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Le BST affirme que le Canada n'a pas de plan pour répondre aux événements impliquant des substances nocives.
Le Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST) s'inquiète de lacunes dans la préparation du Canada aux urgences maritimes, qui pourraient selon lui représenter un risque pour les navires, l'environnement ainsi que la santé et la sécurité du public.
Le rapport du BST portant sur l’urgence survenue à bord du porte-conteneurs MV Zim Kingston, alors qu’il se trouvait au large des côtes de la Colombie-Britannique, indique que l’incident «a soulevé des questions sur la disponibilité et la capacité des ressources canadiennes» en cas d’urgence.
Plus de 100 conteneurs de fret se sont déversés du navire lors d’une tempête en octobre 2021 dans les eaux au large de l’île de Vancouver. Ce faisant, des débris mettront des années à s'échouer sur la côte.
La présidente du conseil de sécurité du BST, Kathy Fox, a déclaré lors d’une conférence de presse à Vancouver que 97 % des débris restent dans l’eau ou échoués sur les côtes.
«La perte d’un conteneur peut prendre quelques secondes, mais des années plus tard, les dégâts demeurent», a-t-elle déploré.
Moins de deux jours après que les conteneurs soient tombés du navire, ancré au large de Victoria, un incendie s’est déclaré dans un conteneur où était entreposé du dangereux amyl-xanthate de potassium, qui s’est propagé aux autres marchandises.
L'incendie a duré cinq jours.
Le rapport du BST indique que le Canada n’a pas de plan pour répondre aux événements impliquant des substances nocives autres que le pétrole. Ses auteurs demandent un guide complet pour traiter les navires qui se sont inclinés, comme lors de cet incident.
«Dans cet événement, il était extrêmement heureux que le gestionnaire du navire ait pris des dispositions préalables pour une intervention d’urgence et qu’il se trouve qu’il y avait deux navires convenablement équipés à proximité», a souligné Mme Fox.
«Il est important de ne pas confondre cette chance avec la préparation aux situations d’urgence», a-t-elle relevé.
Le rapport indique que contrairement aux États-Unis, le Canada n'exige pas de plans préétablis d'intervention en cas d'incendie ou de sauvetage maritime, et que la Garde côtière canadienne ne participe pas directement à l'extinction des incendies.
Le document indique que même si certains changements semblent être en cours, ils ne seront en vigueur que dans des années.
«Entre-temps, le conseil s’inquiète du fait qu’il existe des lacunes dans la préparation du Canada aux urgences maritimes qui dépassent la capacité d’intervention de l’équipage d’un navire, ce qui pose un risque pour les navires, l’environnement, ainsi que la santé et la sécurité du grand public», lit-on dans le rapport.
Le porte-conteneurs grec a basculé et perdu 109 conteneurs par-dessus bord à environ 50 kilomètres au sud d'Ucluelet, en Colombie-Britannique, déversant sa cargaison le long des plages de l'île de Vancouver.
Le rapport indique que le navire a subi ce que l’on appelle un «roulis paramétrique» lorsqu’il s’est incliné de 36 degrés, causé par une combinaison complexe de facteurs impliquant l’état de la mer et le navire.
«Non seulement il est difficile de prédire exactement quand un événement de roulis paramétrique se produira, mais une fois qu’un roulis extrême commence, il peut ne pas être possible d’arrêter les mouvements dangereux avant que des conséquences négatives ne se produisent, comme la perte de conteneurs», indique le rapport.
Celui-ci stipule qu’il faut se concentrer sur la surveillance des conditions qui donnent lieu au roulis afin que des mesures préventives puissent être prises.
Dans le cas du Zim Kingston, le propriétaire n’avait pas élaboré de procédures pour gérer le risque d’un tel roulis, relève le document.
«En conséquence, ce risque n’était pas surveillé efficacement et aucune mesure d’atténuation n’a été mise en place pendant que le navire restait au large.»
Les enquêteurs ont construit une maquette du cargo et l’ont testée dans un bassin où diverses conditions étaient simulées. Ils ont constaté que le roulis pouvait se produire dans des vagues d’une hauteur aussi basse que 2,6 mètres.
«Les tests ont révélé que le roulis paramétrique pouvait se développer, que le modèle soit à la dérive ou en route, et que les mouvements de roulis les plus importants étaient observés lorsque le modèle était en tête et suivait les conditions de la mer», indique le rapport.
Le document note que les directives internationales pour faire face au risque de roulis paramétrique n’ont pas été mises à jour depuis 17 ans et qu’elles ne proposent pas de politiques, de procédures, de formations, d'outils ou de services qui pourraient aider.
De nouvelles directives internationales ont été créées, mais le BST affirme qu’il n’est pas clair quand elles seront mises en œuvre pour les navires existants et qu’elles ne traitent pas de la formation de l’équipage.
L’enquête du BST indique que le gouvernement canadien a l’intention de créer un système unique pour répondre à tous les incidents de pollution marine et que Transports Canada élabore des règlements pour renforcer les exigences de préparation de l’industrie.
Cela impliquera d’exiger que les navires disposent de services de lutte contre les incendies et de sauvetage, et de créer un poste de spécialiste qui pourrait travailler avec les ministères fédéraux et d’autres pour gérer un incident.
Le rapport précise que les changements pourraient mettre encore quatre ans avant d'être appliqués.
Sur les 109 conteneurs perdus au large du Zim Kingston, seuls quatre ont été récupérés. Le BST indique qu’une enquête sous-marine a localisé 29 conteneurs au fond de l’océan en juillet 2023.
Les habitants du littoral de l’île de Vancouver retirent depuis des années des débris du sable, notamment des pièces d’aspirateur, des casques de vélo, des glacières et des tapis d’urinoir, qui semblent provenir des conteneurs du Zim Kingston.