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La coalition qui rassemble 35 organisations dénonce ce qu’elle considère comme un recul du droit à la santé et un recul démocratique du système.
Le Plan santé du ministre Christian Dubé et le projet de loi « mammouth » qui en découle dans le but de créer l'agence Santé Québec entraînent des changements trop rapides et trop profonds pour être mis en marche sans une véritable consultation citoyenne, dénonce la coalition « Riposte au Plan santé» qui veut «stopper la machine».
Le ministre Dubé avait promis de faire « shaker les colonnes du temple » avec sa nouvelle réforme, il devait donc s’attendre à faire face à de l’opposition.
Jeudi, la coalition qui rassemble quelques dizaines d’organismes a convoqué les médias pour faire part de ses critiques à l’endroit du Plan santé dévoilé l’an dernier ainsi que contre le projet de loi 15 concernant la « Loi visant à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace ».
Parmi les groupes opposés à la réforme, on note la Coalition Solidarité Santé, les Médecins québécois pour le régime public, le Regroupement des aidantes et aidants naturels de Montréal et la Ligue des droits et libertés.
Ces organisations dénoncent ce qu’elles considèrent comme un recul du droit à la santé et un recul démocratique du système. Elles disent sonner l’alarme pour que la population réalise l’ampleur des changements à venir.
On décrie une attaque contre les piliers du système public comme la gratuité, l’universalité et l’accessibilité.
La coalition réclame notamment la tenue d’un véritable débat public et démocratique sur la santé. Pour elle, les transformations proposées sont majeures et nécessitent une consultation et une participation citoyenne à la hauteur.
Ces groupes s’inquiètent aussi de l’accélération de la privatisation du système de santé et appellent à y mettre un frein. Pour le Dr Arnold Aberman, co-porte-parole de « Riposte au Plan santé », le privé ne peut que siphonner les ressources du secteur public.
« Il y a juste un bassin de travailleurs de la santé au Québec. C’est une tarte et si on en prend un morceau pour le mettre dans le privé, il y a moins de travailleurs dans le public », compare-t-il.
Il ajoute que l’objectif de l’entreprise privée demeure la recherche du profit et que l’on va inévitablement assister à une multiplication des frais accessoires dans les cliniques privées, ce que permettrait possiblement l’article 456 du projet de loi 15.
« Le secteur privé n’est pas la pour la gratuité, il est là pour faire des profits et il va trouver des moyens de faire des profits », martèle le Dr Aberman.
« Si le privé en santé ça fonctionnait comme solution à tous les enjeux qu’on rencontre, on le saurait, renchérit Laurence Guénette, de la Ligue des droits et libertés. Ce n’est pas complètement nouveau, la privatisation s’opère petit à petit depuis une vingtaine d’années déjà. »
Elle tient aussi à rappeler que même si c’est gratuit pour l’usager qui est envoyé au privé par un établissement public, c’est tout de même la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) qui paye la facture et donc les contribuables. Si cette facture coûte plus cher au privé, comme l’ont démontré certaines études, pourquoi prendre cette voie collectivement, s’interroge-t-elle.
Rappelons que le PL-15 prévoit la création d’une société d’État, Santé Québec, qui aura la responsabilité de coordonner les opérations du réseau de la santé québécois alors que le ministère conservera son rôle d’énoncer des orientations et d’allouer les budgets.
Bien qu’il reconnaisse la nécessité d’un plan pour corriger les nombreuses lacunes du système actuel, le Dr Aberman estime que « les aspects régressifs (du Plan santé de Christian Dubé) dépassent de loin les avantages ».
Afin de se faire entendre, la coalition a conçu une série de vignettes dénonçant des aspects de la réforme Dubé. Ces messages devraient circuler principalement en ligne et sur les réseaux sociaux.