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«Donald Trump détruira notre démocratie. Je la défendrai.»
Le président Joe Biden a tenté avec force vendredi d'apaiser les inquiétudes des démocrates face à sa prestation instable lors du débat avec l'ancien président Donald Trump, alors que les élus de son parti ont resserré les rangs autour de lui afin de couper court aux discussions au sujet de son remplacement à la tête du parti.
Le débit hésitant de M. Biden et les méandres de ses commentaires, en particulier au début du débat, ont alimenté les inquiétudes de certains membres de son propre parti qui estiment qu'à 81 ans, il n'est pas en mesure de diriger le pays pendant quatre années supplémentaires.
Même avant le débat, l'âge de M. Biden était un handicap pour les électeurs, et le face-à-face de jeudi soir a semblé renforcer les inquiétudes profondes du public.
Voyez les commentaires d’Yves Boisvert sur le débat Biden vs. Trump dans la vidéo.
Lors d'un rassemblement à Raleigh, en Caroline du Nord, Joe Biden a semblé reconnaître les critiques en déclarant: «Je ne débats pas aussi bien qu'avant». Mais il a ajouté: «Je sais comment faire ce travail. Je sais comment faire avancer les choses».
Pendant 18 minutes, M. Biden s'est montré à plusieurs reprises beaucoup plus animé que la veille. Il a reproché à M. Trump ses «mensonges» et sa campagne axée sur «la vengeance et le châtiment».
«Le choix dans cette élection est simple. Donald Trump détruira notre démocratie. Je la défendrai.»
Les législateurs démocrates ont reconnu vendredi la piètre performance de M. Biden, mais ont tenté de mettre un terme à la discussion sur son remplacement en tant que porte-étendard. Ils ont plutôt tenté de déplacer l'attention sur les attaques et les mensonges de M. Trump qui, espèrent-ils, rappelleront aux électeurs les turbulences quotidiennes de sa présidence.
«Le président n'a pas passé une bonne soirée, mais Donald Trump non plus, avec mensonge après mensonge et sa vision sombre pour l'Amérique», a déclaré vendredi à l'Associated Press le gouverneur de la Caroline du Nord, Roy Cooper, quelques heures avant de présenter le président à Raleigh. «Nous ne pouvons pas renvoyer Donald Trump à la Maison-Blanche. Il est une menace existentielle pour notre nation.»
Le chef de file des démocrates de la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, a répondu par un «non» catégorique lorsqu'on lui a demandé vendredi si M. Biden devait se retirer. Mais le législateur new-yorkais a ajouté qu'il était impatient de voir comment M. Biden aborderait sa performance lors de son rassemblement de vendredi.
«Je suis impatient d'entendre le président Biden», a-t-il déclaré. «Et tant qu'il n'aura pas présenté sa vision de l'Amérique, je me garderai bien de tout commentaire sur la situation actuelle.»
Le représentant Ritchie Torres, démocrate de New York, a déclaré: «Depuis la performance d'hier soir, j'ai dû prendre un peu plus d'antidépresseurs que d'habitude».
«Les gens m'ont demandé: "Est-ce que je me sens à l'aise avec le débat?" Vous savez, une présidence de Donald Trump me mettrait bien plus mal à l'aise qu'une prestation de Joe Biden lors d'un débat.»
La campagne de Joe Biden a présenté l'événement de Raleigh comme le plus grand rassemblement de sa campagne de réélection dans l'État que M. Trump a remporté avec la plus faible marge en 2020. Il se rendra ensuite à New York pour un weekend de collecte de fonds importants dont sa campagne a plus que jamais besoin, car elle cherche à repousser M. Trump.
La campagne de Joe Biden a annoncé avoir recueilli 14 millions $ le jour du débat et le lendemain matin, tandis que la campagne de M. Trump a déclaré avoir collecté plus de 8 millions de dollars entre le début du débat et la fin de la soirée.
La vice-présidente Kamala Harris devait se rendre à Las Vegas, dans le Nevada. Elle a déclaré à CNN quelques heures après le débat: «Le début a été lent, mais la fin a été forte.»
Emanuel Cleaver, député du Maryland, a déclaré qu'il avait du mal à dormir en raison du nombre d'appels téléphoniques qu'il recevait après la performance «horrible» de M. Biden lors du débat.
«Les gens étaient inquiets. Je leur ai dit qu'il était sain de s'inquiéter, mais qu'il était dangereux de réagir de manière excessive», a déclaré M. Cleaver. «Et je pense que je ne conseillerais à personne de prendre des décisions hâtives en ce moment.»
James Clyburn, un démocrate de Caroline du Sud qui a longtemps fait partie des dirigeants démocrates de la Chambre des représentants, a déclaré qu'il s'entretiendrait probablement avec M. Biden au courant de la journée de vendredi et que son message serait simple : «Maintenir le cap».
M. Biden et ses alliés ont cherché à balayer les inquiétudes concernant son discours afin de maintenir l'attention sur le choix des électeurs en novembre. Ils se sont appuyés sur les équivoques de M. Trump quant à savoir s'il accepterait la volonté des électeurs cette fois-ci, sur son refus de condamner la prise d'assaut du Capitole le 6 janvier 2021, en essayant de renverser sa défaite de 2020 face à M. Biden, et sur son acceptation de l'annulation par la Cour suprême, à tendance conservatrice, de l'arrêt Roe v. Wade, qui avait légalisé l'avortement dans tout le pays.
L'équipe de M. Biden a insisté sur le fait que les commentaires de M. Trump n'étaient pas en phase avec la majorité des électeurs et qu'ils serviraient à alimenter le barrage de publicités qu'ils verront jusqu'au jour de l'élection.
Mais les démocrates ont reproché à M. Biden d'avoir laissé passer sa chance de faire pression sur M. Trump sur ces questions.
Le député Bennie Thompson du Mississippi, qui présidait la commission parlementaire du 6 janvier, a déclaré que si tout ce que M. Trump avait dit sur l'attaque ce jour-là était faux, M. Biden avait raté une opportunité. «Le président a manqué une occasion en or de rectifier le tir lors du débat. C'est une occasion manquée.»
M. Biden s'est également trompé sur le droit à l'avortement, l'une des questions les plus importantes pour les démocrates lors des élections de cette année. Il a été incapable d'expliquer Roe v. Wade, l'arrêt historique de la Cour suprême qui a légalisé l'avortement dans tout le pays. Une Cour suprême conservatrice, composée de trois juges nommés par M. Trump, a annulé cet arrêt il y a deux ans.
Alors que les élus démocrates s'unissaient publiquement derrière M. Biden, les donateurs et les militants du parti ont échangé des SMS et des appels téléphoniques paniqués jeudi soir et vendredi, exprimant leur inquiétude quant à la performance de M. Biden, si mauvaise qu'il pourrait être inéligible à l'automne.
Mais il n'y avait pas de signes immédiats d'efforts organisés parmi les donateurs, la direction de sa campagne ou le Comité national démocrate pour convaincre le président de se retirer, selon des entretiens avec plusieurs personnes qui ont parlé sous le couvert de l'anonymat pour partager des conversations sensibles.
Pourtant, le moral de certains membres de l'équipe de campagne de M. Biden dans tout le pays était au plus bas. Ils avaient été encouragés par les hauts responsables de la campagne dans le Delaware à organiser des centaines de soirées de visionnage du débat afin d'attirer le plus grand nombre possible de regards sur l'affrontement entre M. Biden et M. Trump. Le lendemain matin, certains membres gênés de l'équipe de campagne ont exprimé en privé leur désir de voir Biden quitter la course.
Il en a été de même pour certains donateurs démocrates de premier plan, qui ont évoqué la nécessité de trouver un remplaçant à M. Biden au cours d'une série de chaînes de textos. Des conversations informelles ont eu lieu entre les donateurs et les proches des remplaçants potentiels de M. Biden afin d'évaluer leur volonté de s'engager dans la course. Mais on ne sentait pas qu'un gouverneur en exercice ou un membre du Congrès serait prêt à risquer les retombées politiques qui pourraient découler d'une rupture publique avec le président démocrate.
D'autres donateurs, peu convaincus par les performances de M. Biden, ont dû faire face à la détermination de la campagne de ce dernier, qui les a avertis que sans leurs ressources, ils risquaient de donner l'élection à M. Trump.
La gouverneure du Michigan, Gretchen Whitmer, une démocrate souvent citée comme candidate à l'élection présidentielle de 2028 et considérée comme la remplaçante potentielle de Joe Biden s'il se retirait, a publié une déclaration de soutien à Joe Biden vendredi.
«La différence entre la vision de Joe Biden, qui veut s'assurer que tous les Américains ont une chance équitable, et les projets dangereux et égoïstes de Donald Trump ne fera que s'accentuer à l'approche du mois de novembre», a-t-elle déclaré.
Le gouverneur de la Californie, Gavin Newsom, a également rejeté les questions relatives à la possibilité de remplacer M. Biden, déclarant aux journalistes après le débat qu’il ne lui tournerait jamais le dos.
Selon les règles actuelles du parti démocrate, il serait difficile, voire impossible, de remplacer M. Biden en tant que candidat du parti sans sa coopération ou sans que les responsables du parti ne soient prêts à réécrire les règles lors de la convention nationale du mois d'août.
M. Trump, quant à lui, s'est envolé pour son club de golf en Virginie, un ancien champ de bataille qui a basculé vers les démocrates ces dernières années, mais qui, selon ses collaborateurs, peut basculer vers le républicain en novembre. Il devait tenir un rassemblement à Chesapeake vendredi après-midi.