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Le diffuseur public a réitéré que son «journalisme est impartial et indépendant» et que «prétendre le contraire est faux».
CBC/Radio-Canada suspend ses activités sur Twitter après que son compte anglophone eut été désigné par le réseau social comme étant «financé par le gouvernement», ce qui n'a pas semblé effrayer le milliardaire Elon Musk.
Dans un gazouillis publié lundi après-midi, le diffuseur public a réitéré que son «journalisme est impartial et indépendant» et que «prétendre le contraire est faux».
Our journalism is impartial and independent. To suggest otherwise is untrue. That is why we are pausing our activities on @Twitter. | Notre journalisme est impartial et indépendant. Prétendre le contraire est faux. C’est pourquoi nous suspendons nos activités sur @Twitter.
— CBC/Radio-Canada (@CBCRadioCanada) April 17, 2023
«C’est pourquoi nous suspendons nos activités sur Twitter», a fait savoir CBC/Radio-Canada.
Toutefois, en soirée, M. Musk, qui a fait l'acquisition du réseau social l'automne dernier, s'est permis une petite blague à l'endroit de la CBC.
«(La) Canadian Broadcasting Corp soutient qu'elle est «financée à moins de 70 % par le gouvernement», nous avons donc corrigé la mention», a-t-il écrit à ses 135 millions d'abonnés, en partageant une photo de la nouvelle version du message apposé sous le compte de la CBC, dans lequel on peut lire: «Média financé à 69 % par le gouvernement».
Canadian Broadcasting Corp said they’re “less than 70% government-funded”, so we corrected the label pic.twitter.com/lU1EWf76Zu
— Elon Musk (@elonmusk) April 18, 2023
Dans une première version, M. Musk avait proposé la mention «Média financé à 70 % par le gouvernement». Toutefois, en réponse à un autre internaute, qui suggérait de «donner le bénéfice du doute» à la CBC, le propriétaire de Twitter a choisi d'y aller avec 69 %.
Le diffuseur public a ainsi cessé de publier ses articles sur le réseau social peu avant 15h, lundi. En français, tous les comptes liés à Radio-Canada, incluant ceux de l'information, des sports, ainsi que ceux des stations ICI Première et ICI Musique, ont partagé la déclaration officielle concernant la suspension des activités sur le réseau social dirigé par le milliardaire Elon Musk.
Le diffuseur public avait déjà cessé de publier ses articles sur le réseau social depuis peu avant 15h, lundi. En français, tous les comptes liés à Radio-Canada, incluant ceux de l'information, des sports, ainsi que ceux des stations ICI Première et ICI Musique, ont partagé la déclaration officielle concernant la suspension des activités sur le réseau social.
Dans un autre gazouillis, Radio-Canada a invité ses abonnés à suivre ses comptes sur d'autres plateformes, incluant YouTube, Facebook, Instagram et TikTok.
«Twitter peut être pour les journalistes un outil très efficace pour communiquer avec les Canadiens, mais en mettant ainsi en doute notre indépendance au moyen de cette étiquette mensongère visant à tromper le public, ce réseau remet en question l'exactitude et le professionnalisme du travail effectué par nos journalistes», a ajouté CBC/Radio-Canada dans un communiqué de presse.
À lire également:
Cette «pause» des activités sur Twitter concerne uniquement les comptes gérés par le diffuseur public. `Les comptes personnels et professionnels de nos employés, y compris de nos journalistes, ne sont pas concernés', a précisé CBC/Radio-Canada.
Dimanche soir, Twitter a identifié le compte officiel de la CBC comme un média «financé par le gouvernement». Le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, avait présenté une demande officielle en ce sens au réseau social la semaine dernière.
Dès l'ajout de la mention sur son compte principal, CBC a fait valoir que «CBC/Radio-Canada est financée par des fonds publics au moyen d'un crédit parlementaire voté par tous les députés».
«La politique de Twitter définit les médias financés par le gouvernement comme des cas où le gouvernement “peut intervenir à divers degrés dans le contenu éditorial”, ce qui n’est clairement pas le cas pour CBC/Radio-Canada», a-t-on ajouté.
Dans un courriel envoyé à La Presse Canadienne, le porte-parole institutionnel de CBC/Radio-Canada, Leon Mar, a indiqué que Twitter n'a pas consulté le diffuseur public avant d'appliquer la mention. Une lettre a donc été envoyée à Twitter pour lui demander de réexaminer sa décision.
Lundi après-midi, seul le compte principal de la CBC avait reçu la mention. Ses autres comptes, incluant ceux de Radio-Canada, son penchant francophone, n'étaient pas touchés.
(2/3) CBC/Radio-Canada est financée par des fonds publics au moyen d'un crédit parlementaire voté par tous les députés. Son indépendance éditoriale est protégée par la loi dans la Loi sur la radiodiffusion.
— CBC/Radio-Canada (@CBCRadioCanada) April 17, 2023
→ https://t.co/KLB1N8iSwr
Twitter a déjà apposé l'étiquette controversée sur les comptes de la BBC, le diffuseur public britannique, et ceux de la National Public Radio, la radio publique américaine. Celle-ci a d'ailleurs dénoncé cette mesure comme une atteinte à son intégrité en matière d'indépendance éditoriale et a décidé de ne plus être active sur le réseau social.
Sur son site, Twitter définit les «médias financés par des gouvernements» comme étant des «médias dont le contenu éditorial est contrôlé par cet État par l'intermédiaire de ressources financières, de pressions politiques directes ou indirectes et/ou d'un contrôle sur la production et la distribution».
En 2021-22, la Société Radio-Canada a reçu plus de 1,2 milliard $ en financement public, soit une baisse par rapport aux quelque 1,4 milliard $ de l'année précédente.
Malgré tout, le diffuseur public estime qu'il ne répond pas aux critères de Twitter, parce qu'il est financé par des fonds publics grâce à un crédit parlementaire voté par tous les députés, et que son indépendance éditoriale est protégée par la Loi sur la radiodiffusion.
Twitter fait aussi une distinction entre les «médias financés par des gouvernements» et les «médias affiliés à un État». Le réseau social décrit les médias de la deuxième catégorie comme étant des «médias dont le contenu éditorial est contrôlé par cet État par l'intermédiaire de ressources financières, de pressions politiques directes ou indirectes et/ou d'un contrôle sur la production et la distribution».
En réponse à de nombreuses questions de différents médias — dont La Presse canadienne — sur l'étiquette, Twitter a répondu avec un courriel généré automatiquement contenant un émoji de caca.
Le premier ministre Justin Trudeau a accusé lundi ses rivaux politiques, les troupes conservatrices de Pierre Poilievre, de se tourner vers des «milliardaires américains» pour s'attaquer au réseau CBC, qui a été étiqueté la veille par Twitter comme étant un «média financé par le gouvernement».
Questionné, en point de presse à Ottawa, sur la décision du réseau social dirigé par Elon Musk, M. Trudeau a plutôt commenté «le choix que le Parti conservateur du Canada a fait».
«On ne peut pas faire confiance aux conservateurs (…) qui s’attaquent régulièrement à la culture, à l’identité, au journalisme indépendant de qualité — entre autres local», a-t-il lancé.
Il a fait valoir que cela s'illustre d'autant plus quand «les conservateurs s'en prennent à une institution importante pour bien des Canadiens (et le fait) en courant aller voir les milliardaires des gens du Web aux États-Unis».
Le premier ministre n'a pas nommément mentionné Twitter ni Elon Musk dans sa tirade.
Aux yeux de M. Trudeau, M. Poilievre «prétend qu’il peut s’attaquer à la CBC sans aussi s'attaquer à Radio-Canada».
Avec les informations d'Émilie Bergeron de La Presse canadienne