Trump a signé un décret pour que les États-Unis ne reconnaissent que deux genres: le masculin et le féminin – une décision qui pourrait engendrer des conséquences aussi graves que de carrément décourager des individus d’entamer leur transition de genre, selon Gabrielle Marion.
«De savoir que le système autour de nous nous permet de le faire, ça nous encourage à le faire», s’est inquiétée l’influence trans en entrevue avec Noovo Info. « Quand on sent qu'il y a un système qui peut être beaucoup plus néfaste, beaucoup plus négatif, qui recule, ça peut amener beaucoup d'angoisse, de dépression…»
Pour Gabrielle Marion, le climat a changé. «Je vois un recul quand même très distinct», dit-elle. «Quand j'ai entamé ma transition et durant toute ma transition, j'étais vraiment à une époque où on évoluait, où les portes s'ouvraient, où la représentation arrivait un petit peu plus dans les médias aussi.»
Car oui, la communauté craint que ce décret ne déborde au Canada, en sachant que le chef conservateur, Pierre Poilievre, a lui-même déjà déclaré ne «voir» que deux genres ; bien que, dans le cas du favori aux sondages pour prendre le pouvoir lors des prochaines élections fédérales, il affirme préférer laisser aux citoyens leurs libertés individuelles.
«C'est inquiétant, ça donne un avant-goût de ce qu’il pourrait mettre en place une fois au pouvoir», dit Victoria Legault, directrice générale d’Aide aux trans Québec. «On n'est absolument pas protégé de ce qui se passe là-bas et ces propos ont une influence ici, autant sur le milieu politique que sur la communauté directement, ça crée beaucoup d'inquiétude. […] C'est très déshumanisant pour les personnes trans et non binaires.»
«On ne peut pas supprimer l'existence de certaines personnes seulement quand on le veut.»
«Supprimer l’existence» de cette communauté, ce serait d’ignorer la soixantaine de milliers de Canadiens de 15 ans ou plus qui s’identifiaient comme personnes trans en 2021, la quarantaine de milliers de personnes non binaires.
Au Québec, on comptait 9865 personnes trans et 6360 personnes non binaires en 2021.
La peur s’installe auprès des personnes, selon Victoria Legault. «Il y a de plus en plus de gens qui viennent nous consulter, qui viennent nous voir, exprimant clairement leur anxiété face au climat sociopolitique actuel», témoigne-t-elle. «Et il y a des personnes qui décident de ne pas aller de l'avant avec les soins dont elles auraient besoin pour aller mieux.»
Selon la DG d’Aide aux trans Québec, «les données démontrent aussi que, quand on accompagne bien les personnes trans et non binaires, ça a un impact considérable sur leur santé mentale et ça fait chuter drastiquement aussi le taux de suicide ou de tentatives de suicide dans la communauté».
Cependant, la montée de l'homophobie, de la transphobie se ressentait déjà au Québec, selon GRIS-Montréal.
Une récente étude de l’organisme qui a pour mission de favoriser une meilleure connaissance de la diversité sexuelle et de genre et de faciliter l’intégration des personnes LGBT+ dans la société révèle que l'intolérance face aux personnes de cette communauté augmente d'une manière significative dans les écoles québécoises. Le niveau de malaise des jeunes face à l'homosexualité de leurs amis a doublé depuis 2017 à Montréal.