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Société

Une bibliothèque de Montréal cite la loi 96 pour fermer la porte à un club de lecture anglophone

Une nouvelle qui a suscité l'indignation.

Joe Lofaro
Joe Lofaro / CTV News

Un auteur montréalais dit avoir été choqué lorsqu'on lui a dit récemment qu'il ne pouvait pas organiser une réunion pour son club de lecture en anglais dans une bibliothèque publique de Montréal en raison de la nouvelle loi sur la langue française.

Christopher DiRaddo organise des clubs de lecture depuis 2018 et a tenu des réunions dans toutes sortes d'endroits pour les lecteurs qui parlent anglais et français. Avec une popularité grandissante, il cherchait un espace plus grand et a demandé une salle à la bibliothèque Père-Ambroise, située sur la rue de la Visitation, dans le Village.

Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.

Il a essuyé un refus pour deux raisons: l'espace était déjà réservé et la loi 96.

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«Ma première réaction a été un peu de choc et de colère», a confié M. DiRaddo à CTV News mardi.

Une copie du courriel envoyé jeudi dernier par la bibliothèque à M. DiRaddo a été envoyée à CTV News. Il indique que la loi «nous oblige à programmer des activités qui se déroulent principalement en français. Des conversations dans les deux langues (français et anglais) pourraient avoir lieu, mais les citoyens souhaitant s'exprimer en français devraient pouvoir le faire, et nous devrions nous assurer que toutes les conversations en anglais sont traduites».

Dans sa demande, il avait expliqué que si le Violet Hour Book Club est ouvert aux francophones et aux anglophones, la discussion se ferait en anglais.

M. DiRaddo estime que l'explication de la bibliothèque est «ridicule» et a partagé son expérience sur les réseaux sociaux, ce qui a suscité davantage d'indignation.

«Nous luttons pour effacer les barrières linguistiques. D'autres les légifèrent», a commenté une personne.

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M. DiRaddo a déclaré qu'il était regrettable que la bibliothèque mette des «barrières» à l'accès à la littérature, en particulier à la littérature LGBTQ2S+, qui est le thème central du club de lecture.

Une explication «complètement irrationnelle»

L'avocat montréalais Julius Grey, qui a étudié en profondeur la loi linguistique et qui participe à sa contestation devant les tribunaux, a déclaré que cette explication n'avait aucun sens et que «rien dans le projet de loi 96 n'exigeait ce genre d'interprétation».

«En fait, c'est complètement irrationnel. Cela signifie-t-il que vous ne pouvez pas avoir un club de langues lorsque vous pratiquez le français, l'italien, l'anglais, le chinois ou le russe? Pour parler, il faut une traduction simultanée pendant que l'on pratique la langue? Cela signifie-t-il que l'on ne peut pas organiser une réunion d'un club privé dans un lieu public?

CTV News a demandé à la Ville de Montréal quel article de la loi empêchait les citoyens de parler anglais dans un lieu public.

La Ville a répondu qu'aucun article de la loi n'interdisait la tenue d'une telle réunion privée, mais que l'administration souhaitait respecter l'esprit de la loi linguistique et s'assurer que toute personne souhaitant s'exprimer en français puisse participer.

«La Ville promeut des événements qui représentent toute sa diversité. Dans le cadre de cet engagement en faveur de l'inclusion et de l'ouverture, la Ville a veillé à ce que toute personne souhaitant s'exprimer en français puisse participer à l'activité en question et avoir accès à une traduction gratuite et informelle des discussions. Cela permet à chacun de participer pleinement et de se sentir inclus», a déclaré un porte-parole de la Ville dans un communiqué.

Mais Me Grey estime que ce n'est pas ce que la loi était censée dire.

«Je pense que c'est contre-productif. Cela rend la loi encore plus ridicule dans certaines de ses dispositions, et interpréter la loi de cette façon ne la rend pas inclusive, mais restrictive, mesquine et méchante», a-t-il lancé.

M. DiRaddo, qui n'a jamais vécu une telle expérience auparavant, partage cet avis.

«Je pense que beaucoup de gens en ont assez et sont fatigués de ces récits qui cherchent à nous diviser... Je pense qu'en réalité, ce n'est pas comme ça que Montréal fonctionne. Ce n'est pas comme ça que mes communautés fonctionnent», a-t-il soutenu.

L'un des livres que son groupe a lus au début du mois est le roman Ce que je sais de toi, publié en 2023 par l'auteur québécois Éric Chacour. Une traduction anglaise a été publiée l'année dernière. Il explique que certains membres de son groupe ont choisi de le lire dans sa langue d'origine, tandis que les autres ont lu la version anglaise, et que tous ont pu avoir une discussion «approfondie» sur le livre.

«Mon club de lecture crée un espace où cela peut se produire, vous savez, où vous pouvez discuter d'œuvres d'art à travers les cultures et cela conduit, je crois, à une meilleure appréciation de ce qui est produit ici au Québec», a-t-il déclaré.

«J'ai l'impression que, d'une certaine manière, ce que je fais est quelque chose que la province et la ville aimeraient voir plus souvent, n'est-ce pas? Je suis donc surpris de constater que ce n'est pas suffisant.»

Bien qu'il ait apprécié que la bibliothécaire en chef ait proposé dans son courriel d'autres lieux pour accueillir la réunion, il a déclaré qu'il était toujours à la recherche d'un nouvel endroit.

Joe Lofaro
Joe Lofaro / CTV News