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Le Centre de prévision fluviale a diffusé un avertissement de crue pour la rivière Chilcotin.
Un glissement de terrain a empilé des débris sur 30 mètres de haut et 600 mètres de long, endiguant la rivière Chilcotin, dans le centre de la Colombie-Britannique, et créant un lac qui, selon les autorités, pourrait céder et déclencher des dizaines d’ordres d’évacuation et d’alertes en aval.
Margo Wagner, présidente du district régional de Cariboo, affirme que l'eau qui s'accumule derrière cet «embâcle» de débris, au sud de la ville de Williams Lake, pourrait atteindre un niveau tel qu'elle commencerait à s'écouler par-dessus le barrage. Toute cette eau pourrait aussi miner le monticule de débris et faire céder l'embâcle.
«Alors que l’eau continue de couler et s’accumule derrière ce glissement de terrain, la pression augmente, mais nous n’avons pas d'idée quant au moment exact où tout cédera», a-t-elle admis lors d’un point de presse.
Les autorités ont estimé que cela pourrait avoir lieu vendredi ou samedi. «Nous ne savons pas exactement quand ce glissement de terrain va céder. Nous entendons dire que cela est attendu entre 24 et 48 heures», a-t-elle ajouté.
Le glissement de terrain est «important», a quantité Mme Wagner, ajoutant que les autorités n’étaient au courant d’aucune blessure, à l’exception d’un homme qui s’est cassé la jambe alors qu’il fuyait le glissement, qui est survenu mardi soir ou tôt mercredi.
Le gouvernement national Tsilhqot’in, situé à proximité, a déclaré jeudi l’état d’urgence local et a averti la population de rester à l’écart de la rivière.
«Pour le moment, nous ne savons pas ce que chaque jour nous apportera, mais nous sommes préparés et nous avons géré des urgences pendant des milliers d’années, y compris plusieurs glissements de terrain bloquant la rivière au cours de ma vie», a affirmé le chef Joe Alphonse dans un communiqué.
La ministre de la Gestion des urgences, Bowinn Ma, a annoncé jeudi lors d’une conférence de presse distincte que si le barrage venait à briser, il serait possible que des dizaines d’ordres d’évacuation et d’alertes soient émis le long des deux rives et qu'ainsi, «les gens doivent être préparés».
«Soyons clairs, le risque pour les personnes et les communautés situées le long de la rivière est inconnu pour le moment, mais il pourrait être important», a-t-elle prévenu, spécifiant que des ingénieurs, des géologues et des hydrologues étaient sur place et dans les airs pour évaluer le glissement de terrain et travailler à comprendre les impacts potentiels en aval.
La ministre a ordonné que les personnes vivant le long des rivières Chilcotin et Fraser sur des centaines de kilomètres jusqu’à Hope, à l’extrémité est de la vallée du Fraser en Colombie-Britannique, sont encouragées à rassembler leurs effets personnels et à préparer leur maison à d’éventuelles inondations.
Les ordres d’évacuation s’étendent sur 107 kilomètres carrés le long de la rivière Chilcotin, ce qui, selon le district, concerne 60 propriétés, dont 12 maisons comptant environ 13 habitants.
Mme Wagner a rappelé que le glissement de terrain s’était produit dans une zone qui avait été «brûlée» lors des incendies de forêt en 2017.
«Il y a de nombreuses zones où les arbres sont morts. Ils sont toujours debout, mais leur système racinaire est totalement détruit et ils n’absorbent pas l’eau, ce qui est un problème.»
Dwayne Tannant, professeur de génie géotechnique à l'Université de la Colombie-Britannique Okanagan, a souligné que la topographie de la région est «sujette aux glissements de terrain » et que même si les incendies de 2017 ont probablement été un facteur, il ne croit pas que ce soit la cause principale.
«Je pense que c’est la géologie, la topographie et l’érosion totale qui sont probablement en cause ici», a-t-il déclaré, soulignant que le glissement n’était pas un événement évitable.
«Faire quoi que ce soit ne serait pas une utilisation économique des ressources provinciales, surtout compte tenu de l’ampleur de ce glissement et de l’endroit où il se situe», a-t-il statué lorsqu’on l’a interrogé sur les mesures d’atténuation.
M. Tannant a évoqué qu’un glissement de terrain bloquant une rivière est «relativement rare», mais qu'il faut s’inquiéter du fait que les pentes en amont du blocage pourraient devenir déstabilisées une fois le barrage rompu, créant potentiellement un «effet domino» entraînant d’autres glissements de terrain.
Le River Forecast Centre de la Colombie-Britannique a émis un avertissement d’inondation pour le Chilcotin au nord du glissement, affirmant que les débris « créent un lac » qui s’étend sur plusieurs kilomètres en amont.
Le centre de prévision affirme que la rupture éventuelle des débris du glissement de terrain pourrait également conduire à une «inondation soudaine» avec une montée d’eau s’écoulant rapidement vers l’aval.
Une surveillance des crues a été émise en aval des rivières Chilcotin et Fraser jusqu’à Hope, tandis qu’un avis de débit élevé a été émis pour le fleuve Fraser jusqu’à son embouchure dans la région métropolitaine de Vancouver.