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Qui est perdant lorsque nous décidons de donner moins de pourboires, ou de ne pas en donner du tout?
Les consommateurs peuvent avoir de nombreuses raisons de ressentir une lassitude à l'égard des pourboires, qu'il s'agisse du coût élevé de la vie ou de l'omniprésence des messages d'incitation.
Mais qui est perdant lorsque nous décidons de donner moins de pourboires, ou de ne pas en donner du tout? CTVNews.ca s'est entretenu avec quelques experts de l'industrie pour savoir comment fonctionne le pourboire et qui reçoit réellement l'argent.
Ce texte est la traduction d'un article de CTV News.
Vous pensez peut-être que la totalité de votre pourboire ira directement au serveur de votre restaurant, mais ce n'est parfois pas le cas, a rappelé Marc Mentzer, professeur de ressources humaines et de comportement organisationnel à l'université de Saskatchewan, lors d'un entretien téléphonique avec CTVNews.ca mercredi.
Le restaurant peut avoir un accord de mise en commun des pourboires, généralement imposé par la direction, par exemple. Dans ce cas, les pourboires de tous les serveurs sont mis en commun et chaque serveur reçoit une part, a-t-il expliqué.
Une autre pratique au Canada est le pourboire, c'est-à-dire lorsque la direction du restaurant exige qu'un certain montant des pourboires des serveurs soit partagé avec d'autres employés qui ne reçoivent normalement pas de pourboires, en général le personnel de cuisine, a souligné M. Mentzer.
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Il estime qu'un pourboire normal pour les autres employés est de quatre à six pour cent du chiffre d'affaires de chaque serveur, mais cela peut varier d'un restaurant à l'autre. Le pourboire est largement accepté et habituel dans toutes les provinces.
Dans certaines provinces, le pourboire maison est légalement autorisé, c'est-à-dire que le gérant ou le propriétaire prend une partie des pourboires comme revenu personnel. Il précise que certaines provinces autorisent le versement de pourboires si le gérant sert les tables, tandis que d'autres n'imposent aucune limite quant à la proportion des pourboires qu'ils sont autorisés à percevoir.
Selon les experts du secteur, la part des pourboires prélevée par les travailleurs est moins claire, car elle peut varier d'une entreprise à l'autre.
Keerthana Rang, porte-parole d'Uber Canada, affirme que les livreurs d'Uber Eats et les chauffeurs d'Uber reçoivent 100 % de tous les pourboires.
«Uber ne prélève aucune commission sur les pourboires», a-t-elle déclaré dans un courriel envoyé à CTVNews.ca mercredi.
Jocelyn Rhindress, directrice principale des ressources commerciales nationales et de l'Atlantique à la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, explique qu'il existe deux types de pourboires au Canada du point de vue de l'Agence du revenu du Canada (ARC).
La plupart des pourboires sont considérés comme des pourboires contrôlés, ce qui signifie qu'ils doivent être déclarés comme revenu total à l'ARC, explique Mme Rhindress, qui est basée à Moncton (N.-B.).
«Ainsi, tout argent qui arrive et qui est touché par l'employeur est considéré comme un pourboire contrôlé», a-t-elle précisé lors d'un entretien vidéo avec CTVNews.ca mercredi. Les pourboires contrôlés comprennent l'argent provenant des distributeurs automatiques de billets, les pourboires groupés ou même lorsque le serveur donne de l'argent à l'employeur et que cet argent est ensuite réparti sur son salaire, a-t-elle ajouté.
En vertu de la législation canadienne, les employeurs ne peuvent prélever de l'argent sur les pourboires qu'en cas de décision de justice et de déductions légales, a-t-elle souligné. Une décision de justice peut être rendue lorsqu'un employé doit de l'argent à l'employeur ou à une autre personne, ce qui peut inciter le tribunal à obliger l'employeur à prélever de l'argent sur les pourboires de l'employé. Les employés devront payer l'impôt sur le revenu, le régime de pensions du Canada et l'assurance-emploi sur les pourboires qu'ils reçoivent.
Le deuxième type de pourboire est le pourboire direct, c'est-à-dire lorsque l'employé prend de l'argent sur la table et que l'employeur peut ne pas savoir combien l'employé gagne.
Dans ces cas où l'employeur n'a pas d'interaction avec les pourboires, «l'employé contrôle à 100 % cette partie de l'argent», a-t-elle dit.
Mike von Massow, économiste alimentaire et professeur à l'université de Guelph, affirme que le pourboire n'est pas une loi ou une règle, mais une norme sociale.
«Je pense que c'est toujours une bonne idée de demander qui reçoit le pourboire pour s'assurer que les personnes que vous pensez être, si vous pensez qu'elles en ont besoin, le reçoivent», a-t-il affirmé dans une entrevue vidéo accordée à CTVNews.ca mercredi. «Dans le contexte actuel, si vous ne donnez pas de pourboire, c'est généralement la personne qui vous sert qui écope.»
C'est au client de décider s'il veut donner un pourboire et de quel montant, ajoute M. Rhindress.
«En fin de compte, la personne qui donne un pourboire et le montant de ce pourboire doivent rester sous la responsabilité du consommateur», a indiqué M. Rhindress. «Le consommateur doit avoir le contrôle sur la personne, le montant et le moment où il donne un pourboire.»