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Le hockey aura finalement eu le dessus sur la politique.
Le hockey aura finalement eu le dessus sur la politique: le débat des chefs fédéraux en français aura lieu à 18h00 plutôt qu'à 20h00, mercredi, en raison d'un match le même soir qui pourrait être fatidique pour le Canadien de Montréal.
Le Bloc québécois et le Nouveau Parti démocratique (NPD) avaient demandé mardi à ce que le débat télévisé en français prévu mercredi soir soit déplacé.
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C'est que si les Blue Jackets de Columbus gagnent mardi soir, le Canadien pourrait se battre pour une place dans les séries lors d'un match prévu mercredi soir.
Or les cotes d'écoute pour le débat des chefs télévisé organisé par le consortium des médias pourraient souffrir en raison de la tenue de cette partie qui pourrait être cruciale.
Le NPD avait envoyé une demande formelle à la commission des débats, arguant qu'il ne fallait pas forcer les gens à choisir entre le sport national et le débat, tandis que le chef du Bloc, Yves-François Blanchet, avait dit être favorable aussi et que sa formation allait écrire à l'organisation.
Radio-Canada, qui organise la diffusion, a fait savoir en fin de journée que le débat allait avoir lieu plutôt à 18h00, donc avant le match de hockey.
«Nous sommes satisfaits que l’heure du débat ait été devancée, afin de maximiser l’écoute de ce qui sera le seul débat en français», a indiqué le Bloc dans une déclaration écrite.
«Il revêt une importance particulière pour la démocratie québécoise et nous souhaitons que le plus grand nombre de Québécoises et de Québécois puissent le suivre.»
La marge de manoeuvre était limitée, avait-on reconnu au Bloc. Le parti tenait à ce que le débat ait lieu avant le vote anticipé qui commence vendredi.
Donc il n'y avait que deux options pour le Bloc: soit intervertir le débat en anglais prévu jeudi soir et le débat en français prévu mercredi soir, soit devancer l'heure du débat en français pour qu'il n'empiète pas ou peu sur le match.
«Si la date peut être changée, faisons-le», avait dit M. Blanchet en matinée, après avoir appris pendant la conférence de presse qu'il y avait même des précédents dans l'histoire récente des campagnes fédérales.
En 2011, un prédécesseur de M. Blanchet à la tête du Bloc, Gilles Duceppe, avait demandé à ce que le débat soit remis en raison de la tenue d'un match de hockey et il avait été exaucé.
Mais la situation était néanmoins légèrement différente. À l'époque, la date du débat avait été fixée avant qu'on ne sache qu'un match des séries éliminatoires Canadien-Bruins allait avoir lieu le même soir. Cette année, l'organisme en charge des débats savait, ou aurait dû savoir, qu'il allait y avoir un match de la saison régulière du CH le même soir.
En après-midi, M. Blanchet a tenu sa mêlée de presse devant l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, devenu un symbole du manque d’investissement dans le réseau de la santé du Québec.
Il succédait ainsi à Jagmeet Singh qui, le matin même, rencontrait la presse devant cet établissement.
Les partis d’opposition à l’Assemblée nationale ont tous dans les dernières semaines dénoncé le gouvernement caquiste pour avoir constamment retardé le chantier de rénovation de l’hôpital.
Mais M. Blanchet a plutôt blâmé le fédéral pour les difficultés du Québec à financer son système de santé à la hauteur de tous les besoins, en raison de la diminution de la proportion du financement fédéral dans le secteur de la santé au Canada de décennie en décennie. On est ainsi passé d’une contribution fédérale de 50 % à 22 % à la facture du système de santé.
Le chef du Bloc a rappelé que les provinces avaient réclamé une somme de 28 milliards $ supplémentaires, pour arriver à une proportion de 35 %, ce qui représenterait une enveloppe fédérale de 6 milliards $ supplémentaires versée par année au Québec.
En matinée, M. Blanchet était au centre-ville de Montréal pour faire un plaidoyer pour la laïcité, sur les lieux mêmes où un prédicateur musulman avait tenu des propos controversés à Montréal en 2023.
M. Blanchet a tenu sa conférence de presse à la Maison du développement durable, près de l'endroit où Adil Charkaoui s'était exprimé au cours d'une manifestation en octobre 2023.
«Allah, charge-toi de ces agresseurs sionistes, Allah, charge-toi des ennemis du peuple de Gaza, Allah, recense-les tous, puis extermine-les, et n'épargne aucun d'entre eux», avait-il alors lancé, ce qu'a pris la peine de rapporter le chef du Bloc mardi.
«Ces propos-là sont criminels, sauf qu'au Canada, ils ne le sont pas», a-t-il dénoncé.
En effet, aucune accusation n'avait été portée contre le prédicateur, puisqu'en vertu du Code criminel, le discours haineux est permis au Canada au nom d'une exception religieuse.
Le Code criminel permet qu'une personne fomente la haine ou l'antisémitisme si elle a «de bonne foi, exprimé une opinion sur un sujet religieux ou une opinion fondée sur un texte religieux auquel elle croit, ou a tenté d’en établir le bien-fondé par argument».
Le Bloc a réclamé à nouveau mardi, comme il l'a fait à de nombreuses reprises, de modifier le Code criminel pour mettre fin à cette exception, mais les libéraux et les conservateurs s'y sont opposés précédemment.