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Depuis la prise du pouvoir des talibans en Afghanistan, le Canada a créé un programme spécial d'immigration dédié aux Afghans qui ont aidé les Forces armées canadiennes sur le terrain pendant leur mission.
Deux programmes d'immigration, l'un mis en place pour aider les interprètes afghans qui sont venus en aide aux soldats canadiens et l'autre prévu pour les personnes particulièrement en danger sous le régime des talibans, pourraient ne pas suffire à répondre à la demande, préviennent des députés fédéraux et des organismes communautaires.
Depuis la prise du pouvoir des talibans en Afghanistan, le Canada a créé un programme spécial d'immigration dédié aux Afghans qui ont aidé les Forces armées canadiennes sur le terrain pendant leur mission. Ce programme vise particulièrement les interprètes et leurs familles.
De plus, Ottawa a aussi mis en place un programme humanitaire visant à faire sortir d'Afghanistan les personnes plus vulnérables sous le régime taliban, dont les membres de la communauté LGBTQ+ et les défenseurs des droits de la personne.
Le gouvernement fédéral a promis de faire venir au Canada 40 000 Afghans grâce à ces deux programmes et à d'autres voies, comme des partenariats avec le privé.
Or, le ministère de l'Immigration a confirmé avoir reçu près de 15 000 demandes pour le programme visant les Afghans qui ont aidé le Canada, qui compte 18 000 places.
Aidan Strickland, une porte-parole du ministre de l'Immigration Sean Fraser, a souligné que le gouvernement «ne mettra pas fin aux mesures d'immigration spéciales pour les réfugiés afghans», mais a prévenu que le ministère a reçu 3000 autres candidatures potentielles transmises par le ministère de la Défense nationale et le ministère des Affaires étrangères, ce qui rendrait le programme complet.
Parmi les 14 935 demandes reçues par le fédéral, 10 670 ont déjà été approuvées, selon des données du ministère de l'Immigration, et près de 7000 Afghans sont déjà arrivés au Canada.
Selon la députée néo-démocrate Jenny Kwan, des Afghans qui tentent de s'inscrire au programme humanitaire s'adressant aux personnes vulnérables lui ont mentionné qu'il n'y avait plus de places disponibles.
«Les échos que j'ai du terrain sont que les dernières places disponibles sont en train d'être comblées. Il y a beaucoup de gens qui seront laissés derrière», a déploré celle qui est membre du comité spécial sur l'Afghanistan de la Chambre des communes.
Plus de 8700 Afghans ont pu venir s'installer au Canada en vertu de ce programme humanitaire.
Des organismes communautaires et des députés de l'opposition réclament donc que les ministres libéraux élargissent les programmes, puisqu'ils estiment que trop d'Afghans qui ont aidé le Canada pourraient être la cible de représailles de la part des talibans s'ils restent dans ce pays.
Un regroupement d'organismes à but non lucratif a justement rencontré des représentants du gouvernement fédéral le mois dernier pour les prévenir qu'il y avait de moins en moins de places disponibles dans ces deux programmes.
Des Afghans qui vivent maintenant au Canada ont aussi raconté aux membres du comité que les talibans pourchassent les Afghans qui sont venus en aide à l'armée canadienne. Ces derniers doivent donc brûler tous les documents qui les relient au Canada, en plus d'adopter un mode de vie nomade pour éviter d'être repérés.
De plus en plus de restrictions sont aussi imposées aux femmes en Afghanistan, dont leurs droits de travailler et de se déplacer seules. Les talibans forcent notamment les femmes à se couvrir le visage lorsqu'elles sont dans l'espace public, ce qui inclut les lectrices de nouvelles à la télévision.
Lauryn Oates, qui dirige un organisme de soutien pour les femmes en Afghanistan, a averti que la situation «s'empire à plusieurs niveaux» et que de nombreuses femmes perdent leur emploi.
Elle a ajouté sa voix au mouvement pour demander au gouvernement canadien d'élargir la capacité d'accueil des programmes d'accueil. Selon elle, une fois que ces programmes seront complets, plusieurs Afghans n'auront nulle part d'autre où aller.
«Nous estimons que 18 000 places, ce n'est pas assez; il faut que le programme soit élargi. Cela veut dire d'ajouter des places», a plaidé Mme Oates.
Mais selon la porte-parole du ministère de l'Immigration, il ne sera pas possible pour le Canada de répondre à la demande.
«La triste réalité est que ce ne sont pas toutes les personnes qui ont exprimé leur désir de venir au Canada qui pourront le faire via les programmes spéciaux», a indiqué Mme Strickland.
Elle a ajouté que même si les 40 000 places pour les programmes spéciaux sont prises, les Afghans qui souhaitent tout de même venir au Canada peuvent regarder les autres voies d'immigration offertes par Ottawa.