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Kariane Bourassa est dans l'embarras pour ses collectes de fonds.
Une sixième députée caquiste est dans l'embarras pour ses collectes de fonds.
Après Louis-Charles Thouin, Sylvain Lévesque, François Jacques, Gilles Bélanger, Yves Montigny, cette fois, il s'agit de Kariane Bourassa, la députée de Charlevoix–Côte-de-Beaupré.
Des maires ont ainsi pu rencontrer la ministre des Affaires municipales en échange d'une contribution de 100 $. La loi électorale prévoit que chaque citoyen peut verser 100 $ à une formation politique, mais il ne peut le faire pour obtenir une contrepartie.
La Coalition avenir Québec (CAQ) est au centre de la controverse depuis deux semaines pour ses pratiques de financement, à la suite de révélations de La Presse Canadienne. On a appris notamment que près de la moitié des maires ont contribué à la cagnotte caquiste depuis les élections municipales de 2021, pour presque 100 000 $.
Deux députés caquistes, Louis-Charles Thouin et Sylvain Lévesque, font l'objet d'une enquête de la commissaire à l'éthique de l'Assemblée nationale et deux autres demandes d'enquête ont été déposées par Québec solidaire pour les députés Gilles Bélanger et Yves Montigny.
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Dans une capture d'écran obtenue par La Presse Canadienne, Mme Bourassa invite les donateurs à rencontrer la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, le 23 novembre, pour «échanger sur des enjeux qui vous préoccupent», lit-on, en échange d'un don de 100 $ à la caisse du parti.
Plusieurs maires ont pris part à l'activité, qui s'est tenue dans un hôtel de Baie-Saint-Paul.
Sur des photos, on aperçoit notamment les maires de Baie-Saint-Paul, Michaël Pilote, de La Malbaie, Michel Couturier, de L'Isle-aux-Coudres, Christyan Dufour, de Saint-Siméon, Sylvain Tremblay, de Saint-Irénée, Odile Comeau, de Saint-Hilarion, Patrick Lavoie, de Baie-Sainte-Catherine, Donald Kenny, de Clermont, Luc Cauchon, et des Éboulements, Pierre Tremblay, aussi préfet de la MRC.
Mme Comeau, ainsi que MM. Pilote, Couturier, Kenny, Lavoie, Cauchon, Sylvain Tremblay et Pierre Tremblay, ont tous contribué à hauteur de 100 $ à la CAQ.
C'est un employé de l'Assemblée nationale, Maxime Tremblay, qui était la personne contact pour obtenir «plus d'informations» concernant cette activité de financement.
Les employés des circonscriptions ne sont pas censés effectuer du travail partisan sur les heures de travail, comme l'a déjà rappelé la commissaire à l'éthique Ariane Mignolet, qui disait être «hautement préoccupée» par l’usage de fonds publics à des fins partisanes par la CAQ en 2022.
La Presse Canadienne a demandé une entrevue avec Mme Bourassa, mais le cabinet du whip en chef a refusé.
Mme Bourassa a plutôt émis une déclaration écrite, transmise dans un message texte du directeur des communications du cabinet du whip en chef du gouvernement, Marc Danis.
«Les invitations pour cette activité de financement ont été faites par mon comité de militants, avec des courriels personnels, a-t-elle assuré. Toutes les règles ont été respectées. Je n’accepterai pas qu’on remette en doute mon intégrité!»
Elle a poursuivi en soulignant qu'«à la CAQ, l’intégrité est une valeur fondamentale, une valeur non négociable. C’est pour ça d’ailleurs que le premier ministre a annoncé ce matin que notre parti allait renoncer au financement privé d’ici l’implantation de nouvelles règles».
La Presse Canadienne a transmis une liste de questions au porte-parole du whip en chef, notamment pour savoir combien de maires ont participé à l'activité précisément, qui sont-ils, et combien de contributions ont été reçues lors de cette activité.
Précisons que dans le cas de Sylvain Lévesque, la commissaire à l'éthique enquête sur l'utilisation par un membre du personnel du bureau de circonscription de Chauveau, dans l'exercice de ses fonctions, du matériel informatique et de l’adresse courriel officielle fournis par l’Assemblée nationale pour mousser les activités de financement partisanes de la Coalition avenir Québec .
Dans le cas de M. Tremblay, il a toutefois fourni son adresse personnelle.
L’ancienne députée caquiste de Jean-Talon, Joëlle Boutin, a déjà fait miroiter un «accès privilégié» au ministre Pierre Fitzgibbon à des gens d'affaires et des entrepreneurs en 2020.
«Vous aurez l'opportunité d'avoir un accès privilégié au ministre et de discuter directement de vos préoccupations et de la relance économique avec lui», peut-on lire sur une capture d’écran obtenue par La Presse Canadienne. Il s’agit d'une invitation écrite par l’ancienne députée en novembre 2020 sur le groupe Facebook «Réseautage d’affaires et événements Québec».
Comme l’événement était durant la pandémie de COVID-19, il se tenait en virtuel. «Une fois inscrit, je vous enverrai un lien avec un document où vous pourrez également soumettre vos questions, préoccupations et suggestions, que je pourrai lui soumettre directement en amont. Votre opinion lui importe!» poursuit-elle.
À la fin du message, l’ancienne élue de Québec précise «que les personnes ayant déjà fait leur contribution maximale pour l'année financière en cours pourront y assister sans frais».
La loi électorale prévoit que chaque citoyen peut verser un maximum de 100 $ à une formation politique, mais il ne peut le faire pour obtenir une contrepartie.
Élections Québec a déjà exprimé des craintes concernant de potentiels échanges de faveurs ou conflits d'intérêts. «La présence d’un ministre à une activité de financement soulève toutefois le risque qu’un échange intervenu dans le cadre de l’activité puisse aboutir à une décision ayant une apparence de constituer un avantage fourni en échange d’une contribution», a écrit le porte-parole d'Élections Québec dans son message à La Presse Canadienne.
La participation à une activité de financement ne constitue pas en soi un problème, a-t-il précisé, mais «la question touche donc l’enjeu de l’intégrité du financement politique si, à la suite d’une activité de financement, un ministre prenait une décision qui constituerait, de façon apparente ou réelle, un avantage fourni en échange d’une contribution».
Interrogée par La Presse Canadienne jeudi, l’ancienne élue a reconnu une «formulation maladroite» pour les termes «accès privilégié». «C’était inapproprié», a-t-elle dit.
«J'ai toujours été super by the book’, ajoute Mme Boutin.
Elle admet que le fait d’inviter un ministre dans un événement de financement attire plus de gens. «Mais il n'y a jamais de contrepartie», assure-t-elle.
«Le format était un genre de webinaire où Pierre Fitzgibbon parlait de la relance économique suite à la pandémie et les gens posaient des questions», a-t-elle indiqué, ajoutant que ce n’était pas du lobbyisme.
Selon elle, le financement des partis politiques crée un malaise autant chez les élus que dans la population. «Je ne peux pas dire que c'était ma partie préférée. Demander de l'argent aux gens, peu importe c’était qui.»