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Dans sa maison familiale en banlieue de Montréal, Juju, 11 ans, mène une vie normale comme la plupart des enfants de son âge. La jeune fille est née dans un corps de garçon et a entamé sa transition sociale dès la deuxième année du primaire.
«En fait, Juju c’est une fille, c’est aussi simple que ça», nous explique sa mère, Marie-Josée Brouillette.
«Ses problèmes, ses préoccupations, ce sont des problèmes, des préoccupations de petite fille de onze ans», poursuit-elle.
Si Juju est encore trop jeune pour comprendre l’ensemble des menaces auxquelles sa communauté fait face, la présidente de Aide aux trans du Québec, Victoria F. Legault, est quant à elle très inquiète face à la polarisation actuelle.
«Il y a un climat d'insécurité, d'anxiété qui s'installe dans nos communautés. On est vraiment sur nos gardes parce que du jour au lendemain, on craint en fait de devoir se mobiliser, se battre pour ne pas perdre nos droits. «On sent qu'on est sur une espèce de point de bascule constamment», explique-t-elle.De nombreux enjeux touchant la communauté ont en effet fait la manchette au Québec dans les derniers mois. Le gouvernement du Québec a même mis en place un comité des sages qui aura notamment pour mandat d’analyser les politiques publiques touchant l’identité de genre. Des centaines de manifestants ont d’ailleurs réclamé dimanche, à l’occasion de la Journée internationale de la visibilité transgenre, la dissolution de ce comité qui ne comporte aucune personne trans ou non-binaire. En mars, le gouvernement faisait volte-face en permettant l'utilisation de marqueurs neutres sur les cartes d'identité.
Juju, quant à elle, espère pouvoir continuer à vivre sa vie comme elle l’entend.
«C'est pas quelqu'un qui doit choisir que t'es une fille ou que t’es un garçon. C’est ton cœur qui choisit et ce n’est pas la décision des autres», exprime-t-elle.
Elle se dit également chanceuse d’avoir le soutien d’une famille aimante, qui l’accepte comme elle est.
En entrevue, son père Alexandre admet qu’il a dû faire le deuil de son garçon au début de la transition de Juju.
«Mais de voir un enfant qui grandit et qui est plus heureux lorsque cet enfant-là est capable de s’affirmer et d'être qui il ou elle est, on passe par-dessus ce deuil-là et on vit une vie beaucoup plus épanouie», confie-t-il.
«Ce qui est vraiment essentiel quand on aborde les questions, les enjeux liés aux enfants, aux mineurs, je pense que c'est de les écouter, d'écouter leurs parents. Idéalement, on a le soutien des parents là-dedans», estime Victoria F. Legault.
Oli Painchaud-Sinha, une personne non binaire de 19 ans, a eu la chance d’avoir le soutien de sa mère, Mireille Painchaud, lors de sa transition à l’adolescence. Celle-ci a d’ailleurs un conseil pour les parents qui seraient confrontés à une telle situation : de s’intéresser à ce que leur jeune vit.
«S'intéresser à ce qui se passe pour cette personne-là est à mon avis une clé très importante. C'est ça qui a contribué, je pense, à bâtir la relation et qui a aidé à passer à travers tout ça», estime-t-elle.
Elle tenait à prendre la parole car elle croit qu’on doit plus entendre la voix des personnes trans et de leurs familles dans les médias.
«Si des gens me parlent à moi et savent que j’ai un enfant qui est trans, ils écoutent un petit peu plus je crois. Je suis une vraie personne, je ne suis pas juste une affaire dans les médias dont on entend parler, qui a l’air raisonnable et sensée et qui parle de cette affaire-là.»
Oli, pour sa part, est craintif pour les droits de sa communauté lorsqu’il observe tout ce qui se passe dans le monde. Iel craint que le Québec ne soit pas à l'abri de recul des droits des personnes trans.
«Jai peur pour ma propre vie, ma propre transition», nous confie Oli.
Et iel n’est pas seul. La présidente de l’organisme Aide aux trans du Québec affirme être confrontée à «une explosion des demandes d'aide psychosociale».
Pour Oli, les débats dans le discours public sur l’accès des personnes trans aux soins d’affirmation de genre ont un impact très concret sur sa santé mentale.
«Ne pas avoir la certitude que j'aurai accès aux hormones que j'ai besoin d'avoir pour toute ma vie, c'est extrêmement stressant.»
Interligne est un d’aide pour la communauté LGBTQ+ qui offre une ligne d’écoute et du soutien par texto au 1 888 505-1010.
Les résidants du Québec peuvent composer le 1-866-277-3553, envoyer un message texte au 535353, ou consulter la page suicide.ca pour obtenir du soutien par clavardage.
Ligne de prévention du suicide au Canada (1-833-456-4566)
Services de crise Canada (1-833-456-4566 ou par SMS au 45645)
Jeunesse, J'écoute (1-800-668-6868)
Si vous avez besoin d'une assistance immédiate, appelez le 911 ou rendez-vous à l'hôpital le plus proche.