Péladeau presse les employés de CN2i de ne rien accepter avant d'avoir tout étudié

Dans un communiqué adressé spécifiquement aux employés des médias de CN2i, jeudi matin, M. Péladeau fait valoir que Québecor serait «un choix d'avenir» pour les Coops de l'information, qui se trouvent actuellement dans une situation financière difficile.

«Vous avez entre vos mains le pouvoir fondamental d'influencer l'avenir de l'information régionale au Québec», leur écrit-il, plaidant que toutes les options devraient être analysées avant qu'une décision ne soit prise.

La direction de CN2i a révélé à la fin janvier qu'elle se penche présentement sur deux scénarios: le premier est un plan de redressement, tandis que l'autre concerne une absorption par La Presse.

Dans la foulée de cette annonce, Québecor a démontré son intérêt pour jouer un rôle dans l'avenir des coops, mais a été «très surpris d'apprendre» qu'une entente d'exclusivité avec La Presse l'empêche d'entamer un dialogue avec les dirigeants de CN2i.

Dans sa missive aux employés des coops, M. Péladeau dénonce cette entente.

«Les membres des Coops de l'information sont-ils tous d'accord avec le fait qu'un seul acquéreur potentiel puisse déposer une offre? Pourquoi se menotter avec une seule proposition? Pourquoi exclure Québecor des discussions?» soutient-il.

À son avis, «cette situation est regrettable et limite considérablement les options de relance» pour les médias de CN2i.

M. Péladeau affirme que Québecor devrait avoir la possibilité de présenter son offre, dont il n'a pas présenté les détails. Il demande aux employés de CN2i d'«exiger des alternatives» avant de se prononcer sur une offre unique.

«Nous sommes convaincus que Québecor pourrait constituer un meilleur choix pour la pérennité des médias de CN2i», fait-il valoir.

Deux scénarios à l'étude

Les deux scénarios qui sont analysés en ce moment par CN2i ont été présentés aux employés lors d'une rencontre à la toute fin du mois de janvier.

Peu de détails ont été dévoilés publiquement au sujet du plan de redressement, mais celui-ci se traduirait possiblement par de nouvelles compressions.

De l'autre côté, une absorption par La Presse permettrait d'embaucher «certains» des employés, dont «la totalité de ceux qui œuvrent à l'information». Puisque ce scénario entraînerait la liquidation de la coopérative, il devrait être adopté en assemblée par 75 % des membres de CN2i.

En réaction à la lettre ouverte de Pierre Karl Péladeau, la direction de Cn2i a rappelé qu'elle est en discussion avec La Presse depuis août dernier autour de modèles de collaboration et de partenariat.

«Depuis sa création, Cn2i a toujours démontré son intérêt à collaborer avec des partenaires qui pouvaient renforcer sa mission», a souligné la directrice générale de Cn2i, Geneviève Rossier, par écrit.

«La démarche avec La Presse était d'ailleurs en réponse à leur invitation. Sans surprise, nous poursuivons dans cette voie, et bien entendu, dans le respect des processus d'affaires usuels et des règles de gouvernance de notre entreprise», a-t-elle expliqué.

Une étude menée par la firme Mallette n'avait pas permis de dégager de modèle de collaboration ou de partenariat viables entre la CN2i et La Presse, ce pour quoi le scénario de l'absorption a été retenu pour des fins d'analyses.

La Coopérative nationale de l'information indépendante compte quelque 250 employés-membres qui en sont propriétaires.

Elle regroupe six quotidiens régionaux, soit Le Soleil de Québec, Le Droit de Gatineau, Le Nouvelliste de Trois-Rivières, La Tribune de Sherbrooke, Le Quotidien de Saguenay et La Voix de l’Est de Granby. Elle est aussi responsable du site Les As de l’info, qui vulgarise l’information pour les 8-12 ans.

Le Devoir a été le premier média à révéler que Québecor avait de l'intérêt dans le dossier de CN2i.

Avec des informations de Frédéric Lacroix-Couture et de Pierre Saint-Arnaud