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Selon des données de Royal LePage, 28% des titulaires d’un prêt hypothécaire résidentiel renouvèleront leur contrat au cours de l’année, au Québec. Et parmi eux, 75% ont opté pour un taux fixe dans leur dernier contrat.
En d’autres mots, un grand nombre d’emprunteurs québécois devront assumer des paiements hypothécaires plus élevés dans les prochains mois, et ce, peu importe la voie qu’ils choisissent.
Pourquoi? Il s’agit d’une conséquence directe des hausses du taux directeur de la Banque du Canada pour combattre l’inflation. En 2020, le taux directeur se situait à 0,25%. En avril 2024, le taux se trouve désormais à 5%.
Alors la question se pose, à savoir quel taux est le plus avantageux dans ce contexte bien particulier.
«C’est possiblement la question qu’on se fait poser le plus souvent en ce moment [...] en fait, la réponse c’est “ça dépend”», a lancé la courtière hypothécaire chez Multi-Prêts Hypothèques, Méline Descarreaux.
LES TAUX EN DATE DU 16 AVRIL 2024
5 ans fixe: 4,89%
Variable: 6,25%
Source : Multi-Prêts Hypothèques
Règle générale, les taux variables sont plus bas que les taux fixes, «mais on vit totalement le contraire en ce moment», explique Mme Descarreaux.
Avec un taux fixe de 4,89% sur cinq contre un taux variable de 6,25%, la majorité de ses clients ont tendance à favoriser la première option.
Plusieurs emprunteurs, curieux de voir ce que l’avenir leur proposera, se dirigent vers un contrat plus court, d’une durée de trois ans, qui s’inscrit avec une légère hausse à 4,99%.
Ces prêteurs font ce choix en «anticipant que les taux pourraient éventuellement rebaisser dans les prochaines années, espérant que la lutte à l’inflation serait finalement réussie», explique le professeur en économie à l’Université de Sherbrooke, Mario Fortin.
L’avantage, comme l’explique M. Fortin, est que le taux fixe, peu importe la durée sélectionnée, offre une certaine «assurance» à l’emprunteur. La stabilité des paiements sur une durée déterminée lui permet de faire un budget protégé des aléas de la Banque du Canada.
Le taux fixe a d’ailleurs protégé les prêteurs des hausses répétées du taux directeur des deux dernières années, jusqu’à l’échéance de leur contrat. Évidemment.
Dans un monde où le taux variable est anormalement plus élevé que le taux fixe, pourquoi un prêteur prendrait-il un tel risque? Il existe quelques raisons.
«Il y a encore des gens qui sont intéressés à aller avec une hypothèque à taux variable, parce qu’ils ont confiance que les taux vont baisser», soutient Mme Descarreaux, tout simplement.
De plus, il est possible de «fixer» sont taux en cours de terme.
«Si on a le budget de le faire aujourd’hui, si on a les finances et on à l’aise [...] ça peut être une avenue à envisager», poursuit-elle.
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Même si le taux variable semble particulièrement risqué dans le contexte économique actuel, ce choix est historiquement avantageux sur le long terme. Comme mentionné plus haut, le taux variable est généralement plus bas.
Donc «quelqu’un qui renouvèlerait continuellement au taux variable doit s’attendre à ce que ça lui coûte moins cher que le (taux) fixe à cinq ans», calcule M. Fortin.
Toutefois, cet emprunteur doit s’attendre à des «fluctuations dans ses déboursés».
Confus? Voici comment le voir, selon le professeur: «est-ce que ma capacité financière est grande? Est-ce que je suis capable de supporter dans mon budget un doublement des paiements hypothécaires?»
Si l’emprunteur a les finances suffisamment solides pour accepter ce pari, alors c’est «jouable». Mais si ce même emprunteur ne possède pas de marge discrétionnaire, «à ce moment-là, il jouerait avec le feu».
Ce ne sont pas seulement les taux qui sont élevés. Le prix des maisons l’est tout aussi, et les prédictions ne semblent pas s’améliorer pour les acheteurs.
Selon les dernières analyses de Royal LePage, le marché immobilier est «destiné à une nouvelle période de croissance des prix partout au pays et dans la province».
Une baisse éventuelle des taux d’intérêt n’aidera en rien la cause des nouveaux acheteurs, s’ils décident d’investir massivement et au même moment le marché immobilier, indique le rapport.
C’est pourquoi Mme Descarreaux soutient que le temps d’attente est probablement révolu.
«Si vous êtes prêts à acheter, si vous avez un coup de cœur pour une maison et vous trouvez la propriété qui vous convient, moi je pense “allez de l’avant”».