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Est-ce que c'est légal de faire une telle chose? Oui, mais... c'est «sale en ta...»
Comme des millions de Québécois, j’ai accueilli avec soulagement la nouvelle que la famille de Karl Tremblay, le chanteur des Cowboys Fringants, avait accepté la tenue d’une cérémonie nationale pour saluer sa mémoire.
Malgré la journée de travail qui passe à cent milles à l’heure, j’espérais pouvoir me réserver l’une des 15 000 places dans le Centre Bell. Un de mes chums m’a même écrit pour dire qu’il était 7 000e sur la liste d’attente et qu’il me garderait un billet, si jamais.
Les billets ne se sont jamais rendus jusqu’à lui. On a appris plus tard que tous les billets s’étaient envolés en 15 minutes. Moins d’une heure plus tard, j’ai vu passé la publication de Marie-Anick Lépine déplorant le fait que certaines personnes ayant mis la main sur les billets tentaient de les revendre à des prix aussi élevés que 500,00 $ l’unité.
Vous avez bien lu : des gens qui ont obtenu des billets GRATUITS, pour un hommage national rendu à Karl Tremblay, ont tenté de faire la grosse palette en les revendant au plus offrant. Comme le chantait Karl Tremblay dans l’Hiver approche «le p’tit Jésus doit être déprimé, les vendeurs sont r’venus dans l’Temple».
Sachant que je suis avocat, plus d’une personne m’a demandé si c’était légal de revendre à gros prix des billets donnés.
Quand un commerçant est impliqué, la loi de protection du consommateur peut trouver application. Mais, entre deux individus majeurs et vaccinés, il n’y a rien d’illégal à vendre à profit un bien obtenu gratuitement. On a le droit de faire un profit, même un gros profit.
Le droit civil québécois admet même qu’on puisse profiter de quelqu’un de façon éhontée, pourvu que la personne soit majeure. Il n’y a que lorsque que la personne lésée est mineure ou reconnue inapte que la lésion est cause de nullité du contrat.
Alors, oui, c’est légal.
MAIS…
C’est légal, mais c’est sale en ta… Karl Tremblay aurait pourfendu ces vendeurs du Temple des temps modernes, de son vivant. Et j’espère que J-F Pauzé va écrire une suite au Gars de la compagnie pour les dénoncer. Ils ne méritent rien que ça.
Mais ce qui me dérange le plus, c’est que j’ai l’impression que les gens qui ont mis ces billets en vente ne sont pas des scalpers professionnels. Il fallait suivre de près les informations concernant l’hommage national rendu à Karl et être à l’affût pour avoir pu mettre la main sur les billets pendant les rares minutes où ils furent disponibles. Ça voudrait dire que des gens qui ont vibré aux refrains engagés d’En Berne pendant des années ont voulu se faire une passe de cash à la mort de leur idole.
On dirait bien que les pleins de m*** e sont pas tous en tuxedos… Des fois, ils portent un t-shirt «Break syndical».
Ils me donnent le goût de croire en Dieu et en l’Enfer, juste pour que ces cabochons se méritent une place là-bas, dans les feux de l’empire des ténèbres. Des cabochons véreux.
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