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International

La Cour suprême russe lève la désignation des talibans comme groupe terroriste

Ces derniers mois, les talibans et les États-Unis se sont rapprochés sous la présidence de Donald Trump, principalement en raison d'échanges et de libérations de prisonniers.

Le ministre de l'intérieur par intérim, Sirajuddin Haqqani, s'exprime lors des prières funéraires de Khalil Haqqani, le ministre des réfugiés et du rapatriement, pendant son cortège funèbre dans la province orientale de Paktia, en Afghanistan. Photo prise le 12 décembre 2024.
Le ministre de l'intérieur par intérim, Sirajuddin Haqqani, s'exprime lors des prières funéraires de Khalil Haqqani, le ministre des réfugiés et du rapatriement, pendant son cortège funèbre dans la province orientale de Paktia, en Afghanistan. Photo prise le 12 décembre 2024.

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Associated Press
Associated Press

La Cour suprême de Russie a levé jeudi les sanctions à l’encontre des talibans, au pouvoir en Afghanistan, mettant fin à plus de 20 ans de désignation du groupe comme une organisation terroriste. Cette décision marque une victoire diplomatique significative pour les talibans, dont les relations avec les Russes étaient depuis 2003 punissables par la loi.

La décision est survenue à la suite d'une demande du Bureau du Procureur général, rendue possible par l’adoption l’an dernier d’une loi permettant à un tribunal de suspendre la désignation d’une organisation terroriste.

Michael Kugelman, analyste de l’Asie du Sud, a déclaré que cette décision russe n’était «pas révolutionnaire», rappelant que de nombreux pays n’avaient jamais officiellement classé les talibans comme organisation terroriste. Il l’a néanmoins qualifiée de «gagnant-gagnant» pour les relations bilatérales. 

Selon lui, cela représente, pour la Russie, une mesure de confiance qui ouvre la voie à un engagement accru et permettant à Moscou de mieux protéger ses intérêts en Afghanistan, notamment ses préoccupations concernant les groupes terroristes antirusses comme l'État islamique du Khorasan.  

Ibraheem Bahiss, analyste senior au programme Asie de l'organisme Crisis Group, a déclaré que la désignation des talibans comme groupe terroriste constituait une entrave juridique aux relations commerciales et politiques avec Kaboul, et que sa levée reflétait la volonté de Moscou d'améliorer ces relations.

«Cependant, au-delà de faciliter les échanges entre les particuliers et les entreprises avec l'Afghanistan, je ne suis pas certain des autres avantages majeurs que cela apportera», a-t-il déclaré.

Les autorités russes ont récemment mis de l’avant la nécessité de collaborer avec les talibans pour stabiliser la situation en Afghanistan. Historiquement, l'ancienne Union soviétique avait mené une guerre de dix ans en Afghanistan, qui s'est terminée par le retrait des troupes de Moscou en 1989.

Les talibans de plus en plus reconnus

«Pour les talibans, la décision de justice est un résultat qui renforce leur légitimité, qu'ils peuvent utiliser pour démontrer l'acceptation internationale de leur régime», a observé M. Kugelman.

Cette décision s’inscrit dans un contexte où d’autres pays d’Asie centrale tels que le Kazakhstan et le Kirghizistan, ont rayé les talibans de leurs listes de groupes terroristes.

Ces derniers mois, les talibans et les États-Unis se sont rapprochés sous la présidence de Donald Trump, principalement en raison d'échanges et de libérations de prisonniers.

À la suite de cette décision de la Russie, les délégations talibanes ont participé à divers événements organisés par le gouvernement de Vladimir Poutine, qui cherche à s’affirmer comme acteur régional incontournable. 

Un régime toujours répressif 

Les talibans ont repris le pouvoir en août 2021, après le retrait des forces américaines et de l’OTAN, mettant fin à deux décennies de guerre. À leur retour, ils avaient promis un régime plus modéré que celui imposé entre 1996 et 2001. Mais rapidement, des restrictions sévères ont été réintroduites, notamment à l’encontre des femmes et des filles, exclues de la plupart des emplois, des lieux publics y compris les parcs, les bains et les gymnases, et de l’éducation au-delà de la sixième année.

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Ces mesures ont isolé les talibans sur la scène internationale, bien que leur gouvernement ait établi des relations diplomatiques avec des pays comme la Chine ou encore les Émirats arabes unis. Les décrets des talibans limitant la participation des filles et des femmes ont affecté l'aide étrangère au pays. L'ONU a d’ailleurs renouvelé cette année son appel afin que ces interdictions soient levées.

Les talibans ont également rétabli leur interprétation stricte de la loi islamique, de la charia, y compris des exécutions publiques.

Toutefois, certains talibans souhaitent un engagement plus fort auprès de la communauté internationale, voulant ainsi abandonner ces politiques plus strictes afin de favoriser le soutien extérieur. 

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Associated Press
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