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M. Trump a laissé entendre qu'il envisageait de limoger le président de la Fed.
Le président Donald Trump a vivement critiqué le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, jeudi, réitérant sa frustration face à l'absence de baisse majeure des taux d'intérêt de la Fed et affirmant que le départ de ce dernier «ne peut pas intervenir assez vite».
M. Trump a laissé entendre qu'il envisageait de limoger le président de la Fed, dont le mandat expire l'année prochaine. Cette attaque du président républicain intervient un jour après que M. Powell a annoncé que la Fed maintiendrait son taux directeur inchangé, tout en cherchant à obtenir «plus de clarté» sur l'impact des changements de politique dans des domaines tels que l'immigration, la fiscalité, la réglementation et les droits de douane.
Les commentaires de Jerome Powell ont contribué à la chute des cours boursiers mercredi.
«Les prix du pétrole sont en baisse, les prix des produits alimentaires (même les œufs !) sont en baisse, et les États-Unis s'enrichissent grâce aux droits de douane», a affirmé Donald Trump dans une publication sur les réseaux sociaux. Faisant référence à la Banque centrale européenne (BCE), il a ajouté que Jerome Powell «aurait dû baisser les taux d'intérêt, comme la BCE, il y a longtemps, mais il devrait certainement les baisser maintenant. Le départ de Powell ne peut arriver assez vite!»
Jeudi, la Banque centrale européenne a abaissé son taux directeur de 2,5 % à 2,25 %.
M. Powell avait été initialement nommé par Donald Trump en 2017, et il a été reconduit pour quatre ans par le président Joe Biden en 2022. Lors d'une conférence de presse en novembre, le directeur de la Fed a indiqué qu'il ne démissionnerait pas si le président le lui demandait. Il a également déclaré que la révocation ou la rétrogradation de hauts responsables de la Fed n'était «pas autorisée par la loi».
Les commentaires de M. Trump interviennent dans le contexte d'une affaire judiciaire portée devant la Cour suprême, qui pourrait déterminer si les présidents peuvent révoquer les dirigeants d'agences indépendantes, comme la Fed. M. Powell a déclaré mercredi qu'il suivait l'affaire de près.
«Une cristallisation soudaine de la menace pesant sur l'indépendance de la Fed (…) intensifierait les tensions sur les marchés», a écrit jeudi Krishna Guha, analyste à la banque d'investissement Evercore ISI. «Si vous avez apprécié la débâcle des droits de douane sur les marchés, vous apprécierez l'échange sur la perte d'indépendance de la Fed.»
Jerome Powell a entamé le second mandat du président Trump dans une situation relativement stable, avec un faible taux de chômage et une inflation se rapprochant de l'objectif de 2 % de la Fed, des conditions qui auraient pu épargner au banquier central américain les critiques virulentes du président.
Mais les droits de douane agressifs et désordonnés du locataire de la Maison-Blanche ont accru le risque de récession, avec à la fois des pressions inflationnistes accrues et un ralentissement de la croissance, une situation délicate pour M. Powell, dont le mandat est de stabiliser les prix et de maximiser l'emploi. Alors que l'économie s'affaiblit en raison des choix de Donald Trump, le président américain semble chercher à rejeter la faute sur le chef de la Fed.
Jerome Powell, dans son discours prononcé mercredi devant l'Economic Club de Chicago, a déclaré que la Réserve fédérale fonderait ses décisions uniquement sur l'intérêt général.
«C'est la seule chose que nous ferons», a insisté M. Powell. «Nous ne serons jamais influencés par la moindre pression politique. Chacun peut dire ce qu'il veut. C'est bien, ce n'est pas un problème. Mais nous agirons sans tenir compte de facteurs politiques ou autres.»
«Notre indépendance est une question de loi», a poursuivi le patron de la Fed. «Nous ne sommes pas révocables, sauf motif valable. Nos mandats sont très longs, apparemment interminables. Nous sommes donc protégés par la loi. Le Congrès pourrait modifier cette loi, mais je ne pense pas qu'il y ait de danger. L'indépendance de la Fed bénéficie d'un large soutien au sein des deux partis politiques et des deux côtés du Congrès.»
Donald Trump a déclenché une vague de droits de douane qui a placé l'économie américaine et la Fed dans une situation de plus en plus périlleuse. Le 2 avril, le président a annoncé des hausses de doits agressives, motivées par les déficits commerciaux des États-Unis avec d'autres pays.
Ce mouvement a provoqué une réaction brutale sur les marchés financiers, qui a presque immédiatement conduit le président à annoncer une pause de 90 jours, durant laquelle la plupart des pays se verraient imposer un droit de base de 10 % pendant la poursuite des négociations. Mais Donald Trump a porté ses hausses douanières sur la Chine à 145 %, en plus des droits de douane déjà appliqués au Canada, au Mexique, à l'automobile, à l'acier et à l'aluminium.
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Les banques de Wall Street, comme Goldman Sachs, ont accru leurs risques de récession. Les consommateurs sont de plus en plus pessimistes quant à leurs perspectives d'emploi dans les enquêtes et craignent une flambée de l'inflation, le coût des taxes à l'importation leur étant répercuté. Le risque de «stagflation» (croissance stagnante et inflation élevée) rendrait plus difficile pour la Fed de réagir avec la même stratégie que lors des récentes récessions.
Le Laboratoire budgétaire de l'Université Yale a estimé que l'augmentation des pressions inflationnistes due aux droits de douane équivaudrait à une perte de 4900 $ US pour un ménage américain moyen.
En collaboration avec Sagar Meghani et Christopher Rugaber, AP.