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«Jusqu'à la mi-août, nous ne sommes pas en mesure de changer les choses.»
Le président français Emmanuel Macron a déclaré mardi qu'il maintiendrait un gouvernement intérimaire centriste durant les Jeux olympiques pour éviter le «désordre», écartant une nomination de dernière minute au poste de premier ministre par la coalition de gauche du pays.
M. Macron a fait son annonce très attendue dans une entrevue télévisée mardi soir. Juste avant cette apparition, la coalition de gauche, qui a remporté le plus de sièges lors des élections législatives de ce mois-ci, a choisi la fonctionnaire peu connue Lucie Castets comme première ministre.
Le président a déclaré à la chaîne France 2 que le gouvernement actuel, qui a démissionné la semaine dernière pour assumer un rôle purement intérimaire, «s'occuperait des affaires courantes pendant les Jeux olympiques», qui se dérouleront à Paris et ailleurs en France jusqu'au 11 août.
«Jusqu'à la mi-août, nous ne sommes pas en mesure de changer les choses, car cela provoquerait du désordre, a affirmé M. Macron. J'ai choisi la stabilité» pour sauvegarder les Jeux, qui rassembleront bientôt près de 10 500 athlètes et des millions de partisans.
Les dirigeants des partis de la coalition de gauche ont immédiatement critiqué le refus du président de considérer immédiatement la candidature de Mme Castets.
Il n’y a pas d'obligation ni d'indication par rapport au moment où Emmanuel Macron nommera une personne au poste de premier ministre. Les élections législatives n'ont pas élu majoritairement un bloc politique.
Interrogé sur le choix de la coalition de gauche, M. Macron a déclaré que «l'enjeu n'est pas un nom fourni par un groupe politique», ajoutant qu'il doit y avoir une majorité parlementaire derrière le candidat pour «faire adopter des réformes, adopter un budget et faire avancer le pays».
La France est au bord de la paralysie gouvernementale depuis que les élections à l’Assemblée nationale ont abouti à une scission entre trois blocs politiques majeurs: le Nouveau Front populaire de gauche, les alliés centristes de Macron et le Rassemblement national, parti d’extrême droite de Marine Le Pen.
Emmanuel Macron, qui dispose d'un mandat présidentiel jusqu'en 2027, a le dernier mot sur le choix du premier ministre. Cependant, cette personne aurait besoin d’un soutien suffisant des députés.
Le président a exhorté les politiciens de la gauche modérée, du centre et de la droite modérée à «travailler ensemble» pendant l'été, arguant qu'en l'absence de majorité absolue, aucun des principaux blocs ne peut mettre en œuvre ses programmes politiques.
Il a déclaré que des «compromis» étaient nécessaires.
M. Macron a affirmé qu'il aimerait former un gouvernement le plus rapidement possible, mais que «évidemment, jusqu'à la mi-août, nous devons nous concentrer sur les Jeux».
La coalition de gauche a revendiqué à plusieurs reprises le droit de former un gouvernement après avoir remporté le plus grand nombre de sièges à l’Assemblée nationale, mais de profondes divisions internes ont empêché ses membres de se mettre d’accord sur un candidat au poste de premier ministre pendant plus de deux semaines. La coalition est composée de trois partis principaux: La France insoumise, les Socialistes et les Verts.
Mardi, ils ont semblé se précipiter pour proposer Mme Castets avant que M. Macron ne fasse sa première entrevue télévisée depuis les élections.
À la suite de ces commentaires, le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a déclaré sur X que «le Président refuse le résultat de l'élection et veut nous imposer de force son nouveau Front républicain et nous obliger à renoncer à notre programme pour faire une alliance avec lui. Il n'en est pas question. Respectez le vote des Français. Il doit se soumettre ou se démettre !»
«Emmanuel Macron doit sortir du déni», a dit la secrétaire générale des Verts, Marine Tondelier.
«Nous avons gagné, nous avons un programme, nous avons une première ministre (...) Le président ne peut pas se contenter de faire obstacle.»
Mme Castets, une haute fonctionnaire de 37 ans, est diplômée de Sciences Po, de l'École nationale d'administration ainsi que de la London School of Economics. Elle a travaillé à la direction générale du Trésor et à Tracfin, la cellule antiblanchiment d'argent du ministère des Finances.
Le Nouveau Front populaire la décrit comme «une leader des luttes associatives pour la défense et la promotion des services publics, activement impliquée dans la bataille d'idées contre le rehaussement de l'âge de la retraite à 64 (ans)». Ils ont également souligné ses efforts dans la lutte contre la fraude fiscale et la criminalité financière.
Sébastien Chenu, député et vice-président du Rassemblement national, a critiqué la sélection de Mme Castets, la qualifiant de «plaisanterie de mauvais goût».
L’année dernière, Emmanuel Macron a eu du mal à faire adopter un projet impopulaire visant à relever l’âge de la retraite de 62 à 64 ans, provoquant des mois de manifestations de masse qui ont porté atteinte à sa popularité.