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Santé

Les femmes sont invitées à bouger dès que possible après leur accouchement

«C'est important de progresser à son rythme, d'écouter son corps.»

On recommande de combiner des exercices cardiovasculaires et de renforcement musculaire au moins quatre jours par semaine, et de pratiquer tous les jours des exercices de renforcement des muscles du plancher pelvien. Sur la photo, une femme se balade avec son bébé en Belgique en janvier 2020.
On recommande de combiner des exercices cardiovasculaires et de renforcement musculaire au moins quatre jours par semaine, et de pratiquer tous les jours des exercices de renforcement des muscles du plancher pelvien. Sur la photo, une femme se balade avec son bébé en Belgique en janvier 2020.
Jean-Benoit Legault
Jean-Benoit Legault

Les femmes devraient s'activer physiquement dès qu'elles s'en sentent capables après leur accouchement, avec comme objectif d'éventuellement atteindre 120 minutes d'activité physique d'intensité modérée à vigoureuse par semaine.

Cette recommandation est l'une des neuf que l'on retrouve dans les Directives canadiennes sur l’activité physique, la sédentarité et le sommeil pour la première année post-partum de la Société canadienne de physiologie de l’exercice, qui sont publiées par le British Journal of Sports Medicine.

«Nous sommes vraiment fiers parce que ce sont les premières directives canadiennes qui permettent de guider les nouvelles mamans dans la reprise d'une activité physique sécuritaire après l'accouchement», a résumé Stephanie May-Ruchat, une professeure du département des sciences de l’activité physique de l'Université du Québec à Trois-Rivières qui a dirigé cette recherche avec sa collègue Margie Davenport de l’Université de l’Alberta.

On recommandait précédemment aux femmes d'attendre au moins six semaines après leur accouchement avant de recommencer à bouger. La reprise de l'activité physique dès que possible après l'accouchement leur permettrait toutefois d'améliorer la qualité de leur sommeil et de leur santé mentale.

 

Celles qui pratiquent ce niveau d'activité physique réduiraient par ailleurs de 45 % leur risque de dépression, de 37 % leur risque d'incontinence urinaire et de 28 % leur risque de diabète de type 2, sans pour autant augmenter leur risque de blessure et compromettre la qualité de leur lait et la croissance de leur enfant.

«Si on laisse passer les douze semaines, on rate un peu la belle fenêtre d'opportunité qu'on a pour prévenir, justement, le développement de la dépression post-partum. Donc on suggère vraiment de commencer tôt une activité d'intensité légère pour aider à la récupération, puis surtout pour aider à une bonne santé mentale.»
-Stephanie May-Ruchat, une professeure du département des sciences de l’activité physique de l'Université du Québec à Trois-Rivières

Toutes les femmes qui ne présentent pas de contre-indication médicale devraient donc être fortement encouragées à pratiquer une activité physique régulière après l'accouchement, disent les auteurs des directives, qui préviennent qu'il faut anticiper un certain degré de déconditionnement après l'accouchement, même chez les femmes qui ont continué à pratiquer une activité physique d'intensité modérée à vigoureuse tout au long de leur grossesse.

Des études menées au cours des dernières années ont montré que «quand on vient d'accoucher, on ne retourne pas directement à l'état d'une personne qui n'est plus enceinte», a dit la professeure May-Ruchat.

«Il y a une période de temps de transition qui nécessite qu'on considère cette population-là comme étant une population très spécifique à qui on ne peut pas recommander les mêmes choses qu'à un adulte comme vous et moi», a-t-elle dit.

On recommande de combiner des exercices cardiovasculaires et de renforcement musculaire au moins quatre jours par semaine, et de pratiquer tous les jours des exercices de renforcement des muscles du plancher pelvien.

Les auteurs recommandent de commencer une mobilisation précoce par une activité physique d'intensité légère (par exemple, marche légère, exercices de renforcement des muscles du plancher pelvien) et de passer à l'activité physique d'intensité modérée ou vigoureuse une fois que les incisions chirurgicales ou les déchirures périnéales sont suffisamment cicatrisées et que les saignements vaginaux n'augmentent pas avec l'activité plus vigoureuse.

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Les nouvelles directives soulignent qu'il n'existe pas d’approche unique et que la progression vers les 120 minutes recommandées d'activité physique d'intensité modérée à vigoureuse doit être individualisée, progressive et basée sur les symptômes.

«C'est important de progresser à son rythme, d'écouter son corps», a souligné la professeure May-Ruchat. «On n'est pas en train de vouloir à tout prix revenir à un état de pré-grossesse le plus rapidement possible, il faut y aller progressivement et à son rythme.»

Un questionnaire a d'ailleurs été développé et mis en ligne pour permettre aux femmes en postpartum d'identifier si elles ont besoin de conseils médicaux avant de commencer ou de reprendre une activité physique.

Cela étant dit, a précisé Mme May-Ruchat, «je ne suis pas en train de dire qu'il faut qu'on trouve une heure dans la journée où il faut qu'on se sépare de notre bébé, qu'il faut qu'on ait tout le temps le soutien d'autres personnes pour s'en occuper pendant que nous on va faire notre entraînement».

«C'est vraiment de voir comment on est capables d'intégrer le plus rapidement possible des activités physiques d'intensité légère avec le bébé, et puis de progresser vers des intensités un petit peu plus importantes», a dit la chercheuse.

Obstacles

La période postnatale peut être parsemée d'obstacles personnels, environnementaux et sociétaux qui peuvent avoir une incidence sur la volonté de commencer ou de reprendre une activité physique, écrivent les auteurs dans le BJSM.

Les femmes en post-partum sont donc encouragées «à parler à leur réseau de soutien, y compris leur famille, leurs amis et leurs prestataires de soins de santé des obstacles qu'elles perçoivent».

«Bien qu'il ne soit pas possible de respecter toutes ces recommandations à tout moment, même de petites étapes vers leur mise en œuvre auront des effets bénéfiques sur la santé physique et mentale», ajoutent-ils.

Avec 120 minutes d'activité physique, a dit la professeure May-Ruchat, «on va chercher tous les bienfaits pour la santé de la mère, mais sans mettre une charge trop importante non plus, parce que 150 minutes, c'est moins évident à aller chercher quand on a un nouveau-né».

Les directives recommandent d'adopter une routine d'hygiène du sommeil saine (par exemple, éviter les écrans et maintenir un environnement sombre et calme avant le coucher) pour soutenir la santé mentale de la mère. 

«En termes de qualité de sommeil, c'est sûr qu'avec un nouveau-né, souvent c'est la quantité qui fait défaut, a dit la professeure May-Ruchat. Mais si on dort moins, mais qu'on dort mieux ou qu'on dort bien, c'est mieux que si on ne dort pas bien et pas beaucoup. On essaie donc vraiment d'avoir une qualité de sommeil qui soit la meilleure possible. C'est important pour la santé mentale de la maman.»

On recommande aussi de limiter le temps de sédentarité à huit heures ou moins par jour, incluant pas plus de 3 heures de temps d'écran de loisir, et de fractionner les longues périodes en position assise lorsque possible

Ces recommandations découlent de l'analyse, pendant trois ans, de plus de 19 000 articles portant sur la santé maternelle et infantile qui ont été examinés, dont 574 qui ont été retenus et inclus dans sept méta-analyses.

Le groupe d’experts était composé de chercheurs de l'Université de l'Alberta, de l'Université du Québec à Trois-Rivières, de l'Université Western, de l'Université d'Ottawa, de l'Université Queen's, de l'Université de Victoria, de l'Université de Toronto, ainsi que de représentants de la SCPE, de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada, de l'Académie canadienne de médecine du sport, du Collège des médecins de famille du Canada, de l'Association canadienne des sages-femmes et de l'Association canadienne de physiothérapie.

Jean-Benoit Legault
Jean-Benoit Legault