs. Marine LePen avait hérité le parti de son père, Jean-Marie Le Pen, qui a été condamné plusieurs fois pour antisémitisme et discours raciste haineux.
Au centre, M. Macron et ses candidats affirment avec acharnement que les blocs gauche-droite sont à la fois extrêmes et dangereux, espérant raviver la dynamique qui l'a vu être élu président en 2017 et 2022, mais qui a moins bien fonctionné lors des dernières élections législatives.