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Un député libéral dément un reportage selon lequel la Chine l'aurait aidé à remporter son siège torontois aux élections fédérales de 2019.
Il ne revient pas à des conseillers en sécurité non élus de déterminer qui peut être candidat pour un parti politique ou non, a soutenu lundi le premier ministre Justin Trudeau alors qu'un député de sa formation politique a été visé par des allégations voulant qu'un consulat chinois de Toronto a favorisé son élection.
Global News a rapporté vendredi soir, sur la foi de sources anonymes, que Han Dong aurait bénéficié d'une telle aide, aux élections générales de 2019, pour se faire élire dans la circonscription de Don Valley North, à Toronto.
Selon le reportage, le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) aurait exhorté les hautes instances du Parti libéral du Canada à annuler la nomination de M. Dong. M Trudeau, en tant que chef de parti, a approuvé sa candidature.
Questionné pour la première fois sur cette affaire, lundi, le premier ministre a soigneusement évité de confirmer qu'il avait été alerté de la sorte par le SCRS.
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«Mais laissez-moi être très clair sur un point vraiment important que, je pense, certains choisissent de minimiser: dans une démocratie libre, ce n'est pas aux responsables de sécurité non élus de dicter aux partis politiques qui peut être dans la course ou non», a-t-il lancé.
Selon M. Trudeau, des «suggestions» que ce serait le cas ont fait surface dernièrement dans les médias. «Ce n'est pas seulement faux. C'est en fait nocif sur la confiance des gens dans notre démocratie et non institutions», a-t-il martelé.
Le premier ministre a défendu M. Dong, qui a été réélu lors des élections de 2021, le qualifiant d'élu sur qui le Canada est chanceux de pouvoir compter. Il a alors dénoncé toute forme de racisme contre les personnes qui sont membres de la diaspora chinoise.
«Il y a 1,7 million de Canadiens dont les origines remontent fièrement à la Chine. Ces Canadiens devraient toujours se sentir accueillis comme étant pleinement Canadiens et être encouragés à se présenter en politique ainsi qu'à s'impliquer dans leurs communautés.»
Plus tôt lundi, le député avait lui-même assuré dans un communiqué que ses équipes de nomination et de campagne n'avaient trouvé aucune indication d'irrégularités ou de problèmes de conformité concernant sa candidature ou son élection dans Don Valley North.
Les appels au déclenchement d'une enquête publique et indépendante sur les tentatives d'ingérence de la Chine se multiplient depuis quelques jours. D'anciens conseillers du premier ministre, comme Gerald Butts, ont dit au «Globe and Mail» que cela était nécessaire. À leur voix s'ajoutent celles des bloquistes et néo-démocrates.
Dans une déclaration écrite, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a réclamé que le «commissaire» d'une éventuelle enquête publique soit «choisi par le Parlement» afin d'assurer «plus d'indépendance».
Par communiqué, le leader néo-démocrate Jagmeet Singh a fait valoir qu'une enquête indépendante est «la façon de mettre fin à la prétendue ingérence secrète de la Chine (et) de refuser de garder leurs secrets pour eux».
Les conservateurs, quant à eux, demandent que la cheffe de cabinet du premier ministre Trudeau, Katie Telford, comparaisse devant le Comité de la procédure et des affaires de la Chambre «au sujet de l'ingérence électorale du Parti communiste chinois».
Au cours de son point de presse, M. Trudeau n'a pas nommément dit «non» à une enquête publique, mais il n'a pas semblé chaud à l'idée.
Il a mentionné que des experts indépendants en sécurité témoigneront, plus tard cette semaine, en comité parlementaire. Le premier ministre a souligné que les témoignages allaient être faits publiquement.
«C'est extrêmement important que les Canadiens voient que c'est ouvert, transparent, non partisan parce que nous sommes tous inquiets et préoccupés au sujet de l'intégrité de nos élections.»
Il a par ailleurs relevé qu'une évaluation du travail effectué par un groupe d'experts chargé de signaler les incidents d'ingérence étrangère lors de l'élection fédérale de 2021 est maintenant terminée et a été envoyée au comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement.
Un Protocole public en cas d'incident électoral majeur créé pour surveiller et signaler les menaces lors des élections de 2019 et 2021 est tenu de publier un rapport postélectoral de son travail.
Le rapport de 2019 a été publié environ sept mois après la tenue de la campagne de cette année-là, mais le rapport de 2021 n'est toujours pas disponible plus d'un an après que les Canadiens se furent rendus aux urnes.
Le Bureau du Conseil privé a indiqué qu'une version non classifiée et publique du rapport est sur le point d'être finalisée et sera bientôt disponible, mais aucun échéancier précis n'a été dévoilé.
Ce ministère du premier ministre a également fait savoir que Morris Rosenberg, un ancien haut fonctionnaire, avait été choisi à l'été 2022 pour rédiger le rapport indépendant.
Voyez les explications de Fanny Lachance-Paquette au bulletin Noovo Le Fil 17.