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Après avoir procédé à des dizaines d'arrestations, la police d'Amsterdam a ouvert une enquête.
Des partisans israéliens ont été agressés après un match de football à Amsterdam par des hordes de jeunes apparemment exaspérés par des appels sur les réseaux sociaux visant les juifs, ont déclaré vendredi les autorités néerlandaises.
Cinq personnes ont été soignées dans des hôpitaux et des dizaines ont été arrêtées après les attaques, qui ont été condamnées comme antisémites par les autorités d'Amsterdam, d'Israël et de toute l'Europe.
Les rapports de discours antisémites, de vandalisme et de violence sont en hausse en Europe depuis le début de la guerre à Gaza, et les tensions sont montées à Amsterdam avant le match de jeudi soir entre l'équipe néerlandaise de l'Ajax et le Maccabi Tel-Aviv.
Les manifestants propalestiniens ont été interdits par les autorités locales de se rassembler à l'extérieur du stade, et une vidéo a montré une grande foule de supporters israéliens scandant des slogans anti-arabes en se rendant au match. Après cela, des jeunes en scooter et à pied ont sillonné la ville à la recherche de supporters israéliens, leur donnant des coups de poing et de pied, puis s'enfuyant rapidement pour échapper à la police, a relaté la mairesse d'Amsterdam, Femke Halsema.
Sur la plateforme de médias sociaux Telegram, «on parle de gens qui se lancent dans une chasse aux Juifs, a déclaré Mme Halsema. C'est tellement choquant et tellement méprisable que je n'arrive toujours pas à le comprendre.»
Le ministre néerlandais de la Justice et de la Sécurité, David van Weel, a promis de traquer et de poursuivre les auteurs.
La police a dû escorter certains partisans jusqu'à leurs hôtels, selon les autorités.
Ofek Ziv, un supporter du Maccabi de la ville israélienne de Petah Tikva, a raconté que quelqu'un lui avait jeté une pierre à la tête, provoquant un léger saignement, alors que lui et un ami quittaient le stade. Il a également rapporté qu'un groupe d'hommes a commencé à le poursuivre, avant que lui et son ami ne montent dans un taxi, ne prennent d'autres supporters et ne se réfugient dans un hôtel. «J’ai très peur, c’est très choquant, a confié M. Ziv. Et la police n’est pas venue nous aider.»
Un autre partisan israélien, Alyia Cohen, a affirmé à son retour en Israël qu’il retournerait à Amsterdam pour les prochains matchs. «Nous n’avons peur de rien, nous appartenons au peuple d’Israël.»
Cinq personnes ont été soignées à l’hôpital et libérées, tandis que 20 à 30 personnes ont été légèrement blessées, a indiqué la police. Au moins 62 suspects ont été arrêtés, dont 10 sont toujours en détention, a déclaré le procureur de la ville, René de Beukelaer, aux journalistes lors d’une conférence de presse vendredi.
Un communiqué du bureau du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a indiqué qu’il «considère cet incident horrible avec la plus grande gravité.» Il a exigé que le gouvernement néerlandais prenne «des mesures vigoureuses et rapides» contre les personnes impliquées.
Les condamnations des violences ont afflué de toute l’Europe. «L’antisémitisme n’a absolument pas sa place en Europe, et nous sommes déterminés à le combattre et à combattre toutes les formes de haine», a martelé Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. «Nous voulons que la vie et la culture juives prospèrent en Europe.»
Le premier ministre néerlandais, Dick Schoof, a condamné les violences et est rentré plus tôt que prévu d’un sommet de l’Union européenne en Hongrie.
Les attaques ont brisé l’image longtemps chérie d’Amsterdam comme un phare de tolérance et un refuge pour les religions persécutées, notamment les Juifs séfarades du Portugal et d’Espagne, qui ont fui vers la ville il y a des siècles.
La police a assuré que la sécurité serait renforcée dans les institutions juives de la ville, qui abrite une importante communauté juive et qui a accueilli Anne Frank, la diariste juive de la Seconde Guerre mondiale, et sa famille alors qu’ils se cachaient des occupants nazis.
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, s'est rendu à Amsterdam vendredi et dans un message sur X, il a déclaré que la haine des Juifs «apparaît à chaque endroit».
M. Saar a rencontré le ministre néerlandais de la Sécurité et de la Justice, promettant l'aide israélienne dans l'enquête, et s'est également entretenu avec Geert Wilders, un député d'extrême droite anti-islam dont le parti a remporté les élections nationales l'année dernière.
La porte-parole de la police d'Amsterdam, Sara Tillart, a déclaré qu'il était trop tôt dans l'enquête pour dire si d'autres personnes que les supporters de soccer étaient visées. Les autorités ont interdit les manifestations dans toute la ville pour le week-end et ont donné à la police des pouvoirs supplémentaires pour fouiller les gens.
Les tensions couvaient à Amsterdam depuis plusieurs jours avant le match. Un drapeau palestinien a été arraché d’un bâtiment mercredi, a rapporté la chaîne de télévision néerlandaise NOS, et les autorités ont interdit une manifestation propalestinienne près du stade.
Avant le match, de grandes foules de partisans de l’équipe israélienne ont pu être observées sur une vidéo scandant des slogans anti-arabes alors qu’ils se dirigeaient vers le stade, escortés par la police.
«Que l’armée israélienne gagne, et que les Arabes aillent se faire foutre», scandaient les supporters, utilisant l’acronyme de l’armée israélienne, en serrant les poings. On pouvait également voir des policiers repousser plusieurs manifestants propalestiniens loin d’un rassemblement de supporters du Maccabi sur une place, plus tôt dans la journée.