Début du contenu principal.
Les marchés financiers anticipent à 80 % une baisse de taux de la Banque du Canada cette semaine.
La Banque du Canada devrait décréter une première réduction de son taux directeur mercredi, estime l'économiste en chef du Mouvement Desjardins, Jimmy Jean. Mais les baisses des taux d'intérêt à venir sont loin de garantir une meilleure abordabilité, prévient-il.
M. Jean prévoit que la banque centrale procédera à quatre réductions d'ici la fin de l'année, amenant le taux directeur à 4 %. Celui-ci s'élève actuellement à 5 %, après avoir connu plusieurs hausses depuis mars 2022.
Les marchés financiers anticipent à 80 % une baisse de taux de la Banque du Canada cette semaine, a souligné M. Jean lors d'une conférence web de Desjardins et de l'Institut du Québec sur des prévisions économiques et financières, mardi.
La moyenne de deux principaux indicateurs de l'inflation fondamentale dont tient compte la banque centrale est de 2,3 %, évalue la coopérative financière.
«C'est à peu près dans la cible (de la banque). Dans ce contexte-là, il n'y a pas de raison de garder des taux d'intérêt à 5 % au Canada», a affirmé M. Jean.
Les prévisions de Desjardins montrent toutefois que des reculs du taux directeur au cours des prochains mois auraient «un impact très modeste», mentionne M. Jean.
L'Indice d'abordabilité de l'institution financière, qui observe l'effet combiné de différents facteurs sur la capacité des ménages à acheter une propriété et à en assumer les coûts, remonterait à la fin de 2025 à un niveau presque similaire à celui de la fin de 2022.
«Ce que cela veut dire, c'est que pour avoir vraiment une amélioration d'abordabilité, il faudrait avoir des baisses de prix. Les baisses de taux d'intérêt sont insuffisantes», a soutenu l'économiste en chef.
«Or, il y a une rareté importante sur le marché: les inventaires sont encore très faibles partout au Québec. Et dans ce contexte-là, c'est très difficile de voir malheureusement une amélioration très importante de l'abordabilité à la propriété», a-t-il ajouté.
La question de l'abordabilité sur le marché du logement locatif ne se réglera pas de sitôt également, alors que les taux d'inoccupation ont fortement chuté et que le nombre de mises en chantier n'est pas au rendez-vous pour répondre à la croissance démographique, indique M. Jean.
«Il va falloir que l'aiguille du côté de la construction bouge pour nous aider», a-t-il affirmé.
Chez nos voisins du Sud, la situation est bien différente. En raison d'une inflation persistante, la Réserve fédérale des États-Unis pourrait attendre plus longtemps avant de commencer à réduire ses taux.
À quel point la Banque Canada peut dévier de son homologue américaine? La banque centrale canadienne «n'est pas enchaînée à la Fed», répond M. Jean, exposant que les deux organisations ont déjà pris des chemins inverses dans le passé.
À VOIR | Hypothèque à taux fixe ou taux variable? Édition 2024
Bien que le différentiel des taux entre le Canada et les États-Unis puisse avoir un effet sur le dollar canadien, il existe plusieurs autres variables qui influencent davantage le huard en ce moment, mentionne M. Jean.
Il y a l'indice du dollar américain, excluant le dollar canadien, les prix du pétrole et le sentiment pour le risque, a-t-il énuméré.
«On s'attend à ce qu'il faiblisse un petit peu dans les prochains mois, mais on ne s'attend pas à ce qu'on ait un dollar canadien qui s'en aille à 1,50 $», a dit l'économiste en chef.
La sensibilité de l'inflation à la devise canadienne est «très faible», précise-t-il. L'évolution du dollar a un impact sur les prix des produits importés, mais l'incidence de ceux-ci dans l'inflation totale «reste somme toute assez faible».
«Il faudrait vraiment une très forte dépréciation et qu'elle dure longtemps pour parler d'un problème», a expliqué M. Jean.
Selon lui, la Banque du Canada pourrait venir modérer la réduction des taux s'il advenait qu'une forte baisse de la devise vienne stimuler les exportations et ainsi créer une surchauffe. Un scénario qui s'annonce peu probable, avance-t-il.
Lors de la conférence web, M. Jean a aussi discuté de la croissance économique pour 2024.
Malgré un regain au premier trimestre, Desjardins prévoit une croissance d'environ 1 % pour le Canada, qui a évité «de justesse» une récession technique l'an dernier, en raison de la résilience de l'économie américaine, a-t-il mentionné.
Le Québec pourrait faire un certain rattrapage par rapport à l'an dernier, mais les prévisions suggèrent que la croissance de la province serait en dessous de la moyenne canadienne, a exposé M. Jean.