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Attendez-vous à ce que l’été et les prochains mois soient chauds chez les cousins français.
Non, ce n’est pas la marque maison connue de tous, mais bien le résultat de l’élection législative qui a eu lieu en France ce dimanche 7 juillet.
Après un premier tour qui avait fait croire à une possible victoire historique du Rassemblement national (RN), ce parti d’extrême droite qui avait obtenu 30 % des votes, c’est finalement la gauche et le Nouveau Front populaire qui remportent ces élections. Celle-ci obtient une majorité de sièges à l’Assemblée nationale (175 à 205 sièges) suivie du parti du président (157 à 174 sièges) et finalement le RN qui aura fini troisième avec 113 à 148 sièges.
À part le fait que Gabriel Attal, le premier ministre actuel, a annoncé qu’il présentera sa démission lundi matin, peu de choses sont claires à l’issue de cette élection. Le président Macron devra nommer un ou une premier ministre qui devra former un gouvernement avec des représentants de plusieurs partis qui formeront une coalition qui représentera une majorité de plus de 289 députés à l’Assemblée nationale. Je vous assure que c’est aussi compliqué à comprendre qu’à faire !
Quand on parle de défaite, ce n’est pas parce que le RN a perdu des sièges. Au contraire, ce parti avait 89 députés après les législatives de 2022 et ils font donc un bond de plus de 50 % en termes de député.e.s. La défaite est plutôt au niveau de la perception, car les attentes avaient été placées très haut dans le camp de l’extrême droite.
Nombreux étaient les sondeurs et les analystes qui s’attendaient à ce que ce parti obtienne plus de sièges que ses opposants. D’ailleurs, les deux têtes d’affiche du parti, Jordan Bardella et Marine Le Pen, se sont empressées de mettre de l’avant l’augmentation du nombre de sièges pour leur parti. Marine Le Pen parle d’une victoire qui « n’est que différée » et son jeune acolyte a dit « ce soir, tout commence ».
Cependant, au-delà du discours, il reste que le RN risque de frapper un plafond dans sa montée, car dès que ses chiffres le placent dans une position lui permettant de former un gouvernement potentiel, les autres partis et leurs électeurs s’allient immédiatement comme un bloc contre l’extrême avec un succès qui se confirmer à cette élection, mais que l’on a aussi observé chaque fois que Le Pen a atteint le second tour des présidentielles.
Du côté de la gauche, l’alliance qui s’était formée sous le nom de Nouveau Front populaire (NFP) peut se dire mission accomplie avec un résultat nettement au-dessus des attentes dans la globalité. Cependant, lorsque l’on regarde les élus par parti, on voit que l’extrême gauche, représentée par La France Insoumise, n’a pas réussi à augmenter sa représentation de députés ou de très peu (les résultats sont encore partiels). Cette victoire de la gauche est beaucoup plus visible chez les partis de centre comme les socialistes et les écologistes qui voient leur nombre de sièges doubler dans le cas du premier et augmenter de 50 % pour les écologistes.
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Cependant, malgré cette victoire, pour gouverner, il manque plus d’une centaine d’élus au NFP ce qui les obligerait à former une coalition avec le parti du président alors que l’extrême gauche a répété à plusieurs reprises qu’elle refuserait les compromis avec le Parti d’Emmanuel Macron. Le cul-de-sac semble donc assez inévitable pour cette coalition qui pourrait ne pas durer longtemps.
Du côté du parti du président « Ensemble », on a perdu moins d’élus que prévu, mais il perdra au moins son premier ministre actuel puisque Gabriel Attal a annoncé qu’il démissionne lundi matin. Cette défaite obligera aussi le Président à gouverner en coalition pour la première fois de son mandat. Cependant, il peut se rassurer sur le fait que les députés de son parti auront leur importance puisqu’ils sont assez nombreux pour être essentiels aux partis qui gouverneront.
Maintenant, il reste que la division actuelle lui donne le choix. Il pourra choisir un ou une premier ministre de centre, quel que soit le parti duquel il proviendra, et cette personne aura alors à regrouper la coalition nécessaire pour garder le pouvoir.
Mais alors qu’est-ce qui change dans cette élection ? Le gouvernement devra être formé de plusieurs partis qui ne s’entendent pas d’habitude et qui sont plutôt loin les uns des autres à gauche ou à droite. Le système français est fait pour éviter ce type de division. Le système à deux tours a pour objectif d’obtenir des résultats qui divisent clairement les coalitions en deux avec une majoritaire et une opposition minoritaire.
Ce n’est plus le cas maintenant et le nouveau camp à trois est une réalité avec laquelle la France devra apprendre à vivre maintenant. Pour nous, ce n’est pas une grande nouveauté puisque les gouvernements minoritaires existent depuis plusieurs années. Pour les Français, c’est un apprentissage qui se fera certainement avec une certaine instabilité. Au président, maintenant d’assumer son choix de déclencher cette élection et de faire le bon choix pour que son pays soit gouvernable.
Attendez-vous à ce que l’été et les prochains mois soient chauds chez les cousins français !